- Comment définit-on l’Intelligence Artificielle ?
- C’est un domaine scientifique qui est très large et assez jeune puisqu’il a émergé à la fin des années 1950. Il touche l’informatique et les mathématiques, mais également des disciplines qui tournent autour des sciences humaines et sociales, comme la représentation des connaissances, la cognition. Aujourd’hui on voit que c’est un sujet qui explose dans les médias, notamment du fait des applications qui émergent comme Chat GPT, mais c’est une petite partie de l’Intelligence Artificielle car c’est un domaine qui est très très large. L’objectif historique, qui a été défini dans les années 1950, est d’essayer de penser et de raisonner comme un être humain. Cette Intelligence Artificielle est aujourd’hui encore un peu utopique. Actuellement, nous sommes plutôt sur des applications qui sont meilleures que l’être humain, mais pour réaliser une seule tâche. C’est ce que l’on va retrouver sur les Intelligences Artificielles qui sont dites génératives, comme Chat GPT qui va générer du texte pour tenir une conversation avec un être humain, et par exemple écrire des lettres de recommandation.
- Sur quoi reposent ces Intelligences Artificielles et comment apprennent-elles ?
- La plupart des approches d’Intelligence Artificielle qui sont à la mode aujourd’hui reposent de réseaux en couches qui sont inspirés de la structure du cerveau de l’être humain qui sont les réseaux de neurones. Les réseaux de neurones artificiels ont été proposés en recherche dans les années 1960. Il y a eu ensuite quelque chose que l’on a appelé l’hiver de l’Intelligence Artificielle, car on n’avait pas vraiment moyen de l’exploiter. Et il y a maintenant une vingtaine d’années, la recherche est repartie sur la création de modèles de réseaux de neurones. Grâce aux grandes quantités de données qu’il y a aujourd’hui à la disposition des chercheurs et de la puissance de calcul, on a réussi à faire émerger les applications que l’on voit aujourd’hui. Elles sont toutes en grande partie fondées sur les données qu’on a mis à disposition sur Internet via les réseaux sociaux. Ce sont toutes ces données qui permettent aujourd’hui d’entraîner des Intelligences Artificielles qui vont apprendre sur cela et qui vont devenir meilleures qu’un être humain sur une tâche bien précise pour laquelle elles ont été pensées.
- Quels usages peut-on faire de l’Intelligence Artificielle aujourd’hui ?
- Cela touche tous les domaines de la société. Ce qui est très à la mode actuellement, ce sont des Intelligences Artificielles dites génératives donc qui vont générer des contenus comme de la voix, des images, du texte, ou encore des vidéos. Du coup, cela peut concerner tous les métiers qui sont de près ou de loin liés à tout cela. Et cela va très loin : par exemple une Intelligence Artificielle générative va pouvoir essayer de faire la même chose qu’un traducteur qui transformait un texte écrit ou oral d’une langue à une autre. Cela peut aussi concerner les journalistes : de grands médias anglais, allemands ou américains ont remplacé des équipes de 3 ou 4 journalistes par une Intelligence Artificielle. Bien sûr, celle-ci ne va pas entrer en concurrence avec des journalistes d’investigation par exemple, elle est totalement incapable de faire cela. Mais elle peut faire ce que font des journalistes qui doivent rédiger de petits articles en faisant la synthèse de plusieurs documents.
- Le développement de ces Intelligences Artificielles change donc aujourd’hui déjà quelque peut le monde du travail ?
- Actuellement, on voit à peine poindre les évolutions, mais effectivement sur les 10 années qui viennent cela va pouvoir changer des choses. À titre personnel, je ne pense pas que des métiers vont disparaître à cause de l’Intelligence Artificielle dans les 10-15 ans à venir, par contre il y a une étude aux États-Unis qui a montré que 80% des métiers seront impactés et vont donc devoir évoluer.
- Qu’est-ce que cela va changera à moyen terme pour les salariés corses dans leur quotidien au travail ?
