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Des étudiants en architecture ont imaginé le Sainte-Lucie-de-Porto-Vecchio de demain


le Mardi 21 Janvier 2025 à 19:42

Il y a quelques mois, la Maison de l’architecture de Corse a mis en relation une école d’architecture de Clermont-Ferrand avec la mairie de Zonza Sainte-Lucie-de-Porto-Vecchio. Chacun y trouvant son compte : un exercice grandeur nature pour les étudiants et, pour la commune, un regard neuf porté sur son territoire. La restitution de ces travaux récemment conclus a eu lieu ce mardi après-midi, sous le regard intéressé du maire, Nicolas Cucchi.



La réunion de restitution a eu lieu ce mardi après-midi en présence des enseignants de l'école d'architecture de Clermont-Ferrand et du maire de Zonza Sainte-Lucie.
La réunion de restitution a eu lieu ce mardi après-midi en présence des enseignants de l'école d'architecture de Clermont-Ferrand et du maire de Zonza Sainte-Lucie.
En fin d’année dernière, les élus zonzais ont approuvé leur plan local d’urbanisme (PLU), alors c’est peu dire que les problématiques d’aménagement du territoire occupent leurs esprits. On pourrait même regretter que ces travaux menés durant seize semaines par des étudiants de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand n’interviennent qu’à la fin de ce processus déterminant pour la commune. Mais le document d’urbanisme sera bientôt révisé, avait annoncé le maire, le 16 décembre auprès de Corse-Matin. Dès lors, « ce regard étudiant, neuf, nous intéresse », a-t-il déclaré en préambule de la présentation de ce projet baptisé Movimondu.

L'épineuse question de la déviation de la T10

S’ils ont pu réaliser une enquête de terrain à Zonza Sainte-Lucie, les étudiants clermontois (en master 1re année) étaient absents mardi en mairie annexe de Sainte-Lucie à l’occasion de la restitution de leurs travaux aux élus. Ils ont été représentés par deux de leurs enseignants et par leur directrice d’études. Leur projet d’aménagement à l’échelle du territoire communal s’est articulé autour de trois axes : l’habitat, le tourisme et l’agriculture. Dans la salle, une vingtaine de personnes se sont passionnés par cette restitution, qui a remis sur le tapis la question de la déviation de la RT 10, un projet censé désengorger Sainte-Lucie-de-Porto-Vecchio en période estivale, mais qui ne devrait pas voir le jour avant « au moins dix ans », a-t-on confirmé en mairie. Durant les échanges, il a été rappelé que ce projet porté par la Collectivité de Corse devait revoir à la hausse l’étendue des compensations écologiques proposées, pour pouvoir obtenir le feu vert du CNPN, le Conseil national de la protection de la nature. 

Mais si la problématique de la déviation routière taraude la population locale, là n’était pas la question pour les étudiants. « Les jeunes se sont montrés très intéressés par les projets d’autonomie alimentaire et par le vivre-ensemble », a souligné Michèle Barbé, la présidente de la Maison de l’architecture de la Corse. Ces suggestions ont le mérite d’apporter « une ouverture d’esprit supplémentaire, même si les étudiants n’ont pas vocation à présenter des projets opérationnels », a souligné leur directrice d’études, Hélène Guicquéro. « Il y a un principe de réalité qui s’applique, évidemment", a confirmé Nicolas Cucchi. Néanmoins, "ces idées feront l’objet d’un examen par la commission municipale d’urbanisme. Et ça nous aidera dans la rédaction du cahier des charges à venir », a poursuivi le maire.

Les idées, dans le détail

Concrètement, les étudiants ont émis l’idée de densifier le centre-bourg de Sainte-Lucie, en créant notamment des logements autour des enseignes commerciales, et en intégrant ces dernières dans une même unité architecturale. Concernant l’habitat, ils ont imaginé des toits avec une pente spécifique, permettant de réutiliser les eaux de pluie dans les logements. Ils ont également préconisé la construction d’une piscine municipale et, le long de la RT 10, un centre de gestion forestière (axé sur le liège) ainsi qu’un centre de production porcine. Ces deux derniers projets dans l’idée de favoriser les circuits courts et valoriser le savoir-faire local. Ils ont également suggéré de prolonger le GR 20 jusqu’à Sainte-Lucie ! Pourquoi pas, a souri Nicolas Cucchi, mais ce n’est pas sa priorité : « On milite pour que la route de Luviu, qui est un ancien chemin de transhumance, soit goudronnée, ce qui mettrait Zonza à une demi-heure de route de Sainte-Lucie. »

Un projet de piscine... en mer !

Au terme de la restitution, le maire a salué le travail réalisé par les étudiants. « J’ai apprécié ce souci qui a été apporté à la ressource en eau. Car les gens n’ont pas forcément conscience que la raréfaction de l’eau devient extrêmement problématique, notamment en cas d’hiver très sec. » Concernant le centre de production porcine, « je suis resté plus perplexe, avoue l’élu. Ca occasionnerait une nuisance olfactive terrible. Et puis le porc, il est élevé en liberté. Ce ne serait pas pertinent à Sainte-Lucie ». Quant à la piscine, « c’est bien mais c’est cher ! » Et le maire de révéler vouloir concrétiser un autre projet, des plus innovants : « Un projet de piscine en mer, que l’on voudrait implanter pas loin du ponton de la mise à l’eau. » Dans sa conclusion, Nicolas Cucchi a rappelé l’existence de ce fameux principe de réalité qui s’applique à tout élu de la République : la réglementation. « Vous pouvez avoir les plus beaux projets, si vous ne parvenez pas à les mettre en œuvre... »