L'équipe éditoriale d'ARRITTI, Max Simeoni, François Alfonsi, Fabienne Giovannini et Antonia Luciani, entourée des militants de Femu a Corsica.
- Pourquoi, il y a 50 ans, avez-vous créé Arriti ?
- Max Simeoni : Ma génération finissait ses études. La Corse bougeait beaucoup. L’île se vidait, il n’y avait que 160 000 habitants, les gens étaient attirés par l’extérieur, par les Trente Glorieuses. Ceux qui restaient étaient mécontents. Certains ont tenté de poser le problème sous l’angle économique. Le pharmacien Martini, qui était Gaulliste, présentait des dossiers parce qu’il disait que les élus n’étaient pas foutus de le faire. A l’époque, ceux qui s’intéressaient à l’économie étaient rares, aujourd’hui, c’est un lieu commun ! A partir des travaux de Martini, le Mouvement du 29 novembre a déclenché une réaction populaire : tout le monde était dans la rue pour demander notre droit. Le sentiment général était que nous étions les enfants abandonnés du foyer français. Malgré plusieurs manifestations à Bastia et à Ajaccio, ces mouvements ont échoué parce qu’ils s’étaient trompés d’analyse, ils n’avaient pas de stratégie. Nous avons fini par le comprendre.
- Qu’avez-vous fait alors ?
- Max Simeoni : Nous avions l’esprit assez clair sur les mécanismes à mettre en œuvre, le problème était de trouver les mots adaptés à l’état d’esprit d’ici. La Corse était en pleine dépression, mais la presse locale de l’époque restait concentrée sur les problèmes habituels. Radio Corse, c’était Radio François Giacobbi et préfets ! Les deux quotidiens de presse écrite étaient inféodés aux partis politiques. Ils nous prenaient pour des hurluberlus, nous accusaient de tous les maux et nous snobaient. Donc, la nécessité de faire un journal est apparue. Nous étions si peu informés du journalisme et de ses contraintes que je voulais un quotidien. Quand on a vu l’argent qu’il fallait aligner, on s’est contenté d’un hebdomadaire.
- Max Simeoni : Ma génération finissait ses études. La Corse bougeait beaucoup. L’île se vidait, il n’y avait que 160 000 habitants, les gens étaient attirés par l’extérieur, par les Trente Glorieuses. Ceux qui restaient étaient mécontents. Certains ont tenté de poser le problème sous l’angle économique. Le pharmacien Martini, qui était Gaulliste, présentait des dossiers parce qu’il disait que les élus n’étaient pas foutus de le faire. A l’époque, ceux qui s’intéressaient à l’économie étaient rares, aujourd’hui, c’est un lieu commun ! A partir des travaux de Martini, le Mouvement du 29 novembre a déclenché une réaction populaire : tout le monde était dans la rue pour demander notre droit. Le sentiment général était que nous étions les enfants abandonnés du foyer français. Malgré plusieurs manifestations à Bastia et à Ajaccio, ces mouvements ont échoué parce qu’ils s’étaient trompés d’analyse, ils n’avaient pas de stratégie. Nous avons fini par le comprendre.
- Qu’avez-vous fait alors ?
- Max Simeoni : Nous avions l’esprit assez clair sur les mécanismes à mettre en œuvre, le problème était de trouver les mots adaptés à l’état d’esprit d’ici. La Corse était en pleine dépression, mais la presse locale de l’époque restait concentrée sur les problèmes habituels. Radio Corse, c’était Radio François Giacobbi et préfets ! Les deux quotidiens de presse écrite étaient inféodés aux partis politiques. Ils nous prenaient pour des hurluberlus, nous accusaient de tous les maux et nous snobaient. Donc, la nécessité de faire un journal est apparue. Nous étions si peu informés du journalisme et de ses contraintes que je voulais un quotidien. Quand on a vu l’argent qu’il fallait aligner, on s’est contenté d’un hebdomadaire.
- Le titre « ARRITTI », c’était déjà tout un programme ?