- Si je prends mon exemple en tant qu’enseignant, je vais devoir revoir mes pratiques surtout en termes d’évaluation, car mes étudiants vont de plus en plus avoir accès à des outils comme Chat GPT pour faire des dissertations ou des devoirs. Donc qu’est-ce que je devrais alors évaluer ? Leur capacité à utiliser Chat GPT ? Mon métier va devoir changer sur ces aspects. On peut imaginer que celui des journalistes évolue également. Peut-être que grâce à l’aide de Chat GPT on va leur demander de produire deux fois plus d’articles. On pense aussi que les Intelligences Artificielles vont pouvoir remplacer une partie des agences immobilières, donc potentiellement cela pourrait avoir une répercussion sur ce domaine qui compte de nombreux emplois en Corse. Les agences de voyage vont également par exemple pouvoir être impactées. En fait, tous les métiers où il y a de la production d’écrits. Peut-être que demain l’Intelligence Artificielle sera même capable de rédiger les réponses à nos mails à notre place et nous demandera seulement si celles-ci nous conviennent. Il y a vraiment un spectre très large d’emplois qui peuvent être amenés à évoluer. Des fois, cela pourra être juste à la marge. Et il faut espérer que cela aille dans l’amélioration des conditions de travail des personnes.
- On parle beaucoup des craintes que suscitent le développement de ces Intelligences Artificielles aujourd’hui, mais il existe donc tout de même des avantages à les utiliser au quotidien ?
- Je suis pour ma part plutôt une « IA optimiste ». Effectivement, on peut craindre qu’il y ait des usages mal intentionnés qui en soient faits. Mais j’ai plutôt l’impression que cela peut automatiser des tâches qui sont parfois un peu lassantes et de facto améliorer le quotidien de beaucoup de travailleurs.
- Comment pouvons-nous nous préparer à l'impact de l'Intelligence Artificielle sur le marché du travail ?
- Dans un premier temps, il faudra avant tout savoir utiliser l’Intelligence Artificielle. Il y aura un gros travail à faire pour former les personnes qui arriveront sur le marché du travail avec cet outil à disposition. C’est quelque chose qu’il va falloir prendre en compte dans les universités, et peut-être même dès le lycée. On a pu voir qu’à Sciences Po l’Intelligence Artificielle a été interdite. Je suis assez contre cela. Si quelque chose peut améliorer notre productivité, on ne doit pas s’en passer. Demain dans une entreprise, si un salarié est plus productif, cela ne veut pas dire qu’il va faire disparaître l’emploi de son collègue. Au contraire, cela peut amener à une augmentation de la productivité de l’entreprise et y faire entrer plus d’argent qui pourra ensuite être redistribué. Ce qui est important, c’est de démocratiser les choses autour de l’Intelligence Artificielle pour ne pas que cela soit vu comme quelque chose qui va détruire de l’emploi, ou avec de la crainte. Il faut que l’on explique ce qu’il y a derrière, que l’on sache comment cela fonctionne et surtout il faut bien faire comprendre aux gens que nous sommes encore loin d’Intelligences Artificielles de films de science-fiction qui pourraient prendre des décisions pour contrôler la planète.
- Malgré tout, on voit qu’il y a quelques jours Elon Musk et 1000 personnalités du monde technologique ont appelé à faire une pause dans le développement des IA en pointant l’ampleur qu’elles pouvaient prendre et la rapidité avec laquelle elles se développent. Ont-ils raison de vouloir poser un tel garde-fou ?
- Oui, il va être important de poser des garde-fous. Mais ce qui est polémique dans leur approche à eux c’est que cela a été en grande partie médiatisé par Elon Musk qui a une sorte de frustration par rapport aux Intelligences Artificielles. Il faisait partie des initiateurs de la société Open AI qui a mis en place Chat GPT, mais a vendu ses parts très rapidement. Et aujourd’hui ses entreprises ont du retard par rapport à ce qu’a pu faire Open AI, donc du coup on se demande s’il ne souhaite pas que ses concurrents se mettent en pause pour que ses entreprises rattrapent leur retard. Si on regarde ce qu’en disent le milieu académique et les chercheurs, on voit que beaucoup pensent qu’il ne faut pas arrêter la recherche. Je crois que ce n’est pas forcément l’outil en lui-même qui a pu choquer un peu le monde, mais sa rapidité de pénétration de la société. Cela fait un peu peur. Effectivement, il pourrait y avoir des personnes mal intentionnées qui pourraient créer des fake news. Mais est-ce que c’est un moratoire qui permettrait de contrecarrer ces mauvais usages-là ? Je pense qu’il faut plutôt éduquer les gens, leur dire qu’il est impératif de regarder avant tout d’où vient une information ou une image.
