Mylène Jacquet
Mylène Jacquet ne pourra jamais oublier la date du 1er mai 2016. C’est ce jour-là que la vie de cette institutrice ajaccienne a radicalement basculé. Dans la nuit, sa fille Savannah, 23 ans, a perdu la vie sous les coups de son ex-compagnon. Un drame qui mettra toute la Corse en émoi et face auquel cette mère courageuse ne voudra pas rester les bras croisés.
« Des amies avaient créé une association, car elles pensaient que j’allais avoir à faire face à énormément de frais pour tout ce qui était lié au procès. Cette structure était en dormance. Mais au bout d’un an, je me suis dit qu’il fallait organiser des actions, qu’il ne pouvait pas y avoir eu le décès de Savannah dans ces conditions et que je ne fasse rien. Comme j’avais un peu repris du poil de la bête, j’ai décidé de prendre la présidence de l’association », raconte-t-elle, « Et puis, pendant cette année, j’ai lu énormément de choses, notamment de la psychiatre Muriel Salmona qui est spécialisée dans les violences intrafamiliales et explique fort bien les choses, notamment en ce qui concerne l’état de sidération ». Au fil de ses recherches, la maman de Savannah se rend compte qu’il est très important de pouvoir expliquer au grand public les mécanismes insidieux de la violence dans un couple.
À partir de 2017, elle décide donc de structurer et d’étoffer l’association en hommage à sa fille. Au point qu’elle compte aujourd’hui une soixantaine de membres, dont un noyau dur d’une dizaine de bénévoles qui sillonnent inlassablement les routes de l’île pour faire de la prévention, notamment dans les grandes foires et évènements de l’île. « Mais nous intervenons surtout dans les établissements scolaires, car je pense qu’avant toute chose c’est auprès des jeunes qu’il faut faire de la prévention. C’est essentiel », précise la présidente de l’association Savannah. « Il me semble que plus on ira vers les jeunes, plus on aura des chances de faire baisser le nombre de féminicides. Quand on fait nos interventions dans les établissements scolaires, les jeunes me disent souvent ne pas se sentir concernés par les violences conjugales. Ils ont plutôt l’impression que ce sont les femmes déjà mariées, plus vieilles, et qui sont marquées, qui ont des bleus. Mais ils sont pourtant très concernés : on sait qu’il y a un fort pourcentage des 16-28 ans qui sont victimes de violences ! », appuie-t-elle.
« Des amies avaient créé une association, car elles pensaient que j’allais avoir à faire face à énormément de frais pour tout ce qui était lié au procès. Cette structure était en dormance. Mais au bout d’un an, je me suis dit qu’il fallait organiser des actions, qu’il ne pouvait pas y avoir eu le décès de Savannah dans ces conditions et que je ne fasse rien. Comme j’avais un peu repris du poil de la bête, j’ai décidé de prendre la présidence de l’association », raconte-t-elle, « Et puis, pendant cette année, j’ai lu énormément de choses, notamment de la psychiatre Muriel Salmona qui est spécialisée dans les violences intrafamiliales et explique fort bien les choses, notamment en ce qui concerne l’état de sidération ». Au fil de ses recherches, la maman de Savannah se rend compte qu’il est très important de pouvoir expliquer au grand public les mécanismes insidieux de la violence dans un couple.
À partir de 2017, elle décide donc de structurer et d’étoffer l’association en hommage à sa fille. Au point qu’elle compte aujourd’hui une soixantaine de membres, dont un noyau dur d’une dizaine de bénévoles qui sillonnent inlassablement les routes de l’île pour faire de la prévention, notamment dans les grandes foires et évènements de l’île. « Mais nous intervenons surtout dans les établissements scolaires, car je pense qu’avant toute chose c’est auprès des jeunes qu’il faut faire de la prévention. C’est essentiel », précise la présidente de l’association Savannah. « Il me semble que plus on ira vers les jeunes, plus on aura des chances de faire baisser le nombre de féminicides. Quand on fait nos interventions dans les établissements scolaires, les jeunes me disent souvent ne pas se sentir concernés par les violences conjugales. Ils ont plutôt l’impression que ce sont les femmes déjà mariées, plus vieilles, et qui sont marquées, qui ont des bleus. Mais ils sont pourtant très concernés : on sait qu’il y a un fort pourcentage des 16-28 ans qui sont victimes de violences ! », appuie-t-elle.