- Max Simeoni : Oui ! Il est venu de deux commerçants, Le Bomin et Confortini, qui se battaient dur parce qu’il était question de rétablir les droits indirects qui, en Corse, avaient été supprimés. Par exemple, la vignette auto. Nous les soutenions. Ils nous ont emmené chez un imprimeur et ont proposé : ARRITTI comme un cri. D’ailleurs, dans le premier numéro, les lettres du titre sont croissantes avec un point d’exclamation. La figure, qui se trouvait dans l’en-tête, était une tête de maure avec les outils des pionniers, le fusil et la pioche, croisés. C’était une façon de dire qu’il fallait être pionnier chez soi, c’était un cri : DEBOUT ! Ne nous laissons plus endormir ! C’était le premier journal militant.
- Comment ce journal, qui est né d’un cri de colère, a-t-il pu durer 50 ans ?
- Max Simeoni : Les militants ! Sans eux, on n’aurait rien pu. Pendant un an, quand le journal a été imprimé à Marseille, ils ont fait la soudure. Ils se sont identifiés au journal, ils ont pris les abonnements. De toute façon, nous étions du genre têtu. Quand nous investissions dans une action et que ça ne donnait pas le résultat escompté, le cercle des militants enthousiastes était un peu déprimé. Par exemple, les premières élections, auxquelles nous avons participé, nous les concevions comme une tribune, pas pour avoir un résultat électoral. C’était le temps du vote par correspondre, on ne touchait pas terre ! Pendant une semaine, les militants se disaient qu’on perdait notre temps et que les Corses étaient tous morts à Ponte Novu ! Puis, l’optimisme finissait par l’emporter ! Je ne me suis jamais fait d’illusion, j’ai toujours pensé que c’était un combat très long, le combat de toute une vie. Je me disais que si j’en voyais un peu la fin, je serais très heureux.
- François Alfonsi : La ligne éditoriale est politisée, elle défend une option politique en argumentant autour des évènements et en montrant comment ceux-ci peuvent être interprétés dans un logiciel d’avenir du peuple corse. C’est un exercice astreignant, mais chaque fois que nous faisons l’effort de la réflexion et de sa formulation à travers un article, nous sommes mieux armés politiquement parce que la vision est plus claire, plus réfléchie et plus posée. ARRITTI est un outil politique, pas seulement pour ceux qui le lisent, mais aussi pour nous qui rédigeons.
- Les grandes heures d’ARRITTI collent-elles aux grands évènements politiques insulaires ?
- Max Simeoni : Obligatoirement. En amont ou en aval, le journal jouait en anticipation ou en exploitation des situations. Par exemple, la dénonciation des polices parallèles, nous l’avons menée parce que nous n’avons pas sous-estimé le danger. Nous avons vu que cela menait à l’affrontement entre Corses. Nous avons porté ce combat politiquement avec ARRITTI d’une façon claire, mais prudente. Nous avons vraiment marché sur le fil du rasoir pendant pas mal de temps. ARRITTI nous permettait d’ajuster le ton suivant les besoins du moment.
- François Alfonsi : ARRITTI a joué un rôle important dans la dimension européenne du combat du peuple corse à travers, à la fois, le contenu du journal et ses articles, mais aussi, à partir des années 80, l’organisation d’évènements : les journées d’ARRITTI. Nous avons fait venir en Corse Aina Moll qui fut la première directrice linguistique de Catalogne, Karlos Garalcoetxea, premier président du gouvernement basque après le franquisme, Willy Kuijpers, le député européen flamand qui est à l’origine de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, Nelly Maes qui a pris sa suite, John Hume, Prix Nobel de la paix est venu présenter le problème irlandais… Il y a eu aussi Karel Von Miert, un Flamand, commissaire européen aux transports. Pour l’anecdote, il avait pris un billet Marseille-Bruxelles sur la SABENA, la compagnie d’aviation belge de l’époque, qui a annulé le vol parce qu’il n’y avait qu’un seul passager. Il a tenu à honorer sa parole et a pris un avion spécial pour venir aux Journées. ARRITTI a joué un rôle pour que la Corse soit un peu plus audible en Europe.