- C’est un domaine scientifique qui est très large et assez jeune puisqu’il a émergé à la fin des années 1950. Il touche l’informatique et les mathématiques, mais également des disciplines qui tournent autour des sciences humaines et sociales, comme la représentation des connaissances, la cognition. Aujourd’hui on voit que c’est un sujet qui explose dans les médias, notamment du fait des applications qui émergent comme Chat GPT, mais c’est une petite partie de l’Intelligence Artificielle car c’est un domaine qui est très très large. L’objectif historique, qui a été défini dans les années 1950, est d’essayer de penser et de raisonner comme un être humain. Cette Intelligence Artificielle est aujourd’hui encore un peu utopique. Actuellement, nous sommes plutôt sur des applications qui sont meilleures que l’être humain, mais pour réaliser une seule tâche. C’est ce que l’on va retrouver sur les Intelligences Artificielles qui sont dites génératives, comme Chat GPT qui va générer du texte pour tenir une conversation avec un être humain, et par exemple écrire des lettres de recommandation.
- Sur quoi reposent ces Intelligences Artificielles et comment apprennent-elles ?
- La plupart des approches d’Intelligence Artificielle qui sont à la mode aujourd’hui reposent de réseaux en couches qui sont inspirés de la structure du cerveau de l’être humain qui sont les réseaux de neurones. Les réseaux de neurones artificiels ont été proposés en recherche dans les années 1960. Il y a eu ensuite quelque chose que l’on a appelé l’hiver de l’Intelligence Artificielle, car on n’avait pas vraiment moyen de l’exploiter. Et il y a maintenant une vingtaine d’années, la recherche est repartie sur la création de modèles de réseaux de neurones. Grâce aux grandes quantités de données qu’il y a aujourd’hui à la disposition des chercheurs et de la puissance de calcul, on a réussi à faire émerger les applications que l’on voit aujourd’hui. Elles sont toutes en grande partie fondées sur les données qu’on a mis à disposition sur Internet via les réseaux sociaux. Ce sont toutes ces données qui permettent aujourd’hui d’entraîner des Intelligences Artificielles qui vont apprendre sur cela et qui vont devenir meilleures qu’un être humain sur une tâche bien précise pour laquelle elles ont été pensées.
- Quels usages peut-on faire de l’Intelligence Artificielle aujourd’hui ?
- Cela touche tous les domaines de la société. Ce qui est très à la mode actuellement, ce sont des Intelligences Artificielles dites génératives donc qui vont générer des contenus comme de la voix, des images, du texte, ou encore des vidéos. Du coup, cela peut concerner tous les métiers qui sont de près ou de loin liés à tout cela. Et cela va très loin : par exemple une Intelligence Artificielle générative va pouvoir essayer de faire la même chose qu’un traducteur qui transformait un texte écrit ou oral d’une langue à une autre. Cela peut aussi concerner les journalistes : de grands médias anglais, allemands ou américains ont remplacé des équipes de 3 ou 4 journalistes par une Intelligence Artificielle. Bien sûr, celle-ci ne va pas entrer en concurrence avec des journalistes d’investigation par exemple, elle est totalement incapable de faire cela. Mais elle peut faire ce que font des journalistes qui doivent rédiger de petits articles en faisant la synthèse de plusieurs documents.
- Le développement de ces Intelligences Artificielles change donc aujourd’hui déjà quelque peut le monde du travail ?
- Actuellement, on voit à peine poindre les évolutions, mais effectivement sur les 10 années qui viennent cela va pouvoir changer des choses. À titre personnel, je ne pense pas que des métiers vont disparaître à cause de l’Intelligence Artificielle dans les 10-15 ans à venir, par contre il y a une étude aux États-Unis qui a montré que 80% des métiers seront impactés et vont donc devoir évoluer.
- Qu’est-ce que cela va changera à moyen terme pour les salariés corses dans leur quotidien au travail ?
