Ange-Pierre Vivoni, le maire de Sisco et président de l'association des maires de Haute-Corse, a organisé une réunion mercredi 7 août 2024.
« Le problème de l'eau va aller en s'aggravant dans les années à venir, alors il faut agir », a prévenu Ange-Pierre Vivoni, le maire de Sisco et président de l'association des maires de Haute-Corse, mercredi 7 août, au commencement d'une réunion destinée à aborder les plans d'actions à mettre en place pour pallier la sécheresse qui touche 137 des 236 communes du département. Face à lui, dans les locaux de Cap sur la Mer, à Toga – où s'est tenue la réunion – se trouvaient également une cinquantaine de maires des communes concernées à travers le département, mais aussi des représentants des sapeurs-pompiers, de la Collectivité de Corse le préfet Michel Prosic, ou encore des dirigeants de l'Office hydraulique. Tous prêts à se serrer les coudes pour trouver des solutions sur le long terme. Et pour cause, la sécheresse qui s'abat sur le Cap Corse et la Plaine orientale sans discontinuer depuis le mois de septembre 2023 – et qui pourrait se poursuivre jusqu'en décembre prochain à en croire les prévisions de Météo France – est devenu le « problème majeur » auquel l'île est confrontée. Certains élus, à l'instar de Francis Marcantei, maire de Talasani, ont même confié, non sans émotion devant l'assemblée, avoir dû se résoudre à ouvrir l'eau de ville à ses administrés uniquement « deux heures le matin et deux heures le soir ».
« L'approvisionnement en eau est la principale préoccupation. Dans ma commune de Sisco, au 5 août 2023, était déversé dans la rivière 1 100 m3 de trop plein d'eau par jour. Ce matin, au 7 août, c'était 643 m3, soit 30 % de moins d'une année sur l'autre. C'est la preuve que les sources sont diminuées », a expliqué Ange-Pierre Vivoni en préambule, très inquiet quant à l'avenir de la ruralité insulaire. Une inquiétude partagée par Michel Prosic, qui a dressé un constat pragmatique, sans vouloir être alarmiste : « L'absence de précipitations entraîne des difficultés dans certaines communes. Les réservoirs se vident et plus de 50 % des nappes sont dans une situation difficile. On constate également que les barrages ne sont pas pleins. Ce sont aujourd'hui treize villes qui vivent des situations complexes. Et si cette année est extraordinaire en termes de sécheresse, elle va être une année ordinaire au regard des dix prochaines années. » Dans l'urgence, pour aider les communes les plus durement touchées, les sapeurs-pompiers ont un rôle à jouer. Des camions de ravitaillements en eau brute acheminent d'ores et déjà certaines villes, pour permettre à leurs habitants de maintenir une vie normale. « On ne laissera ni une commune ni un agriculteur sans eau », a assuré Hyacinthe Vanni, président du SIS de Haute-Corse.
« L'approvisionnement en eau est la principale préoccupation. Dans ma commune de Sisco, au 5 août 2023, était déversé dans la rivière 1 100 m3 de trop plein d'eau par jour. Ce matin, au 7 août, c'était 643 m3, soit 30 % de moins d'une année sur l'autre. C'est la preuve que les sources sont diminuées », a expliqué Ange-Pierre Vivoni en préambule, très inquiet quant à l'avenir de la ruralité insulaire. Une inquiétude partagée par Michel Prosic, qui a dressé un constat pragmatique, sans vouloir être alarmiste : « L'absence de précipitations entraîne des difficultés dans certaines communes. Les réservoirs se vident et plus de 50 % des nappes sont dans une situation difficile. On constate également que les barrages ne sont pas pleins. Ce sont aujourd'hui treize villes qui vivent des situations complexes. Et si cette année est extraordinaire en termes de sécheresse, elle va être une année ordinaire au regard des dix prochaines années. » Dans l'urgence, pour aider les communes les plus durement touchées, les sapeurs-pompiers ont un rôle à jouer. Des camions de ravitaillements en eau brute acheminent d'ores et déjà certaines villes, pour permettre à leurs habitants de maintenir une vie normale. « On ne laissera ni une commune ni un agriculteur sans eau », a assuré Hyacinthe Vanni, président du SIS de Haute-Corse.
« Dès que nous entamons des vérifications, nous trouvons une fuite ! »
« On ne laissera ni une commune ni un agriculteur sans eau », a assuré Hyacinthe Vanni, président du SIS de Haute-Corse.
Alors que les prévisions climatiques de l'année 2035 sont d'ores et déjà observables et que la sécheresse contraint déjà treize communes à faire appel aux sapeurs-pompiers pour ravitailler leurs réservoirs en eau brute, l'heure est à l'action à tous les niveaux. Pour ce faire, les services de l'État appellent avant tout à la responsabilité de chacun. « Nous devons changer nos propres pratiques personnelles pour essayer d'économiser l'eau au maximum. Il est donc question de mieux stocker et de mieux gérer les ressources, afin de se préparer aux années à venir, qui seront au moins aussi difficiles, si ce n'est plus », a martelé Michel Prosic lors de la réunion.
