Le lundi 9 décembre 2024, la Collectivité de Corse a réuni chercheurs, gestionnaires de la faune et citoyens pour une journée scientifique dédiée à la conservation de deux espèces emblématiques de l’île : le Mouflon de Corse et le Ghjattu-Volpe, ou chat sauvage corse. Cette rencontre a mis en lumière l’urgence et les espoirs liés à la préservation de ces animaux, qui incarnent l’histoire et l’identité écologique de l’île. "Ces espèces ne sont pas seulement des animaux à protéger, elles font partie d'un patrimoine naturel et culturel unique en Corse", a déclaré Pierre Benedetti, chef technicien de l’environnement à l’OFB, en ouverture de la journée.
Le Mouflon de Corse : un siècle de lutte pour sa survie
Considéré comme un vestige vivant de l’histoire naturelle, le Mouflon de Corse (Ovis orientalis musimon) a traversé les millénaires pour devenir un symbole de la faune insulaire. Mais cette espèce, introduite il y a près de 10 000 ans, a bien failli disparaître au XXe siècle sous la pression de la chasse et de la réduction de son habitat. "Aujourd’hui, grâce à 50 ans de recherches rigoureuses et de collaborations scientifiques, les populations de Mouflon se sont stabilisées, mais les menaces demeurent omniprésentes", a averti Pierre Benedetti.
La sauvegarde du Mouflon repose sur des équipes pluridisciplinaires alliant généticiens, écologues, statisticiens et génopaléontologues. Ces experts travaillent à mieux comprendre l’évolution de l’espèce et à développer des stratégies adaptées à ses besoins. Les données issues de leurs travaux permettent de surveiller les dynamiques démographiques et de proposer des actions concrètes pour protéger ces animaux.
Espèce discrète mais tout aussi précieuse, le Ghjattu-Volpe intrigue autant qu’il fascine. Endémique de Corse, ce félin rare incarne un équilibre écologique fragile. Les recherches récentes ont confirmé son statut unique, mais ses effectifs sont menacés par la perte de son habitat naturel, la pollution et les maladies transmises par les chats domestiques. "Bien que cette espèce semble moins menacée que le Mouflon de Corse, elle reste vulnérable. La préservation de son habitat est essentielle à sa survie", a expliqué Pierre Benedetti.
Ce chat sauvage, symbole de la faune méditerranéenne, témoigne lui aussi de l’évolution insulaire. Les études actuelles visent à approfondir la compréhension de son comportement et de son écologie pour anticiper les défis à venir.
Un appel à la mobilisation collective
Cette journée scientifique a permis de faire le point sur les avancées et les défis qui jalonnent la conservation de ces deux espèces. Si les résultats obtenus sont encourageants, les chercheurs insistent sur l’importance d’une collaboration étroite entre les scientifiques, les gestionnaires des espaces naturels et les citoyens. "Ces espèces sont des témoins d'un passé lointain et incarnent une partie de l’histoire de l’île. Leur survie est une responsabilité commune", a conclu Pierre Benedetti.