- Si je prends mon exemple en tant qu’enseignant, je vais devoir revoir mes pratiques surtout en termes d’évaluation, car mes étudiants vont de plus en plus avoir accès à des outils comme Chat GPT pour faire des dissertations ou des devoirs. Donc qu’est-ce que je devrais alors évaluer ? Leur capacité à utiliser Chat GPT ? Mon métier va devoir changer sur ces aspects. On peut imaginer que celui des journalistes évolue également. Peut-être que grâce à l’aide de Chat GPT on va leur demander de produire deux fois plus d’articles. On pense aussi que les Intelligences Artificielles vont pouvoir remplacer une partie des agences immobilières, donc potentiellement cela pourrait avoir une répercussion sur ce domaine qui compte de nombreux emplois en Corse. Les agences de voyage vont également par exemple pouvoir être impactées. En fait, tous les métiers où il y a de la production d’écrits. Peut-être que demain l’Intelligence Artificielle sera même capable de rédiger les réponses à nos mails à notre place et nous demandera seulement si celles-ci nous conviennent. Il y a vraiment un spectre très large d’emplois qui peuvent être amenés à évoluer. Des fois, cela pourra être juste à la marge. Et il faut espérer que cela aille dans l’amélioration des conditions de travail des personnes.
- On parle beaucoup des craintes que suscitent le développement de ces Intelligences Artificielles aujourd’hui, mais il existe donc tout de même des avantages à les utiliser au quotidien ?
- Je suis pour ma part plutôt une « IA optimiste ». Effectivement, on peut craindre qu’il y ait des usages mal intentionnés qui en soient faits. Mais j’ai plutôt l’impression que cela peut automatiser des tâches qui sont parfois un peu lassantes et de facto améliorer le quotidien de beaucoup de travailleurs.
- Comment pouvons-nous nous préparer à l'impact de l'Intelligence Artificielle sur le marché du travail ?
- Dans un premier temps, il faudra avant tout savoir utiliser l’Intelligence Artificielle. Il y aura un gros travail à faire pour former les personnes qui arriveront sur le marché du travail avec cet outil à disposition. C’est quelque chose qu’il va falloir prendre en compte dans les universités, et peut-être même dès le lycée. On a pu voir qu’à Sciences Po l’Intelligence Artificielle a été interdite. Je suis assez contre cela. Si quelque chose peut améliorer notre productivité, on ne doit pas s’en passer. Demain dans une entreprise, si un salarié est plus productif, cela ne veut pas dire qu’il va faire disparaître l’emploi de son collègue. Au contraire, cela peut amener à une augmentation de la productivité de l’entreprise et y faire entrer plus d’argent qui pourra ensuite être redistribué. Ce qui est important, c’est de démocratiser les choses autour de l’Intelligence Artificielle pour ne pas que cela soit vu comme quelque chose qui va détruire de l’emploi, ou avec de la crainte. Il faut que l’on explique ce qu’il y a derrière, que l’on sache comment cela fonctionne et surtout il faut bien faire comprendre aux gens que nous sommes encore loin d’Intelligences Artificielles de films de science-fiction qui pourraient prendre des décisions pour contrôler la planète.
- Malgré tout, on voit qu’il y a quelques jours Elon Musk et 1000 personnalités du monde technologique ont appelé à faire une pause dans le développement des IA en pointant l’ampleur qu’elles pouvaient prendre et la rapidité avec laquelle elles se développent. Ont-ils raison de vouloir poser un tel garde-fou ?
- Oui, il va être important de poser des garde-fous. Mais ce qui est polémique dans leur approche à eux c’est que cela a été en grande partie médiatisé par Elon Musk qui a une sorte de frustration par rapport aux Intelligences Artificielles. Il faisait partie des initiateurs de la société Open AI qui a mis en place Chat GPT, mais a vendu ses parts très rapidement. Et aujourd’hui ses entreprises ont du retard par rapport à ce qu’a pu faire Open AI, donc du coup on se demande s’il ne souhaite pas que ses concurrents se mettent en pause pour que ses entreprises rattrapent leur retard. Si on regarde ce qu’en disent le milieu académique et les chercheurs, on voit que beaucoup pensent qu’il ne faut pas arrêter la recherche. Je crois que ce n’est pas forcément l’outil en lui-même qui a pu choquer un peu le monde, mais sa rapidité de pénétration de la société. Cela fait un peu peur. Effectivement, il pourrait y avoir des personnes mal intentionnées qui pourraient créer des fake news. Mais est-ce que c’est un moratoire qui permettrait de contrecarrer ces mauvais usages-là ? Je pense qu’il faut plutôt éduquer les gens, leur dire qu’il est impératif de regarder avant tout d’où vient une information ou une image.