De la prévention pour expliquer où commence la violence
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À travers ses interventions scolaires, l’association aspire ainsi à expliquer à ces jeunes gens où commence la violence. « Il faut qu’ils sachent que la violence, ce n’est pas uniquement ce que les spots télévisuels disent. Cela peut être de la violence psychologique, quand le petit-copain commence à se montrer jaloux, car la jalousie peut prendre des proportions énormes, et il faut bien leur faire comprendre que ce n’est pas une preuve d’amour. Quand le petit-copain commence à demander les codes pour aller vérifier ce qui se passe sur les réseaux sociaux de la fille, ce n’est plus de l’amour, c’est de la surveillance. Il y a plein de petites choses comme cela à leur expliquer », détaille Mylène Jacquet.
Pour tenter de faire passer ces messages de prévention, elle explique utiliser une présentation qui dure 1h30 avec des photos, qui marquent souvent les esprits, mais aussi le violentomètre, outil d’évaluation qui permet de s’auto-interroger afin de savoir si l’on est soit même victime de violences. « À partir de cet outil, on essaye de décrypter toutes les attitudes qui peuvent s’introduire dans une relation », indique la présidente de l’association, « La violence peut commencer par dénigrer l’autre, l’insulter, l’humilier ou le bousculer. Ce sont des petites touches qui peuvent prendre des proportions de plus en plus importantes. Et puis, on voit que cela enferme la personne qui en est victime dans un état dont elle ne peut pas sortir facilement, parce qu’elle ne s’en rend pas vraiment compte. C’est là que l’on arrive à l’étape de la sidération. Il y a beaucoup de choses à leur expliquer, donc c’est important d’aller vers les jeunes très tôt ».
À travers ses interventions scolaires, l’association aspire ainsi à expliquer à ces jeunes gens où commence la violence. « Il faut qu’ils sachent que la violence, ce n’est pas uniquement ce que les spots télévisuels disent. Cela peut être de la violence psychologique, quand le petit-copain commence à se montrer jaloux, car la jalousie peut prendre des proportions énormes, et il faut bien leur faire comprendre que ce n’est pas une preuve d’amour. Quand le petit-copain commence à demander les codes pour aller vérifier ce qui se passe sur les réseaux sociaux de la fille, ce n’est plus de l’amour, c’est de la surveillance. Il y a plein de petites choses comme cela à leur expliquer », détaille Mylène Jacquet.
Pour tenter de faire passer ces messages de prévention, elle explique utiliser une présentation qui dure 1h30 avec des photos, qui marquent souvent les esprits, mais aussi le violentomètre, outil d’évaluation qui permet de s’auto-interroger afin de savoir si l’on est soit même victime de violences. « À partir de cet outil, on essaye de décrypter toutes les attitudes qui peuvent s’introduire dans une relation », indique la présidente de l’association, « La violence peut commencer par dénigrer l’autre, l’insulter, l’humilier ou le bousculer. Ce sont des petites touches qui peuvent prendre des proportions de plus en plus importantes. Et puis, on voit que cela enferme la personne qui en est victime dans un état dont elle ne peut pas sortir facilement, parce qu’elle ne s’en rend pas vraiment compte. C’est là que l’on arrive à l’étape de la sidération. Il y a beaucoup de choses à leur expliquer, donc c’est important d’aller vers les jeunes très tôt ».
