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Gilles Simeoni : « Le résultat de cette élection législative est un véritable cataclysme politique »


Nicole Mari le Lundi 1 Juillet 2024 à 14:42

Le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse et leader de Femu a Corsica, Gilles Simeoni, a réagi à la déferlante RN au 1er tour des élections législatives dans les quatre circonscriptions de Corse. Les candidats du Rassemblement national (RN) sont tous qualifiés pour le second tour et arrivent même en tête dans les deux conscriptions de Corse-du-Sud. Parmi les trois candidats Femu, Romain Colonna est éliminé dans la 1ère circonscription de Corse-du-Sud, le député sortant Jean-Félix Acquaviva est en seconde position dans la 2ème circonscription de Haute-Corse et le député sortant Michel Castellani est talonné par le RN. Le leader nationaliste estime qu’il faut tirer les leçons de ce scrutin et appelle au rassemblement autour des quatre députés sortants.



Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse et leader de Femu a Corsica. Photo CNI.
Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse et leader de Femu a Corsica. Photo CNI.
- Comment réagissez-vous à ce raz de marée de l’Extrême-droite en Corse ?
- Le résultat de cette élection législative est un véritable cataclysme politique en France. Un cataclysme qui vient de loin et qui a été aggravé par le résultat des élections européennes et surtout par la dissolution décidée unilatéralement et brutalement par le Président Macron. En fonction des résultats, aujourd’hui, le risque existe véritablement que l’Extrême-droite arrive au pouvoir en France. C’est une situation sans précédent, d’une gravité extrême. La Corse a été entraînée dans cette tourmente. Le vote RN est le fait d’électeurs qui ont des motivations différentes. Il faut le respecter, l’analyser de façon globale, entendre ce qui est exprimé et en tirer les leçons. Le suffrage universel doit toujours être écouté et entendu. Mais cela ne peut pas déboucher sur la complaisance vis-à-vis d’idées ou de projets qui sont aux antipodes de ce que nous défendons. Sur le fond, les valeurs et la vision de la société corse que nous défendons, le projet que nous avons pour la Corse, sont radicalement différents de ceux portés par le RN. Nous devons l’exprimer très fortement au moment du deuxième tour.
 
- Votre projet de société aurait-il été mal compris ou assiste-t-on à l’usure du pouvoir ?
- Un cumul de facteurs peut expliquer ce résultat. Il y a certainement aussi de l’exaspération et de la colère qui s’expriment. Je pense surtout que si ce vote devait être confirmé, et si le Rassemblement national devait accéder aux responsabilités en France, notre projet de société n’aurait plus aucune chance de se réaliser ni dans sa dimension institutionnelle, l’autonomie, ni dans sa dimension économique, sociale et culturelle.
 
- Appelez-vous à faire barrage au RN partout en Corse ?
- En ce qui nous concerne, les choses sont tout à fait claires. Bien sûr le soutien total à Jean Félix Acquaviva et Michel Castellani. Un appel - et c’est normal - à voter pour le député sortant Paul André Colombani et un appel aussi à soutenir Laurent Marcangeli qui, même s’il est un adversaire politique, s’est battu pour l’autonomie. Il a été un député engagé. Ses positions tranchent avec celles de son adversaire.
 
- Attendez-vous la réciproque pour les candidats de Femu a Corsica ?
- J’ai noté que dans la première circonscription de Haute Corse, Julien Morganti a appelé à voter massivement au deuxième tour, mais n’a pas voulu choisir entre Michel Castellani et le candidat du RN. C’est un choix lourd, mûri, assumé, y compris à l’unanimité de façon collective. Je ne suis pas sûr que les soutiens et les électeurs de Julien Morganti partagent ce choix, qu’ils confondent ou renvoient dos à dos, pour la grande partie d’entre eux, Michel Castellani et le RN. Julien Morganti aura à assumer son choix politique à l’occasion de cette élection. De la même façon, dans la deuxième circonscription où Jean-Félix Acquaviva est face à une triangulaire difficile à livrer, mais une triangulaire dans laquelle il peut l’emporter. Je crois qu’il appartient à chaque électeur, quelque soit son opinion politique, de se déterminer entre trois visions très différentes et souvent antinomiques. J’ai entendu Jean-Christophe Angelini dire clairement qu’il n’y aurait pas une voix de sa part pour le RN, mais je n’ai entendu aucun appel en faveur de Jean-Félix Acquaviva. Je le regrette. Je constate aussi qu’il y a une forme de cohérence puisqu’au 1er tour, un certain nombre d’élus et de responsables du PNC ont fait ouvertement campagne pour François-Xavier Ceccoli. Là aussi, ce sont des choses qu’il faut assumer. Je pense que les militants du PNC et l’ensemble des militants nationalistes et même au-delà l’ensemble des électeurs, qu’ils soient simples citoyens ou responsables politiques, auront à se déterminer en leur âme et conscience.
 
- Jean-Christophe Angelini vous pointe comme le grand responsable de la désunion du mouvement nationaliste en 2021 ?
- Je ne suis certainement pas le grand responsable de la désunion, et ce d’autant mieux que depuis que je suis militant nationaliste, j’ai toujours travaillé à l’union et à la convergence. La situation en 2021, il ne faut pas oublier, m’a été imposée par le comportement de ceux qui étaient alors mes partenaires. J’ai assumé cette situation. Au lendemain de l’élection, j’ai aussitôt tendu la main. Ça n’a pas été possible. Historiquement, notre vocation est de faire converger l’ensemble des nationalistes et aussi l’ensemble des forces de progrès pour pouvoir construire ce pays. On va continuer mais en intégrant ce qui s’est passé dimanche soir.
 
- Quelles leçons en tirez-vous?
- Au-delà du résultat électoral, Il y a aujourd’hui un phénomène profond qui doit nous interpeller. Nous avons basculé dans un monde nouveau, il faut en tirer les conséquences. Je respecte les candidats du RN, mais je constate qu’à part Monsieur Filoni qui est engagé depuis longtemps, les trois autres candidats RN n’ont aucune attache avec la Corse, ne connaissent absolument rien de son histoire et de son présent, et ne peuvent certainement pas imaginer son avenir. Ils ne se sont jamais engagés pour elle et seraient certainement, s’ils étaient élus, incapables de la défendre. Cela veut dire que nous sommes dans une société qui a profondément évolué. C’est à nous aussi d’en tirer les conséquences et de réadapter nos discours et nos choix. Je pense que les Corses doivent considérer le deuxième tour, véritablement, comme une nouvelle élection.