- Max Simeoni : Oui ! Il est venu de deux commerçants, Le Bomin et Confortini, qui se battaient dur parce qu’il était question de rétablir les droits indirects qui, en Corse, avaient été supprimés. Par exemple, la vignette auto. Nous les soutenions. Ils nous ont emmené chez un imprimeur et ont proposé : ARRITTI comme un cri. D’ailleurs, dans le premier numéro, les lettres du titre sont croissantes avec un point d’exclamation. La figure, qui se trouvait dans l’en-tête, était une tête de maure avec les outils des pionniers, le fusil et la pioche, croisés. C’était une façon de dire qu’il fallait être pionnier chez soi, c’était un cri : DEBOUT ! Ne nous laissons plus endormir ! C’était le premier journal militant.
- Comment ce journal, qui est né d’un cri de colère, a-t-il pu durer 50 ans ?
- Max Simeoni : Les militants ! Sans eux, on n’aurait rien pu. Pendant un an, quand le journal a été imprimé à Marseille, ils ont fait la soudure. Ils se sont identifiés au journal, ils ont pris les abonnements. De toute façon, nous étions du genre têtu. Quand nous investissions dans une action et que ça ne donnait pas le résultat escompté, le cercle des militants enthousiastes était un peu déprimé. Par exemple, les premières élections, auxquelles nous avons participé, nous les concevions comme une tribune, pas pour avoir un résultat électoral. C’était le temps du vote par correspondre, on ne touchait pas terre ! Pendant une semaine, les militants se disaient qu’on perdait notre temps et que les Corses étaient tous morts à Ponte Novu ! Puis, l’optimisme finissait par l’emporter ! Je ne me suis jamais fait d’illusion, j’ai toujours pensé que c’était un combat très long, le combat de toute une vie. Je me disais que si j’en voyais un peu la fin, je serais très heureux.
- François Alfonsi : La ligne éditoriale est politisée, elle défend une option politique en argumentant autour des évènements et en montrant comment ceux-ci peuvent être interprétés dans un logiciel d’avenir du peuple corse. C’est un exercice astreignant, mais chaque fois que nous faisons l’effort de la réflexion et de sa formulation à travers un article, nous sommes mieux armés politiquement parce que la vision est plus claire, plus réfléchie et plus posée. ARRITTI est un outil politique, pas seulement pour ceux qui le lisent, mais aussi pour nous qui rédigeons.
- Les grandes heures d’ARRITTI collent-elles aux grands évènements politiques insulaires ?
- Max Simeoni : Obligatoirement. En amont ou en aval, le journal jouait en anticipation ou en exploitation des situations. Par exemple, la dénonciation des polices parallèles, nous l’avons menée parce que nous n’avons pas sous-estimé le danger. Nous avons vu que cela menait à l’affrontement entre Corses. Nous avons porté ce combat politiquement avec ARRITTI d’une façon claire, mais prudente. Nous avons vraiment marché sur le fil du rasoir pendant pas mal de temps. ARRITTI nous permettait d’ajuster le ton suivant les besoins du moment.
- François Alfonsi : ARRITTI a joué un rôle important dans la dimension européenne du combat du peuple corse à travers, à la fois, le contenu du journal et ses articles, mais aussi, à partir des années 80, l’organisation d’évènements : les journées d’ARRITTI. Nous avons fait venir en Corse Aina Moll qui fut la première directrice linguistique de Catalogne, Karlos Garalcoetxea, premier président du gouvernement basque après le franquisme, Willy Kuijpers, le député européen flamand qui est à l’origine de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, Nelly Maes qui a pris sa suite, John Hume, Prix Nobel de la paix est venu présenter le problème irlandais… Il y a eu aussi Karel Von Miert, un Flamand, commissaire européen aux transports. Pour l’anecdote, il avait pris un billet Marseille-Bruxelles sur la SABENA, la compagnie d’aviation belge de l’époque, qui a annulé le vol parce qu’il n’y avait qu’un seul passager. Il a tenu à honorer sa parole et a pris un avion spécial pour venir aux Journées. ARRITTI a joué un rôle pour que la Corse soit un peu plus audible en Europe.
