Rassemblement du Collectif du 5 mai devant la Préfecture de Haute-Corse
Discours prononcé par Didier Grassi, membre du Collectif du 5 mai devant la Préfecture de Haute-Corse :
« Le 5 mai 1992, le foot français a tué 18 personnes et envoyé 2300 autres dans les hôpitaux… A cette époque l’Etat n’a pas su ou n’a pas voulu jouer son rôle de prévention…. Pourtant, il en avait les moyens, ce qui fait de lui aussi un des responsables de cette tragédie au-delà des quelques mois de prison avec sursis sanctionnant un de ses agents lampistes…sans que cela n’est d’ailleurs eu de conséquences sur sa carrière de haut fonctionnaire. La catastrophe de Furiani a ses origines en juillet 1991 à travers un accident survenu dans un village des Bouches du Rhône : une fête de village durant laquelle une petite tribune provisoire s’écroule provoquant quelques blessés. Suite à cet accident, des courriers d’experts, transmis au ministère de l’intérieur en juillet et novembre 91, soit 7 mois avant la tragédie de Furiani précisent notamment : « une véritable catastrophe est à craindre, par l’effondrement d’un gradin plus important de 25 rangs par exemple »
Il n’en a pas été tenu compte !!!! Et le comble est que l’expert choisi au lendemain du 5 mai pour faire les premières constations techniques est le même qui avait signalé des risques de catastrophe majeure si certaines mesures préventives n’étaient pas mises en œuvre…
Aujourd’hui, on l’a bien compris, les autorités du foot français n’ont jamais eu la volonté de prendre véritablement en considération ce qui c’est passé le 5 mai 92 a Furiani. C’est d’ailleurs sous la pression de la mobilisation populaire et des politiques que la FFF et la LFP ont finalement cédé pour que la 36 journée du championnat de la précédente saison soit déplacée. Le comité, mis en place par la FFF en avril dernier, s’est avéré rapidement être une mascarade et un alibi. Le choix du président de ce comité, qui s’oppose clairement, malgré son statut de victime, à la sacralisation du 5 mai, a montré qu’il n’y avait aucune volonté de prendre en considération l’argumentation avancée par les représentants des victimes et d’autres intervenants favorables à nos positions. Pire, y compris celles qui faisaient l’unanimité n’ont pas été retenues par le comité exécutif de la FFF en janvier 2013. On jouera donc au football, en ligue 1, dans 15 jours, le 5 mai 2013 et le titre de champion de France pourrait même être attribué ce jour-la pendant qu’ici on célèbrera le 21ème anniversaire de la tragédie….
Nous n’attendons plus rien du monde du foot fric français. Il est vrai que ses deux principaux responsables étaient déjà présents en 1992 comme président de la ligue nationale de football pour l’un et comme avocat en cassation de la FFF pour l’autre ; ceci explique surement cela…
La balle est maintenant dans le camp des politiques et notamment du gouvernement et de sa majorité au Parlement. Le président de la République, alors en campagne électorale, ici même, à Bastia, nous a exprimé son soutien. Sa ministre des sports a écrit en septembre 2012 : « Je pense également que le souvenir de cette tragédie justifie que la date d’anniversaire du 5 mai soit sacralisée à l’échelle nationale ».
L’Assemblée de Corse a voté, de son côté, à l’unanimité, une motion en février dernier, demandant qu’il ne soit plus programmé de rencontre de compétition nationale un 5 mai. Enfin, un projet de loi a été déposé à l’Assemblée Nationale par une quarantaine de députés de l’opposition à l’initiative de Sauveur Gandolfi-Scheit qui prône également cette sacralisation. Les députés de la majorité, sollicités par leurs collègues, Avi Assouly, victime de la catastrophe et François Pupponi, semblent avoir plus de réticences à accepter leur propre projet qui va aussi dans le même sens. Le lobby du foot fric joue à plein régime et fait feu de tous bois auprès du gouvernement et des députés socialistes. C’est pourquoi nous en appelons, aujourd’hui, à François Hollande pour que son soutien et celui explicite de sa ministre des sports se concrétise enfin.
En conclusion :
Oui, le football-fric français est responsable de la plus grande tragédie du sport français !
Oui, l’Etat a sa part de responsabilité dans la tragédie !
Oui, l’engagement pris par François Mitterand au lendemain du 5 mai doit être respecter !
Non, la catastrophe de Furiani n’est pas qu’une affaire corso-corse !
Non, les victimes et leurs proches ne doivent plus subir l’affront de titres et des festivités, qui les accompagnent, attribués par le foot français un 5 mai, comme en 2001 et 2010 !
