Mercredi matin, la police judicaire a lancé un appel à témoins pour tenter de retrouver la moto des tueurs « une moto BMW de grosse cylindrée ». Elle demande à toute personne ayant vu ou aperçu, mardi matin, avant 9 heures, la Porsche Carrera décapotable de la victime ou deux individus sur une moto de type BMW, d’entrer en contact avec l’Etat Major de la Direction Centrale de la Police Judiciaire au numéro vert 0800 95 80 81 .
Les enquêteurs ont commencé à s'intéresser à plusieurs dossiers suivis par Antoine Sollacaro. Plusieurs pistes sont étudiées, mais l’enquête s'annonce, d’ores et déjà, difficile.
Le barreau ajaccien demande le déssaisissement de la JIRS
Le soutien des magistrats ajacciens et bastiais
En début d’après-midi, sur les mêmes marches, ce fut au tour de l’ensemble des magistrats ajacciens et fonctionnaires des tribunaux de grande instance et d'instance d’apporter leur soutien à la famille d’Antoine Sollacaro, en présence également de ses deux enfants et de s’associer au deuil des avocats. Après avoir observé une minute de silence, ils ont exprimé, dans une motion lue par la présidente du TGI, « leur profonde affliction », rappelé « qu’en s’attaquant au symbole de la défense, c’est la Justice toute entière qui est frappée » et réaffirmé « leur attachement dans l’application de la loi dans sa force et sa vigueur ». Ils ont également témoigné à l'ensemble des avocats « leur entière solidarité ».
Au palais de Justice de Bastia, les magistrats et l'ensemble des personnels se sont également réunis en assemblée générale extraordinaire pour dire leur émotion et témoigner de leur solidarité avec le barreau d’Ajaccio.
Réactions
« La violence comme une fatalité s’abat une nouvelle fois sur la Corse nous laissant, non seulement abasourdis mais dans une totale incompréhension .
Il n’est plus à dénombrer les assassinats depuis ce début d’année 2012. Ils fragilisent un peu plus un tissu social déjà déstabilisé par la crise économique alors même que la paix est un élément indispensable au développement de la Corse. Tous les assassinats sont condamnables et condamnés mais celui de Maître Antoine Sollacaro, éminent pénaliste, aggrave nos espoirs de solidarité et d’entente fraternelle.
Il touche au cœur le symbole de la justice toute entière et suscite une vive émotion au sein de la population.
Je tiens naturellement à exprimer mon soutien à toutes les familles et proches des victimes.
Je nourris de réelles craintes sur l’instauration d’une paix durable dans l’île que chacun appelle pourtant de ses vœux.
D’aucuns continuent à privilégier un mode d’expression qui déséquilibre chaque jour un peu plus notre démocratie.»
Pierre Chaubon, conseiller à l'assemblée de Corse
« Encore deux assassinats, dans une seule journée, deux de plus qui s’ajoutent à la longue liste des crimes qui brisent des familles et qui ensanglantent la Corse chaque année un peu plus, et des violences en tout genre qui la détruisent.
C’est la tragique réalité de la Corse aujourd’hui, et elle est insupportable pour tous ceux qui veulent construire et vivre dans la paix.
Attention ! Comme dit le vieil adage, prêté à tant d’auteurs : « Passées les bornes, il n’y a plus de limites ». Nous y sommes, hélas depuis un moment déjà. Et nous devons, chacun de nous et tous ensemble, condamner de toutes nos forces ce sinistre enchaînement et refuser avec la dernière énergie toute banalisation de la violence et le funeste destin que certains nous proposent et nous préparent. C’est la responsabilité de l’Etat ; c’est aussi la nôtre ; parce que cette dérive a quelque chose de suicidaire.
Il ne faut pourtant pas se décourager. C’est le seul moyen, malgré la chape de plomb qui s’abat sur notre île encore un peu plus, pour garder l’espoir, sans lequel on ne peut pas vivre, et tenter de bâtir une société plus juste, solidaire, fondée sur les valeurs humanistes et sur le respect des autres et tout simplement de la vie. »
Per a Pace
A la suite de l'assassinat perpétré sur la personne de Me Antoine Sollacaro, l'association Per A Pace ne peut une nouvelle fois que s'indigner sur cette barbarie qui gangrène notre île et qui n'a de cesse. Le respect des droits humains ne représente hélas plus grand chose, dans une île ou les violences politiques et de droit commun ont été banalisées depuis plus de vingt ans. L'association Per A Pace réaffirme son engagement pour le droit à la vie, le respect des droits humains et condamne avec la plus grande fermeté ce nouvel et lâche assassinat qui vient s'ajouter aux nombreux autres. La démocratie est aujourd'hui en danger. Un sursaut civique et citoyen est une urgente nécessité. L'association Per A Pace présente à sa famille ses plus sincères condoléances.