- L’impact d’ARRITI avait-il dépassé les frontières insulaires ?
- Max Simeoni : Oui ! ARRITTI a, aussi, joué un rôle dans les autres régions françaises qui portaient des revendications régionalises et autonomistes. A un moment donné, nous étions totalement isolés et à la recherche de tribunes, j’avais, donc, imaginé de présenter ma candidature à l’élection présidentielle de 1974 de façon à, pendant quelques temps, saouler les Français du problème corse ! C’était l’époque où les candidatures étaient libres, il n’y avait pas besoin de verser de l’argent, ni d’obtenir des signatures. Il y avait, donc, une flopée de candidats, il y en avait même un qui représentait les locataires, c’est vous dire ! J’y ai renoncé se présentait déjà Guy Héraud, le candidat du mouvement fédéraliste européen, un mouvement intellectuel qui allait à l’encontre de l’Etat jacobin, mais sans enracinement. Lors d’une réunion, le représentant de l’Alsace me dit : « Vous les Corses, le jour où vous aurez fait une faille dans la cuirasse, on s’engouffrera derrière ! ». Les élus régionalistes européens ont bien suivi le problème corse parce qu’ils étaient abonnés à ARRITTI. Ce qui se passait en Corse avait un grand impact psychologique.
- Quelle est la Une d’ARRITI qui vous a le plus marquée ?
- François Alfonsi : J’avais une vingtaine d’années quand j’ai découvert ARRITTI. Je suis tombé sur une Une qui titrait : « Je suis un Nationaliste corse ». J’ai été accroché par ces mots et la réflexion portée par cet article qui était publié en Une.
- Max Simeoni : J'ai signé cet article. J’avais mis ce titre un peu accrocheur pour l’époque pour parler de la notion du peuple corse. Les jeunes s’étaient un peu radicalisés, pas encore au niveau de la clandestinité, mais des idées et parlaient d’autonomie. Nous la voulions aussi, mais nous allions plus doucement, nous étions dans une approche pédagogique alors qu’eux étaient dans la prise en compte de l’injustice. Pour asseoir l’idée du peuple corse, j’ai dit « Je suis un nationaliste corse » et j’ai expliqué pourquoi je l’étais.
- Comment ARRITI a-t-il réussi à ne pas être interdit au moment d’Aleria ?
- Max Simeoni : Comme nous avions déjà subi deux ou trois expériences de barbouzes et que nous avions eu un peu de chance et un peu de nez pour les désamorcer, je me suis méfié. Quand nous avons programmé Aleria, nous n’avons pas du tout imaginé le scénario qui s’est passé, c’est Poniatowski qui le crée avec son intervention massive. Je me suis dit qu’il fallait protégé le titre. Je savais que des organismes révolutionnaires d’Extrême Gauche étaient dissous et leur journal avec. Quelque temps auparavant, j’ai mis le journal au nom de ma mère pour qu’il n’y ait pas de liens juridiques avec moi et le mouvement. J’ai su, par la suite, qu’il était question de l’interdire, mais ils ont hésité parce que le fond juridique ne tenait pas, nous aurions fait appel et cela aurait entretenu la publicité.
- Max Simeoni : Oui ! ARRITTI a, aussi, joué un rôle dans les autres régions françaises qui portaient des revendications régionalises et autonomistes. A un moment donné, nous étions totalement isolés et à la recherche de tribunes, j’avais, donc, imaginé de présenter ma candidature à l’élection présidentielle de 1974 de façon à, pendant quelques temps, saouler les Français du problème corse ! C’était l’époque où les candidatures étaient libres, il n’y avait pas besoin de verser de l’argent, ni d’obtenir des signatures. Il y avait, donc, une flopée de candidats, il y en avait même un qui représentait les locataires, c’est vous dire ! J’y ai renoncé se présentait déjà Guy Héraud, le candidat du mouvement fédéraliste européen, un mouvement intellectuel qui allait à l’encontre de l’Etat jacobin, mais sans enracinement. Lors d’une réunion, le représentant de l’Alsace me dit : « Vous les Corses, le jour où vous aurez fait une faille dans la cuirasse, on s’engouffrera derrière ! ». Les élus régionalistes européens ont bien suivi le problème corse parce qu’ils étaient abonnés à ARRITTI. Ce qui se passait en Corse avait un grand impact psychologique.