Oui, enfin, les autorités publiques, l’Etat et les élus peuvent et doivent imposer la sacralisation du 5 mai aux autorités du football français ! ».
Lauda Guidicelli, porte-parole du Collectif du 5 mai 92
« Le 5 mai 1992, le foot français a tué 18 personnes et envoyé 2300 autres dans les hôpitaux… A cette époque l’Etat n’a pas su ou n’a pas voulu jouer son rôle de prévention…. Pourtant, il en avait les moyens, ce qui fait de lui aussi un des responsables de cette tragédie au-delà des quelques mois de prison avec sursis sanctionnant un de ses agents lampistes…sans que cela n’est d’ailleurs eu de conséquences sur sa carrière de haut fonctionnaire. La catastrophe de Furiani a ses origines en juillet 1991 à travers un accident survenu dans un village des Bouches du Rhône : une fête de village durant laquelle une petite tribune provisoire s’écroule provoquant quelques blessés. Suite à cet accident, des courriers d’experts, transmis au ministère de l’intérieur en juillet et novembre 91, soit 7 mois avant la tragédie de Furiani précisent notamment : « une véritable catastrophe est à craindre, par l’effondrement d’un gradin plus important de 25 rangs par exemple »
Il n’en a pas été tenu compte !!!! Et le comble est que l’expert choisi au lendemain du 5 mai pour faire les premières constations techniques est le même qui avait signalé des risques de catastrophe majeure si certaines mesures préventives n’étaient pas mises en œuvre…
Aujourd’hui, on l’a bien compris, les autorités du foot français n’ont jamais eu la volonté de prendre véritablement en considération ce qui c’est passé le 5 mai 92 a Furiani. C’est d’ailleurs sous la pression de la mobilisation populaire et des politiques que la FFF et la LFP ont finalement cédé pour que la 36 journée du championnat de la précédente saison soit déplacée. Le comité, mis en place par la FFF en avril dernier, s’est avéré rapidement être une mascarade et un alibi. Le choix du président de ce comité, qui s’oppose clairement, malgré son statut de victime, à la sacralisation du 5 mai, a montré qu’il n’y avait aucune volonté de prendre en considération l’argumentation avancée par les représentants des victimes et d’autres intervenants favorables à nos positions. Pire, y compris celles qui faisaient l’unanimité n’ont pas été retenues par le comité exécutif de la FFF en janvier 2013. On jouera donc au football, en ligue 1, dans 15 jours, le 5 mai 2013 et le titre de champion de France pourrait même être attribué ce jour-la pendant qu’ici on célèbrera le 21ème anniversaire de la tragédie….
Nous n’attendons plus rien du monde du foot fric français. Il est vrai que ses deux principaux responsables étaient déjà présents en 1992 comme président de la ligue nationale de football pour l’un et comme avocat en cassation de la FFF pour l’autre ; ceci explique surement cela…
La balle est maintenant dans le camp des politiques et notamment du gouvernement et de sa majorité au Parlement. Le président de la République, alors en campagne électorale, ici même, à Bastia, nous a exprimé son soutien. Sa ministre des sports a écrit en septembre 2012 : « Je pense également que le souvenir de cette tragédie justifie que la date d’anniversaire du 5 mai soit sacralisée à l’échelle nationale ».
L’Assemblée de Corse a voté, de son côté, à l’unanimité, une motion en février dernier, demandant qu’il ne soit plus programmé de rencontre de compétition nationale un 5 mai. Enfin, un projet de loi a été déposé à l’Assemblée Nationale par une quarantaine de députés de l’opposition à l’initiative de Sauveur Gandolfi-Scheit qui prône également cette sacralisation. Les députés de la majorité, sollicités par leurs collègues, Avi Assouly, victime de la catastrophe et François Pupponi, semblent avoir plus de réticences à accepter leur propre projet qui va aussi dans le même sens. Le lobby du foot fric joue à plein régime et fait feu de tous bois auprès du gouvernement et des députés socialistes. C’est pourquoi nous en appelons, aujourd’hui, à François Hollande pour que son soutien et celui explicite de sa ministre des sports se concrétise enfin.
En conclusion :
Oui, le football-fric français est responsable de la plus grande tragédie du sport français !
Oui, l’Etat a sa part de responsabilité dans la tragédie !
Oui, l’engagement pris par François Mitterand au lendemain du 5 mai doit être respecter !
Non, la catastrophe de Furiani n’est pas qu’une affaire corso-corse !
