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Guy de Simone, premier Corse à présider la Compagnie régionale des commissaires aux comptes d’Aix-Bastia


Léana Serve le Dimanche 23 Février 2025 à 20:46

Élu en novembre 2024 à la présidence de la Compagnie Régionale des Commissaires aux Comptes (CRCC) d’Aix-Bastia, Guy de Simone est le premier Corse à occuper cette position. Après une carrière en tant qu’expert-comptable et commissaire aux comptes, il s’apprête aujourd’hui à relever les défis majeurs qui l’attendent, qu’il s’agisse de la hausse des seuils, de la durabilité, de l’impact de la cybersécurité ou de la valorisation de la profession. Une mission qu’il va porter pendant quatre ans depuis Ajaccio, où il a ouvert son cabinet en 2002.



Quels sont les grands dossiers qui vous attendent à la tête de la Compagnie Régionale des commissaires aux comptes d’Aix-Bastia ?

En tant que président, je vois apparaître trois grands dossiers que nous allons devoir traiter pendant quatre ans. L’une des premières missions que je me suis fixées, et c’est d'ailleurs ce qui a motivé mon engagement au sein de la CRCC, est d’arrêter la hausse des seuils pour faire appel à un commissaire aux comptes, voire même de les réduire. Le deuxième dossier concerne la durabilité, avec l’accompagnement des commissaires aux comptes dans le cadre du nouveau statut de commissaire aux comptes vert. Enfin, je souhaiterais valoriser la profession, et notamment auprès des jeunes, qui représentent le futur de notre métier.
 

Arrêter la hausse des seuils pour faire appel à un commissaire aux comptes est l’une de vos priorités. Pourquoi est-ce si important pour votre profession ?

Les seuils ont connu plusieurs hausses, d’abord en 2019, puis en 2024, ce qui a entraîné des pertes de mandats pour les commissaires aux comptes. Aujourd’hui, un commissaire aux comptes est nommé dans une société lorsque celle-ci dépasse deux seuils sur trois, à savoir 10 millions d’euros de chiffre d’affaires, 5 millions d’euros de total bilan ou 50 salariés. Une nouvelle tentative de hausse a eu lieu au début de l’année, mais a rapidement été avortée, ce qui indique une prise de conscience quant à la mission qu’exerce le commissaire aux comptes, qui est d’intérêt public. En effet, il est le garant des données financières et extrafinancières d’une entreprise. Je souhaiterais donc que le ministère de l’Économie et des Finances prenne conscience de l’intérêt d’avoir un commissaire aux comptes pour l’économie, et que les seuils ne soient plus augmentés.
 

La profession prend en compte la question de la durabilité, avec la création d'un statut de commissaire aux comptes vert. En quoi cela consiste-t-il ?

La durabilité est un sujet primordial pour notre profession. Un nouveau dispositif, porté par la création en Europe d’un Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), a permis la création d’une nouvelle mission pour les commissaires aux comptes, afin de contrôler la durabilité des entreprises. La France a été le premier pays de l’Union européenne à adopter ce dispositif, et les premières missions auront lieu cette année. C’est une réelle opportunité pour les commissaires aux comptes de se diversifier dans leur profession.
 

L’intelligence artificielle et la cybercriminalité impactent également votre profession. Comment lutter contre d’éventuelles dérives ?

Ces dernières années, l’intelligence artificielle s’est répandue à grande vitesse, et avec elle, de nouveaux systèmes de délinquance, comme l’introduction dans les systèmes informatiques. Les commissaires aux comptes vont devoir aborder les dossiers d’une autre façon, analyser les flux des entreprises pour comprendre où se situent les zones à risque afin de mettre en forme des rapports qui permettent un contrôle interne des entreprises. Il est vrai que les conséquences peuvent être rapidement importantes, surtout dans une petite région comme la Corse.
 

Vous souhaitez également promouvoir la profession. Est-ce pour pallier un manque de commissaires aux comptes ?

Le nombre de commissaires aux comptes diffère d’une région à une autre. Sur tout le territoire national, nous sommes environ 10 000 commissaires aux comptes. Sur la région d’Aix-Bastia, nous sommes 1 000, ce qui est beaucoup par rapport au tissu économique de la Corse, mais d’autres régions, comme la Picardie, connaissent un manque de commissaires aux comptes.
 

Qu’allez-vous mettre en place pour promouvoir la profession auprès des plus jeunes ?

Avec la CRCC, nous organisons différents événements. Nous avons organisé, juste après les élections à la fin de l’année 2024, un Forum de l’audit, où nous avons convié des étudiants des filières d’expertise-comptable et de commissariat aux comptes. Un autre forum aura lieu à la fin de l’année, pour que les étudiants puissent découvrir les métiers de l’audit. C’est une véritable volonté de la CRCC, mais également une volonté personnelle, d’investir dans la formation, et donc auprès de nos futurs confrères.