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La navigation dans la réserve de Scandola bientôt limitée ?


le Vendredi 17 Janvier 2025 à 08:19

Face à un déclin général de la biodiversité marine constaté depuis quelques années dans la réserve, l'État a décidé d'agir en demandant la révision de son décret de création. Ce projet, actuellement soumis à enquête publique jusqu'au 12 février, vise avant tout à mettre fin au principe de navigation libre dans les eaux de Scandola.



C’est un espace sanctuarisé depuis maintenant 40 ans. Sur la façade Ouest de la Corse, la réserve de Scandola abrite des trésors littoraux et sous-marins sans pareil. Mais dans le même temps, ses paysages exceptionnels à la renommée internationale attirent chaque année des milliers de visiteurs, faisant subir une pression importante à ses écosystèmes fragiles. Afin de protéger la biodiversité marine, en avril 2022 le secrétaire d’État à la Biodiversité avait demandé au préfet de Corse, avec l’appui du préfet maritime, de réviser rapidement le décret de création de la réserve afin de la « doter d’une protection effective de l’herbier de posidonie et du balbuzard pêcheur », et « d’appréhender les questions d’hyper fréquentation ». Un projet de révision qui est désormais soumis à une enquête publique préalable jusqu’au 12 février prochain.
 
Dans une note de présentation de cette enquête publique, la Direction de la mer et du littoral de Corse (DMLC), souligne tout d’abord que l’on « observe depuis quelques années, un déclin général de la biodiversité marine dans la réserve naturelle ». « Si la cause est vraisemblablement multifactorielle, les scientifiques établissent une corrélation entre les dégradations observées sur l’écosystème marin et le développement exponentiel de la fréquentation maritime », relève la DMLC en pointant que cette dernière est « en majeure partie liée au nautisme ». Des activités de plaisance ou de promenades en mer qui atteignent leur paroxysme pendant la saison estivale, dérangeant la faune ou causant des fictions sur les habitats. « L’intensité actuellement observée de ces pressions sur l’écosystème marin est incompatible avec les objectifs de préservation du patrimoine naturel sur le long terme portés par l’aire protégée », appuie la DMLC.
 
La fin du principe de navigation libre
 
Elle déplore en outre une situation « particulièrement alarmante pour le balbuzard pêcheur, une espèce d’oiseau protégée sur le plan national très sensible à la présence anthropique autour des nids ». « La diminution drastique de son succès reproducteur, observée depuis 2010, pourrait mettre en péril la conservation de ce rapace sur le territoire », constate-t-elle en ajoutant : « Les instances locales, nationales et internationales de protection de la nature soulignent la nécessité d’édicter dans le nouveau décret une protection forte pour cette espèce ». Dans cette optique, le changement principal porté par ce projet de révision du décret de création de la réserve de Scandola serait de mettre fin au principe de la navigation libre, initialement édicté par le décret de 1975.
 
Tout d’abord, la révision du décret créerait ainsi une zone de protection intégrale entre Punta Palazzu et l’île de Gargalu, un « hot spot » tout accès serait interdit. « Cette mise sous cloche vise à protéger de nombreuses espèces et habitats sensibles (encorbellements à Lithophyllum byssoides, Puffins de Scopoli, Cormorans huppés, balbuzards pêcheurs, corbs, mérous ou encore corail rouge) d’une pression nautique particulièrement élevée. En effet, de par la configuration des côtes de la réserve naturelle, deux caps concentrent une proportion importante des passages : la passe de Gargalo et la passe de Punta Palazzu, toutes deux comprises dans la zone de protection intégrale proposée », explique la DMLC.
 
Par ailleurs, dans « six zones de protection renforcée » autour de sept nids de balbuzard pêcheurs, tout accès dans un rayon de 250 m serait interdit entre le 15 février et le 31 août, durant la période de reproduction. Il est également proposé d’inclure aux quelques 1585 hectares actuels, 14 hectares supplémentaires au Sud de la réserve, à hauteur de Punta Scandola, pour protéger deux nids de balbuzard supplémentaires.
 
Enfin, serait aussi imposée une « interdiction générale de mouillage à l’ancre sur l’ensemble de la réserve naturelle, de jour et de nuit, afin de préserver les fonds marins, dont l’herbier de posidonie », la « limitation de la vitesse de navigation à 5 nœuds afin de réduire les pressions acoustiques sur le milieu et le dérangement associé », ainsi que « l’extension en mer de l’interdiction de survol à moins de 1000 mètres qui, actuellement, n’est édictée sur sur la partie terrestre de la réserve naturelle ».
 
Le document de la DMLC indique également que l’Office de l’Environnement de la Corse (OEC) et le Parc Naturel Régional de Corse (PNRC) travaillent à « un contingentement de la réserve naturelle par un système de licence afin de limiter et de discriminer la fréquentation nautique au sein de l’aire protégée ». « Les critères de sélection des navires seront définis avec le territoire dans le cadre d’une concertation active pilotée par les gestionnaires. De plus, une étude sur la capacité de charge de la réserve naturelle, en cours de production par l’OEC, permettra d’éclairer le débat », précise la note de présentation.
 
Une réunion publique organisée ce 17 janvier
 
Afin que la population puisse prendre connaissance de ce projet de révision du décret et faire part de son avis, une réunion d’information et d’échange avec public est prévue ce vendredi à 14h à la tour de Galeria.Toute personne peut également prendre connaissance du dossier dans les mairies d’Osani, de Galeria, de Calvi et de Piana, ainsi sur que sur le registre d’enquête dématérialisé  sur lequel il est possible de consigner ses observations et propositions.
 
De son côté, dans une publication de ce mercredi, U Levante s’est d’ores et déjà félicité d’un « très bon projet de révision du décret ». « Aujourd’hui, nul ne peut ignorer ou nier le problème de la surfréquentation qui met en danger l’exceptionnelle biodiversité de la réserve naturelle de Scandula », a notamment commenté l’association.