- Quelle est la Une d’ARRITI qui vous a le plus marquée ?
- François Alfonsi : J’avais une vingtaine d’années quand j’ai découvert ARRITTI. Je suis tombé sur une Une qui titrait : « Je suis un Nationaliste corse ». J’ai été accroché par ces mots et la réflexion portée par cet article qui était publié en Une.
- Max Simeoni : J'ai signé cet article. J’avais mis ce titre un peu accrocheur pour l’époque pour parler de la notion du peuple corse. Les jeunes s’étaient un peu radicalisés, pas encore au niveau de la clandestinité, mais des idées et parlaient d’autonomie. Nous la voulions aussi, mais nous allions plus doucement, nous étions dans une approche pédagogique alors qu’eux étaient dans la prise en compte de l’injustice. Pour asseoir l’idée du peuple corse, j’ai dit « Je suis un nationaliste corse » et j’ai expliqué pourquoi je l’étais.
- Comment ARRITI a-t-il réussi à ne pas être interdit au moment d’Aleria ?
- Max Simeoni : Comme nous avions déjà subi deux ou trois expériences de barbouzes et que nous avions eu un peu de chance et un peu de nez pour les désamorcer, je me suis méfié. Quand nous avons programmé Aleria, nous n’avons pas du tout imaginé le scénario qui s’est passé, c’est Poniatowski qui le crée avec son intervention massive. Je me suis dit qu’il fallait protégé le titre. Je savais que des organismes révolutionnaires d’Extrême Gauche étaient dissous et leur journal avec. Quelque temps auparavant, j’ai mis le journal au nom de ma mère pour qu’il n’y ait pas de liens juridiques avec moi et le mouvement. J’ai su, par la suite, qu’il était question de l’interdire, mais ils ont hésité parce que le fond juridique ne tenait pas, nous aurions fait appel et cela aurait entretenu la publicité.
- Quel est, pour vous, le plus beau moment d’ARRITI ?
- Max Simeoni : Aujourd’hui ! Parce qu’on peut faire le point de 50 ans d’évolution de la société corse qui a complètement changé. Les idées ont avancé. L’institutionnel est investi par les Nationalistes. C’est un bon moment, c’est un bon début, mais il est loin de nous donner toutes les garanties. Tout le travail reste à faire, alors psychologiquement, je suis déjà, dans la problématique de la deuxième étape.
- François Alfonsi : Je partage assez l’idée. Pendant 50 ans, nous avons porté une voix qui a été entendue et qui est reprise par la quatrième génération. Nous avons connu plein de grands moments, quand Michel Rocard ou John Hume sont venus en Corse, ou quand, avec l’élection de Max, nous avons porté notre premier succès européen. Tout cela, c’est ARRITTI qui nous a aidés à le faire ! Il n’y a pas de résultats ponctuels sans fondations qui s’inscrivent dans la durée. ARRITTI, c’est une fondation, c’est quelque chose qui participe à construire la pensée dans le sens des évolutions politiques que l’on veut alimenter. S’il n’y avait pas eu cette pensée du peuple corse qui infuse à travers les articles, les prises de position, les gens qui lisent ARRITTI et en parlent autour d’eux, sans un média qui alimente des réseaux, le combat nationaliste serait vain ! Il fallait bien que le peuple corse s’empare de l’idée qu’il est un peuple, qu’il se rapproprie son histoire et qu’il comprenne qu’il a un avenir en tant que nation. Cette idée-là nécessitait un travail pédagogique sur le long terme, une génération l’a été portée, une suivante l’a mise en œuvre. Aujourd’hui, la quatrième génération est majoritairement imprimée de cette idée qui, au début, était marginale dans la société. A travers cette transmission générationnelle, le peuple corse a construit son avenir. C’est magnifique ! Samedi prochain, cet anniversaire sera, pour tous ceux qui ont fortement travaillé à ARRITTI, un moment de grand bonheur.