Non, les victimes et leurs proches ne doivent plus subir l’affront de titres et des festivités, qui les accompagnent, attribués par le foot français un 5 mai, comme en 2001 et 2010 !
Oui, enfin, les autorités publiques, l’Etat et les élus peuvent et doivent imposer la sacralisation du 5 mai aux autorités du football français ! ».
Lauda Guidicelli, porte-parole du Collectif du 5 mai 92
Lettre ouverte du Collectif du 5 mai au Président de la République, François Hollande.
« Monsieur le Président de la République,
Le 5 mai 1992, il y a bientôt 21 ans, la Tribune Nord du stade Armand Cesari s'effondre causant la mort de 18 personnes et faisant plus de 2300 blessés. Le drame de Furiani est toujours présent dans les mémoires.
Cependant, les mobilisations multiples de milliers de personnes tant en Corse que sur le Continent n'ont pu faire admettre l'ampleur nationale de cette catastrophe aux autorités du football et aux pouvoirs publics.
N'oublions pas que la chaîne de responsabilités est multiple : responsabilités locales, des autorités du football, du Gouvernement de l'époque et de ses représentants en Corse...
De plus, le Ministère de l’Intérieur avait été alerté en juillet et novembre 1991 de l’imminence d’une telle catastrophe après un accident survenu lors d’une fête de village dans les Bouches du Rhône (Ceyreste). Malgré cela, les Préfets n’ont semble-t-il pas été prévenus de ces risques et aucune note d’alerte n'a été publiée. Le comble de cette affaire est que l’Expert qui avait alerté le gouvernement (nous avons en notre possession les différents courriers et articles de journaux traitant de ce dossier) est celui nommé au lendemain de la chute de la tribune afin de faire les premières constatations techniques…
La responsabilité de l’État est, par conséquent, engagée bien au-delà des quelques mois de condamnation avec sursis prononcés à l’encontre de l’un de ses représentants. L’État, à l’époque, n’a pas su ou n’a pas voulu jouer son rôle préventif, ce qui fait de lui l'un des responsables de cette tragédie.
Bien évidemment, les autres responsables ne sont ni dédouanés, ni occultés, cependant, Monsieur le Président, aux vues de ces éléments, il est temps pour vous, de prendre position sur notre demande de sacralisation et de respecter le soutien que vous nous avez apporté.
Nous vous interpellons car le Comité Exécutif de la FFF n’a pas eu la décence de tenir compte des propositions, y compris celles qui faisaient l’unanimité, débattues au sein du comité de réflexion mis en place par Noël Le Graët. Ainsi, la FFF et son appendice, la Ligue de Football Professionnel, gestionnaire du « foot-fric », n’ont pas souhaité faire du 5 mai un jour sans football. Et ce, sans nous donner de raisons, preuve de leur "je m'en foutisme" et de leur absence de certaines valeurs universelles. Il faut savoir que ceux qui dirigent les instances du football aujourd’hui, étaient déjà présents dans cette affaire, l’un en qualité de Président de la Ligue Nationale du Football, l’autre avec son cabinet d’avocats comme défenseur en cassation de la Fédération Française de Football. Nous comprenons mieux pourquoi tout a été fait (lobbying auprès de députés et cabinets ministériels, journalistes, familles du football…) pour ne pas tenir compte des revendications de sacralisation du 5 mai portées par les représentants des victimes. Il est en effet difficile d'être juge et partie!
On jouera donc le dimanche 5 mai 2013 et on pourrait même, comme en 2001 et 2010, faire la fête autour d’un titre ce jour-là, alors que les victimes, leurs proches et de nombreux citoyens commémoreront au même moment, comme tous les ans, la plus grande tragédie du sport français.
Monsieur le Président de la République, aujourd’hui, vous et votre majorité à l'Assemblée Nationale, avez la possibilité de transformer votre soutien par des actes concrets. Soutien confirmé par votre Ministre des Sports dans un courrier datant de septembre 2012. Ainsi, l’engagement pris par François Mitterrand, au lendemain de cette tragédie serait enfin respecté. Pour cela, des députés de votre majorité, tout comme des députés de l’opposition ont initié des démarches législatives allant dans le sens de la sacralisation du 5 mai. Nous déplorons d'ailleurs que seul le projet de loi de l'opposition ait été approuvé et déposé auprès des bureaux de l'Assemblée Nationale, alors que celui de la majorité n'aboutit toujours pas à un consensus. Nous vous demandons expressément d’accompagner ces initiatives qui doivent et peuvent transcender les clivages politiques comme cela a été le cas ici en Corse à travers, par exemple, deux motions votées à l’unanimité au sein de l’Assemblée de Corse sur ce sujet. Nous vous rappelons que ces deux motions ont été transmises au Gouvernement. Nous vous demandons, par conséquent, de prendre en compte cette expression forte et solennelle sauf à exprimer une forme de mépris à l’égard des représentants élus de la Corse.