Ouvrir les yeux des victimes
En se basant sur cette échelle du violentomètre, les bénévoles de l’association mettent aussi un point d’honneur à expliquer qu’il est important de ne jamais commencer à tolérer le moindre début de violence, pour ne pas tomber dans cette spirale infernale. « Il faut leur dire que dans une relation, quand l’un crie très fort en se plaçant à 10 cm de l’autre, ou qu’il lui répète tous les jours des choses qui la rabaissent, c’est considéré comme de la violence alors même qu’on ne touche pas la personne. Nous discutons de cela avec les jeunes pour faire en sorte qu’à un moment donné dans leur tête puissent s’allumer de petits clignotants et qu’ils se rendent compte que certaines situations ne sont pas normales. Et puis, on insiste aussi sur le fait de parler quand on a des doutes sur le comportement de son conjoint, parce que rester dans le mutisme ne fait pas avancer les choses. Et nous disons enfin que de toute façon, dès que la violence s’installe dans un couple elle ne va jamais disparaitre », souligne Mylène Jacquet.
Au fil des années, l’association a pu constater que ses interventions suffisent parfois à ouvrir les yeux de certaines spectatrices victimes et même à les convaincre d’aller porter plainte. « Ces actions sont nécessaires et utiles car elles peuvent déclencher chez des personnes cette prise de conscience. Nous avons des jeunes filles qui parfois réagissent quand on est dans la classe et viennent nous voir à l’issue de l’intervention pour nous dire « il se passe telle ou telle chose, est-ce que je suis dans la violence conjugale ? » », instille la présidente en ajoutant que l’association laisse toujours ses coordonnées et informe sur les autres structures à contacter si l’on est victime de violences. « Nous leur disons qu’elles ne sont pas seules », martèle-t-elle.
Durant ces actions, les bénévoles insistent également longuement sur le fait que les jeunes peuvent tous, à un moment de leur vie, être victime ou auteur de violences, et mettent l’accent sur les addictions aux stupéfiants ou à l’alcool, « qui vont faire que le comportement de quelqu’un va changer et que cela va favoriser le passage à l’acte violent ».
« Nous souhaitons aussi intensifier nos interventions au niveau des maternelles, pour faire un travail autour de l’égalité fille-garçon. Ces stéréotypes qui enferment dans des rôles bien particuliers peuvent être à la source de violences », dévoile encore la présidente de l’association Savannah en disant espérer que tout ce travail de prévention portera ses fruits à l’avenir. « Je pense que c’est un travail très important, dont les retombées apparaitront dans plusieurs années où on s’apercevra peut-être qu’il y a moins de violences, que les personnes y réagissent plus vite, qu’il y a moins de féminicides », conclut-elle.
Au fil des années, l’association a pu constater que ses interventions suffisent parfois à ouvrir les yeux de certaines spectatrices victimes et même à les convaincre d’aller porter plainte. « Ces actions sont nécessaires et utiles car elles peuvent déclencher chez des personnes cette prise de conscience. Nous avons des jeunes filles qui parfois réagissent quand on est dans la classe et viennent nous voir à l’issue de l’intervention pour nous dire « il se passe telle ou telle chose, est-ce que je suis dans la violence conjugale ? » », instille la présidente en ajoutant que l’association laisse toujours ses coordonnées et informe sur les autres structures à contacter si l’on est victime de violences. « Nous leur disons qu’elles ne sont pas seules », martèle-t-elle.
Durant ces actions, les bénévoles insistent également longuement sur le fait que les jeunes peuvent tous, à un moment de leur vie, être victime ou auteur de violences, et mettent l’accent sur les addictions aux stupéfiants ou à l’alcool, « qui vont faire que le comportement de quelqu’un va changer et que cela va favoriser le passage à l’acte violent ».
« Nous souhaitons aussi intensifier nos interventions au niveau des maternelles, pour faire un travail autour de l’égalité fille-garçon. Ces stéréotypes qui enferment dans des rôles bien particuliers peuvent être à la source de violences », dévoile encore la présidente de l’association Savannah en disant espérer que tout ce travail de prévention portera ses fruits à l’avenir. « Je pense que c’est un travail très important, dont les retombées apparaitront dans plusieurs années où on s’apercevra peut-être qu’il y a moins de violences, que les personnes y réagissent plus vite, qu’il y a moins de féminicides », conclut-elle.