- Vous parlez de seconde étape. Mais, maintenant que les Nationalistes ont accédé au pouvoir, ARRITTI est-il encore utile ?
- Max Simeoni : Oui ! La deuxième étape n’est pas plus facile que la première ! On n’est pas encore au niveau de la ligne où tout devient irréversible. Le temps travaille contre nous. Un exemple : le problème de la langue corse. Aujourd’hui, tout le monde est pour, mais, pour la sauver, il faut à tous prix gagner le combat de la coofficialité. Le bilinguisme ne suffira pas ! Le corse est inscrit sur la liste de l’Unesco des langues menacées de disparition à terme. Il faut une politique de long terme pou arriver à refaire une langue maternelle, sinon il n’y aura pas de garantie.
- Comment passe-t-on d’un journal de combat et d’opposition à un journal de soutien d’une gouvernance ?
- François Alfonsi : L’assemblée générale du PNC a demandé qu’ARRITTI devienne le journal de Femu a Corsica. C’est en cours. Nous sommes associés, ici, à Bastia entre militants des deux structures, le PNC et Inseme, pour organiser l’événement. Mais de toute façon, quelque soit le niveau de responsabilité exécutive, pour nous-mêmes, comme pour ceux qui nous suivent, il y a besoin d’une étape de réflexion régulière pour vérifier que les décisions prises sous la pression des évènements et des attentes parfois contradictoires, s’inscrivent bien dans le fil politique que nous avons défini. Par exemple, le dossier sur les transports maritimes, les négociations sur la collectivité unique…., le fil est de dégager les institutions aptes à porter l’avenir du peuple corse. On n’y est pas ! Les institutions actuelles ne laissent que des leviers de décision très restreints. Si on compare l’autonomie corse avec celles qui existent en Catalogne, au Pays Basque, en Italie, en Ecosse ou en Grande-Bretagne, ARRITTI démontre, toutes les semaines, que nous n’avons pas du tout d’autonomie. Nous restons tributaires de décisions prises à Paris ou par ses représentants ici, le Préfet et le recteur.
- Max Simeoni : Le journal reste militant parce que les choses doivent encore évoluer et dépendent de la réponse du pouvoir central. Il reste, encore pour le moment, le journal du PNC (Partitu di a nazione corsa), mais notre ambition est qu’il devienne le journal d’un regroupement plus fondé. ARRITTI, c’est une ligne politique, l’illustration de ce que l’on doit faire. 50 ans après, nous avons accédé à l’institution qui n’est pas l’autonomie, mais un régionalisme avancé. Nous n’avons pas encore de prise sur notre destin. Alors, ARRITTI change d’optique. Avant, il s’agissait de se faire entendre. Nous y sommes arrivés au point que nos idées sont partagées et que nous accédons à la gouvernance de l’institution, mais il faut arriver à mettre dans la loi notre statut d’autonomie. Et il y a du travail…
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Max Simeoni : Aujourd’hui ! Parce qu’on peut faire le point de 50 ans d’évolution de la société corse qui a complètement changé. Les idées ont avancé. L’institutionnel est investi par les Nationalistes. C’est un bon moment, c’est un bon début, mais il est loin de nous donner toutes les garanties. Tout le travail reste à faire, alors psychologiquement, je suis déjà, dans la problématique de la deuxième étape.
