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Juin pluvieux : Une réalité contrastée entre l'Hexagone et la Corse


Rose Casado le Dimanche 7 Juillet 2024 à 15:05

Selon Météo France, le mois de juin a enregistré de précipitations 20 % plus importantes que les normales établies sur la période 1991-2020. Un constat pouvant sembler encourageant pour l'environnement, mais qui a cependant eu des conséquences désastreuses sur certains territoires. Mais cette augmentation de la quantité de pluie tombée est-elle également valable en Corse ?



Photo archives CNI
Photo archives CNI
Sur l'ensemble de l'hexagone, le mois de juin a rimé avec précipitations. En effet, il est tombé 20 % de pluie supplémentaire par rapport aux normales de la période allant de 1991 à 2020, selon Météo France. Mais la Corse s'inscrit-elle dans cette tendance ? Non, révèle Patrick Rébillout, directeur du Centre Météo-France d’Ajaccio. En effet, si ce chiffre révèle une hausse des précipitations globales dans l'hexagone, cela signifie simplement que certains territoires ont vu une forte augmentation de la pluie, faisant ainsi monter le pourcentage global – avec des épisodes pluvieux parfois diluviens ayant entraîné inondations, coulées de boues et orages sur plusieurs territoires (Haute-Marne, Pas-de-Calais...). Pour le mois de juin, les précipitations qui se sont abattues sur l'île de Beauté sont « à 97 % de la normale qui est à 36 millimètres », pointe-t-il, alors que sur la période, il est tombé 35 millimètres de pluie. Une bonne nouvelle pour les sols, qui n'aborderont pas l'été – dont les prévisions estiment qu'il sera plus chaud et plus sec que les années précédentes – « avec un déficit en eau ».

Mais là encore, les chiffres sont à analyser « avec prudence », estime-t-il. Sur le détail par département, la Haute-Corse a été plus arrosée, avec 120 % de précipitations par rapport à la normale, contre 75 % en Corse du Sud. « Il y a des micro-régions concernant la météo. La moyenne cache beaucoup de choses », explique-t-il. En regardant de plus près, le météorologue constate que les reliefs ont été les zones les plus arrosées, alors que les littoraux l'ont très peu été. « La plaine orientale, la région bastiaise et le Cap n'ont reçu que très peu d'eau ces dernières années », pointe Patrick Rébillout.

Une variabilité interannuelle à pendre en compte

Pour mieux comprendre et analyser les précipitations insulaires, un autre facteur est également à prendre en compte : la variabilité interannuelle. Car si les chiffres de 2024 semblent plutôt positifs, ils doivent être comparés aux années précédentes. En juin 2023, la Corse a reçu 64 millimètres d'eau, soit près du double de la quantité de cette année, tandis qu'en 2022, il n'a plu que 3 millimètres sur la même période. Une manière de remettre en perspective le sentiment général. « Dans le ressenti des gens, la météo actuelle ne reflète pas un été classique, mais cette année, c'est relativement normal », précise Patrick Rébillout, qui rappelle qu'un pic de chaleur et deux canicules ont déjà été enregistrés en Corse cette année.

Et les nappes phréatiques ?

Si les précipitations observées au mois de juin sapent quelque peu le moral des habitants, cela fait du bien aux nappes phréatiques. Selon Laureen Nacimento, hydrogéologue régionale en Corse au sein du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières), les pluies ont eu un effet favorable sur les niveaux des nappes phréatiques insulaires, qui ont vu leur niveau – pour certaines – se stabiliser. « Les pluies ont globalement permis de limiter l'aggravation de la situation d'assèchement », explique la scientifique. Dans certaines parties de la Corse, les niveaux sont même « plutôt hauts ». C'est notamment le cas de la région de Cargèse ou de la partie ouest de la Haute-Corse.

Malheureusement, d'autres territoires comme le Cap ou la Plaine orientale restent bien inférieurs aux normales de remplissage des mois de juin précédents. « La situation reste tendue et défavorable dans ces zones », s'inquiète Laureen Nacimento.

Enfin, l'hydrologue est claire : si les précipitations sont encourageantes, elles ne permettront pas de rattraper le déficit accumulé durant les mois précédents. « Depuis la période de recharge de 2023, on était plutôt sur une période de sécheresse », rappelle-t-elle. Et de conclure : « Les nappes ont une inertie et un effet tampon, donc il faut plusieurs mois avec des précipitations pour que ça ait un effet bénéfique. »