- Pouvez-vous nous éclairer sur le sens de cette journée?
- Nous l'avons appelée Corsic’amore après avoir constaté que, partout à travers le monde, que ce soit à Porto Ricco ou dans le nord de l’Europe, les Corses conservent un attachement profond à leur Ile d’origine même s’ils l’ont quittée depuis très longtemps. Nous avons souhaité signifier cet amour comme un point de repère pour tous les corses, qu’ils soient ici où qu’ils soient loin.
- Quel lien pouvez-vous faire entre cette manifestation et les raisons profondes qui ont présidé à la création de Corsica Diaspora?
- Cette journée est importante car elle doit marquer un tournant dans notre façon d’opérer et dans l’utilisation des outils que nous développons.
Le programme a été organisé en trois temps. Le matin, avec présentation de témoignages significatifs et d’expériences, aussi bien de Corses de la diaspora que de gens d’ici comme Léo Battesti dont l’initiative dans le monde des échecs a été une réussite. Ceci permettant de poser le fait que Corsica Diaspora n’est pas une association pour la diaspora, mais un lien entre les Corses d’ici et ceux d’ailleurs.
L’après-midi, avec l’organisation de deux ateliers, l’un sur l’apprentissage de la langue corse, l’autre sur l’édition musicale et littéraire en Corse avec pour optique la diaspora comme relais puis un retour en séance plénière permettant d’écouter brièvement le compte-rendu des ateliers et de libérer la parole.
Edmond Simeoni défend depuis longtemps l’idée que la diaspora est un réel potentiel car la Corse, à l’ère de la mondialisation, a besoin de s’ouvrir sur l’extérieur et la diaspora, dans toutes ses composantes, représente le moyen de le faire dans un contexte bienveillant et amical.
- Pensez-vous que les actions de l’association peuvent participer efficacement au développement économique de l’Ile?
- Corsica Diaspora n’est pas le recours ultime. Nous travaillons sur un potentiel et essayons d’équilibrer les débats. Les ateliers de l’après-midi auraient pu tourner autour de grands thèmes tels le Padduc, le tourisme ou le transport. Nous avons préféré choisir deux thèmes qui représentent ce lien profond qui existe entre la Corse et l’extérieur. Le premier est la langue car nous avons pu constater que dès que les Corses de l’extérieur s’organisent en amicale ou association, ils souhaitent bénéficier de cours spécifiques pour apprendre la langue car elle représente un moyen d’être en connexion avec l’Ile. Ce rapport entre la langue, le territoire et l’identité est peut-être moins perçu par les Corses d’ici pour lesquels cette connexion est évidente.
Le deuxième atelier s’appuie sur la diaspora comme moyen logistique. En effet, l’organisation de concerts, d’évènements, de manifestations en faveur de l’édition musicale et littéraire à l’extérieur de l’Ile s’appuie généralement sur des membres de la diaspora qui fournissent un soutien logistique indéniable. D’autre part, la diaspora est, en elle-même, un espace de diffusion musicale et littéraire incontestable qui est encore sous-exploité. Nous nous positionnons souvent sur des marchés qui ne sont pas forcément les nôtres, parfois avec de grandes réussites, cependant, nous sous-estimons le potentiel, en termes de marché, de notre diaspora.
- Peut-on dire que vous vous appuyez plutôt sur l’humain que sur les organisations?
- Nous avons, effectivement, toujours fonctionné de cette manière. Il existe deux niveaux.
Le réseau. Il est basé sur l’affectif. Les gens ont envie de travailler pour la Corse, qu’ils soient ici ou ailleurs.
L’individuel. Chaque personne est à la fois un carnet d’adresses et un espace infini d’opportunités. La diaspora a également évolué. Il y a les nouvelles générations qui ont grandi sur le continent ou qui ont fait leurs études ici puis qui sont parties. Elles sont représentées par des gens qui ont réussi à l’extérieur mais s’impliquent en Corse et soutiennent des activités très diverses.
Notre association souhaite mettre à disposition de la Corse ce potentiel qu’est la diaspora mais cela ne peut fonctionner qu’à l’intérieur d’une collaboration forte entre les résidents et les Corses de l’extérieur. C’est cette collaboration que nous voulons construire.
Propos recueillis par Françoise FORCIOLI