- François Alfonsi : Je partage assez l’idée. Pendant 50 ans, nous avons porté une voix qui a été entendue et qui est reprise par la quatrième génération. Nous avons connu plein de grands moments, quand Michel Rocard ou John Hume sont venus en Corse, ou quand, avec l’élection de Max, nous avons porté notre premier succès européen. Tout cela, c’est ARRITTI qui nous a aidés à le faire ! Il n’y a pas de résultats ponctuels sans fondations qui s’inscrivent dans la durée. ARRITTI, c’est une fondation, c’est quelque chose qui participe à construire la pensée dans le sens des évolutions politiques que l’on veut alimenter. S’il n’y avait pas eu cette pensée du peuple corse qui infuse à travers les articles, les prises de position, les gens qui lisent ARRITTI et en parlent autour d’eux, sans un média qui alimente des réseaux, le combat nationaliste serait vain ! Il fallait bien que le peuple corse s’empare de l’idée qu’il est un peuple, qu’il se rapproprie son histoire et qu’il comprenne qu’il a un avenir en tant que nation. Cette idée-là nécessitait un travail pédagogique sur le long terme, une génération l’a été portée, une suivante l’a mise en œuvre. Aujourd’hui, la quatrième génération est majoritairement imprimée de cette idée qui, au début, était marginale dans la société. A travers cette transmission générationnelle, le peuple corse a construit son avenir. C’est magnifique ! Samedi prochain, cet anniversaire sera, pour tous ceux qui ont fortement travaillé à ARRITTI, un moment de grand bonheur.
- Vous parlez de seconde étape. Mais, maintenant que les Nationalistes ont accédé au pouvoir, ARRITTI est-il encore utile ?
- Max Simeoni : Oui ! La deuxième étape n’est pas plus facile que la première ! On n’est pas encore au niveau de la ligne où tout devient irréversible. Le temps travaille contre nous. Un exemple : le problème de la langue corse. Aujourd’hui, tout le monde est pour, mais, pour la sauver, il faut à tous prix gagner le combat de la coofficialité. Le bilinguisme ne suffira pas ! Le corse est inscrit sur la liste de l’Unesco des langues menacées de disparition à terme. Il faut une politique de long terme pou arriver à refaire une langue maternelle, sinon il n’y aura pas de garantie.
- Comment passe-t-on d’un journal de combat et d’opposition à un journal de soutien d’une gouvernance ?
- François Alfonsi : L’assemblée générale du PNC a demandé qu’ARRITTI devienne le journal de Femu a Corsica. C’est en cours. Nous sommes associés, ici, à Bastia entre militants des deux structures, le PNC et Inseme, pour organiser l’événement. Mais de toute façon, quelque soit le niveau de responsabilité exécutive, pour nous-mêmes, comme pour ceux qui nous suivent, il y a besoin d’une étape de réflexion régulière pour vérifier que les décisions prises sous la pression des évènements et des attentes parfois contradictoires, s’inscrivent bien dans le fil politique que nous avons défini. Par exemple, le dossier sur les transports maritimes, les négociations sur la collectivité unique…., le fil est de dégager les institutions aptes à porter l’avenir du peuple corse. On n’y est pas ! Les institutions actuelles ne laissent que des leviers de décision très restreints. Si on compare l’autonomie corse avec celles qui existent en Catalogne, au Pays Basque, en Italie, en Ecosse ou en Grande-Bretagne, ARRITTI démontre, toutes les semaines, que nous n’avons pas du tout d’autonomie. Nous restons tributaires de décisions prises à Paris ou par ses représentants ici, le Préfet et le recteur.
- Max Simeoni : Le journal reste militant parce que les choses doivent encore évoluer et dépendent de la réponse du pouvoir central. Il reste, encore pour le moment, le journal du PNC (Partitu di a nazione corsa), mais notre ambition est qu’il devienne le journal d’un regroupement plus fondé. ARRITTI, c’est une ligne politique, l’illustration de ce que l’on doit faire. 50 ans après, nous avons accédé à l’institution qui n’est pas l’autonomie, mais un régionalisme avancé. Nous n’avons pas encore de prise sur notre destin. Alors, ARRITTI change d’optique. Avant, il s’agissait de se faire entendre. Nous y sommes arrivés au point que nos idées sont partagées et que nous accédons à la gouvernance de l’institution, mais il faut arriver à mettre dans la loi notre statut d’autonomie. Et il y a du travail…
Propos recueillis par Nicole MARI.