Mais c’est à l'échelle municipale que le combat se joue, puisqu'il apparaît indispensable de rénover l'ensemble des réseaux hydrauliques, en mauvais état pour beaucoup. « Nous sommes le troisième département le plus fuyard en France avec près de 30 % de perte entre le moment où l'eau est puisée et le moment où l'on ouvre le robinet », rapporte le préfet. Et ce n'est pas le maire de Talasani qui dira le contraire : « Dès que nous entamons des vérifications, nous trouvons une fuite ! »
Face à ces nouveaux défis qui attendent les Maires, pas question de les abandonner. « En 2023 et 2024, tous les dossiers déposés par les communes pour se faire aider sur la gestion de l'eau ont été accompagnés par la préfecture. Nous avons aidé les communes à hauteur de 4 millions d'euros sur cette période (auxquels s'ajoutent les versements de l'agence de l'eau et des 20 millions d'euros investis auprès de l'Office hydraulique) », tient à rassurer le préfet, qui encourage l’ensemble des villes et villages à entamer des démarches.
À cela, s'ajoute, sur le long terme, le projet de création de nouvelles retenues d'eau, ayant pour but d'offrir de l'eau potable et de l'eau brute en plus grande quantité aux administrés et aux agriculteurs. « Nous avons un retard historique sur notre gestion de l'eau qui va se démultiplier dans les 50 ans à venir. La preuve, 134 communes du département n'ont pas de schéma directeur (démarche mutualisée entre plusieurs services d'eau afin d'étudier la fonctionnalité et la pérennité du système de production et de distribution de la ressource aux consommateurs, ndlr). Alors, pour faire face, nous déployons un plan sur 10 ans, destiné à concevoir 40 millions de m3 de stockage supplémentaire d'ici à 30 ans », a annoncé Gilles Giovannangeli, président de l'Office hydraulique.
Mais c’est à l'échelle municipale que le combat se joue, puisqu'il apparaît indispensable de rénover l'ensemble des réseaux hydrauliques, en mauvais état pour beaucoup. « Nous sommes le troisième département le plus fuyard en France avec près de 30 % de perte entre le moment où l'eau est puisée et le moment où l'on ouvre le robinet », rapporte le préfet. Et ce n'est pas le maire de Talasani qui dira le contraire : « Dès que nous entamons des vérifications, nous trouvons une fuite ! »
Face à ces nouveaux défis qui attendent les Maires, pas question de les abandonner. « En 2023 et 2024, tous les dossiers déposés par les communes pour se faire aider sur la gestion de l'eau ont été accompagnés par la préfecture. Nous avons aidé les communes à hauteur de 4 millions d'euros sur cette période (auxquels s'ajoutent les versements de l'agence de l'eau et des 20 millions d'euros investis auprès de l'Office hydraulique) », tient à rassurer le préfet, qui encourage l’ensemble des villes et villages à entamer des démarches.
À cela, s'ajoute, sur le long terme, le projet de création de nouvelles retenues d'eau, ayant pour but d'offrir de l'eau potable et de l'eau brute en plus grande quantité aux administrés et aux agriculteurs. « Nous avons un retard historique sur notre gestion de l'eau qui va se démultiplier dans les 50 ans à venir. La preuve, 134 communes du département n'ont pas de schéma directeur (démarche mutualisée entre plusieurs services d'eau afin d'étudier la fonctionnalité et la pérennité du système de production et de distribution de la ressource aux consommateurs, ndlr). Alors, pour faire face, nous déployons un plan sur 10 ans, destiné à concevoir 40 millions de m3 de stockage supplémentaire d'ici à 30 ans », a annoncé Gilles Giovannangeli, président de l'Office hydraulique.
« Plus de 1 000 contrôles effectués »
Ces plans d'actions viennent s'ajouter à celui déjà mis en place. À savoir, la restriction en eau fixée dans le département par un arrêté préfectoral daté du 10 juin dernier. Une décision « précoce », cependant « nécessaire », assure le préfet, qui se traduit par l'interdiction de l’irrigation deux jours par semaine pour toutes les cultures, à l'exception du maraîchage et de l'horticulture.
« On compte sur la pédagogie, sur la volonté de faire… Mais on sait que si 95 % de la population se prête au jeu, les 5 % qui ne le font pas peuvent annuler les efforts de tous. Ils vont se développer et s'intensifier », a expliqué Michel Prosic, désireux de permettre au département d'arriver aux prochaines pluies automnales dans les meilleures conditions. « Depuis que cet arrêté a été mis en application, nous avons effectué plus de 1 000 contrôles, ayant abouti à une quarantaine de verbalisations. Ces dernières ont concerné des particuliers (lavage de voiture, remplissage de piscine…), mais aussi des opérateurs économiques (agriculteurs, laveurs de voitures, de bateaux…), ou encore des collectivités locales, qui ont utilisé l'eau pour arroser à des moments où c'était interdit », a-t-il finalement conclu, alors qu'à lui seul, cet arrêté a déjà permis d'économiser l'équivalent de 2 mois de consommation d'eau d'un village de 1 100 habitants.
« On compte sur la pédagogie, sur la volonté de faire… Mais on sait que si 95 % de la population se prête au jeu, les 5 % qui ne le font pas peuvent annuler les efforts de tous. Ils vont se développer et s'intensifier », a expliqué Michel Prosic, désireux de permettre au département d'arriver aux prochaines pluies automnales dans les meilleures conditions. « Depuis que cet arrêté a été mis en application, nous avons effectué plus de 1 000 contrôles, ayant abouti à une quarantaine de verbalisations. Ces dernières ont concerné des particuliers (lavage de voiture, remplissage de piscine…), mais aussi des opérateurs économiques (agriculteurs, laveurs de voitures, de bateaux…), ou encore des collectivités locales, qui ont utilisé l'eau pour arroser à des moments où c'était interdit », a-t-il finalement conclu, alors qu'à lui seul, cet arrêté a déjà permis d'économiser l'équivalent de 2 mois de consommation d'eau d'un village de 1 100 habitants.