Sacraliser la date du 5 mai ne correspond nullement à une auto-flagellation, mais il s'agit bel et bien de restituer des valeurs humaines au sport, en un mot des valeurs sociétales, universelles...
Dans l’attente, et restant à votre entière disposition pour toute information complémentaire, nous vous demandons, à nouveau, de nous accorder une entrevue sur ce sujet.
Veuillez croire, Monsieur le Président de la République, à l’expression de notre profond respect. »
Quelques réactions politiques
Gilles Simeoni, élu territorial Femu a Corsica, conseiller municipal Inseme per Bastia
« Notre présence, à ce rassemblement, est naturelle. Nous réaffirmons notre soutien total à la démarche du Collectif qui répond à une exigence de justice et de respect de la parole donnée, y compris par les plus hautes autorités de l’Etat. Je pense, notamment, à la promesse solennelle qui a été faite par François Mitterrand. L’Assemblée de Corse a pris une délibération qui a été votée de façon unanime. Lorsqu’on voit, à la fois, la dignité des représentants du Collectif du 5 mai, le soutien sans faille dont ils bénéficient de la part de la population, la présence, aujourd’hui, de nombreux clubs sportifs, de professionnels du Sporting, de toute cette jeunesse, de tous ces gens qui sont, simplement, ici, en quête de respect et de dignité, je pense que la position actuelle du football français n’est plus tenable, le silence et le mépris des politiques français ne sont plus acceptables. En campagne électorale, François Hollande avait pris des engagements, sa ministre des Sports a, aussi, pris des engagements, il est plus que temps qu’ils les tiennent ! »
Paul-Félix Benedetti, élu territorial, leader d’U Rinnovu Naziunale
«Notre présence à ce rassemblement n’est que le témoignage d’un engagement de solidarité très long. Ça fait 21 ans que nous venons, à chaque occasion, apporter notre soutien et notre témoignage aux victimes dans leur long cheminement pour tenter d’obtenir réparation et, surtout, des compensations à la hauteur de la catastrophe. C’est-à-dire que le 5 mai soit, non seulement pour la Corse, mais pour l’ensemble du sport international, une date de recueillement et de compassion afin qu’il n’y ait plus de drame. Il faut qu’on garde en mémoire ce qu’il ne faut pas faire. Aujourd’hui, la France bafoue ce principe au nom de la logique de l’argent qui prévaut essentiellement dans le football professionnel. Alors que l’année compte 365 jours, elle se refuse à supprimer 1 jour qui, de temps en temps, est un jour de fin de semaine où il y a des matchs ! »
Michel Castellani, élu territorial Femu a Corsica, conseiller municipal Inseme per Bastia
«Nous sommes ici parce que nous estimons que nous avons, tous, un devoir de mémoire envers les victimes. Cette question de la sacralisation du 5 mai dépasse le cadre insulaire et intéresse l’ensemble du Sport. Elle est claire : où on respecte les morts, les victimes et leurs familles, ou on ne les respecte pas ! Nous voulons qu’ils soient respectés ».
Stéphane Vesperini, représentant, en tant que délégué aux Sports, de la Fédération socialiste de Haute-Corse et de sa 1ère secrétaire Emmanuelle de Gentili :
«Nous soutenons, depuis le début, le Collectif dans sa démarche. Nous voulons que la demande légitime de ce Collectif aboutisse enfin. Emmanuelle De Gentili appuye cette demande. Elle a adressé un courrier au Président de la République, elle lui avait déjà adressé un courrier quand il était candidat. Elle a également adressé un courrier aux Présidents de la LFP et de la FFF, ainsi qu’aux ministres concernés et au groupe socialiste à l’Assemblée Nationale. »
Anthony Agostini, Directeur de la sécurité et représentant du Sporting
«Je suis venu apporter le soutien du Sporting et de l’ensemble des composantes du Sporting au combat du Collectif. Nous soutenons, bien évidemment, l’action du Collectif pour faire en sorte qu’il y ait une sacralisation du 5 mai. Ce combat dure, désormais, depuis plus d’1 an et demi. Plusieurs initiatives ont été prises, notamment des propositions de lois, des pétitions, etc. Force est de constater que, pour certaines rencontres, la journée de championnat a été fixée au 5 mai. C’est assez dommageable. Le combat n’est donc pas terminé. »