Programme Ghjurnata d'Arritti 50 anni
Samedi 10 décembre, au théâtre de Bastia, l’après-midi pour les débats à partir de 15h, et le soir pour une soirée de gala.
Thème des débats : le nationalisme corse, son histoire récente et les perspectives d’avenir sur le long terme pour la nation corse en Europe.
De 15h à 17h : Premier débat sur le chemin parcouru, animé par Fabiana Giovannini rédactrice en chef, et Max Simeoni, ancien député européen, avec des témoignages de participants européens : José Bové, député européen, le député européen catalan, président du groupe ALE au Parlement Européen, Josep Maria Terricabras et le basque José Maria Munoa, ancien membre du cabinet du gouvernement Ibarretxe.
De 17h30 à 19h30 : Deuxième échange sur le thème « Quel avenir pour la Corse, pour le peuple corse, pour le mouvement nationaliste corse ? », animé par François Alfonsi, directeur de publication d’Arritti, deux interventions introduiront le débat : Jean Christophe Angelini, conseiller exécutif et secrétaire national du PNC, et Gilles Simeoni, Président du Conseil Exécutif.
A l’issue du débat, un spuntinu sera organisé sur place, suivi d’une soirée de gala.
Sirata culturale archestrata da Minicale cu Petru Santu Guelfucci, Petru Guelfucci, Ghjuvan Paulu Poletti, Anna Rocchi, Doria Ousset, Felì, Michelina Sammarcelli, I Chjami Aghjalesi,
Mai Pesce, Filippu Rocchi, Paulu Felice Nasica, Michele Cacciaguerra, Babetta Bottalico è Ghjuvan Marcu Fabriz,i Diana Salicetti, I fratelli Barbolosi, Ghjuvan Claudiu Acquaviva, Anghjulu Bianchini, Canta 73, Ghjuvan Francescu Bernardini, Alanu Bernardini, Patrizia Poli.
Samedi 10 décembre, au théâtre de Bastia, l’après-midi pour les débats à partir de 15h, et le soir pour une soirée de gala.
Thème des débats : le nationalisme corse, son histoire récente et les perspectives d’avenir sur le long terme pour la nation corse en Europe.
De 15h à 17h : Premier débat sur le chemin parcouru, animé par Fabiana Giovannini rédactrice en chef, et Max Simeoni, ancien député européen, avec des témoignages de participants européens : José Bové, député européen, le député européen catalan, président du groupe ALE au Parlement Européen, Josep Maria Terricabras et le basque José Maria Munoa, ancien membre du cabinet du gouvernement Ibarretxe.
De 17h30 à 19h30 : Deuxième échange sur le thème « Quel avenir pour la Corse, pour le peuple corse, pour le mouvement nationaliste corse ? », animé par François Alfonsi, directeur de publication d’Arritti, deux interventions introduiront le débat : Jean Christophe Angelini, conseiller exécutif et secrétaire national du PNC, et Gilles Simeoni, Président du Conseil Exécutif.
A l’issue du débat, un spuntinu sera organisé sur place, suivi d’une soirée de gala.
Sirata culturale archestrata da Minicale cu Petru Santu Guelfucci, Petru Guelfucci, Ghjuvan Paulu Poletti, Anna Rocchi, Doria Ousset, Felì, Michelina Sammarcelli, I Chjami Aghjalesi,
Mai Pesce, Filippu Rocchi, Paulu Felice Nasica, Michele Cacciaguerra, Babetta Bottalico è Ghjuvan Marcu Fabriz,i Diana Salicetti, I fratelli Barbolosi, Ghjuvan Claudiu Acquaviva, Anghjulu Bianchini, Canta 73, Ghjuvan Francescu Bernardini, Alanu Bernardini, Patrizia Poli.