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Législative – 1ère circonscription : Michel Castellani réélu à une écrasante majorité


Nicole Mari le Dimanche 7 Juillet 2024 à 22:34

Comme attendu, le député nationaliste sortant, Michel Castellani emporte haut la main les élections législatives anticipées dans la première circonscription de Haute-Corse avec 64,3% des suffrages, soit 24 667 voix. Soutenu par l’Arc Républicain, il engrange 5408 voix supplémentaires. Le RN ne recueille que 35% des suffrages, soit 13 677 voix. Il emmagasine 2822 voix de plus. Le taux de participation a culminé à 64,66%. Le député de Femu a Corsica, réélu pour la troisième fois consécutive, devrait continuer à siéger dans le groupe parlementaire indépendant LIOT, si celui-ci parvient à se recomposer.



Le député nationaliste sortant, Michel Castellani, membre du groupe LIOT, est réélu pour son troisième mandat consécutif dans la 1ère circonscription de Haute-Corse. Photo CNI.
Le député nationaliste sortant, Michel Castellani, membre du groupe LIOT, est réélu pour son troisième mandat consécutif dans la 1ère circonscription de Haute-Corse. Photo CNI.
La réélection du député nationaliste sortant, Michel Castellani, était attendue dans la première circonscription de Haute-Corse face au candidat du RN qui, à la surprise générale, s’était qualifié pour le 2nd tour. La victoire du député nationaliste faisait d’autant moins de doute qu’il bénéficiait, en plus du report des voix de Core in Fronte, l’appui du PNC et même d’une partie de Nazione, d’un large arc républicain anti-RN. Les deux candidats de gauche recalés au 1er tour et de nombreux élus et personnalités politiques de la circonscription, jusqu’aux plus anti-nationalistes, avaient appelé à faire barrage à la vague RN qui a brutalement déferlé sur la Corse, la laissant groggy ! L’enjeu était d’endiguer la déferlante et, pour le député sortant, de terrasser électoralement un adversaire fantôme, parachuté du continent et sans lien avec la Corse, par une avance confortable et sans appel. Seulement 1107 voix les séparaient au 1er tour. Un combat de choix de société, avait-il dit aux électeurs : « Vous avez le choix entre deux candidats que tout oppose. La Corse est le cœur même de notre combat. Les gens, que nous avons en face, quelle société veulent-ils ? Que nous propose-t-il par rapport à ce que nous sommes ? ». Un appel visiblement entendu puisque Michel Castellani domine largement le scrutin en totalisant 64,33 des suffrages, soit 24 667voix. Il gagne 12 715 voix entre les deux tours et 10 920 voix par rapport à 2022. Le taux de participation a atteint le record de 64,66 %, soit 2% de plus qu’au 1er tour. Plus de 40 000 électeurs se sont rendus aux urnes.
 
Des scores sans appel !
Michel Castellani engrange plus de 8000 voix à Bastia entre les deux tours et rafle la quasi-totalité des bureaux de vote, à l’exception de deux bureaux des Quartiers Sud. Une belle remontée puisqu’au 1er tour, le candidat RN était arrivé en tête dans 13 bureaux, tous situés dans les Quartiers Sud. Le député sortant capitalise dans les communes du Grand Bastia qui rassemblent plus de la moitié des électeurs de la circonscription avec 60,59 % à Biguglia, 71,79 % à Furiani, 77 % à Santa-Maria-di Lota, 72,35 % à San Martino di Lota, mais aussi à Lucciana avec 54,48%. Il renverse la tendance à Borgo avec 56,34% des voix.  Il domine totalement le Nebbiu, la Conca d’Oru et le Cap Corse : 63% à San Fiurenzu, 76,44% à Patrimoniu, 79,26% à Barrettali, 86,39% à Poggio d’Oletta, 71,98% à Oletta, 66 % à Santo Pietro di Tenda, 61,99% à Sisco, 64,29% à Pino, 77,97 % à Murato, 78,60% à Canari, 89,29% à Ogliastro ou encore 73,63% à Pietralba ou 90% à Nonza....
 
Une joie tempérée
« C'est une victoire très large qui ne souffre aucune contestation et qui prime évidemment tout le travail que nous avons accompli. Je représenterai la circonscription dans toutes ses dimensions », commente, dès l’annonce des résultats, Michel Castellani. S’il se dit soulagé par la défaite du RN en Corse, le député sortant déplore celle de son collègue de Femu a Corsica, Jean-Félix Acquaviva, dans la 2ème circonscription de Haute-Corse : « C'est une joie qui est tempérée par le résultat de la deuxième circonscription. C 'est un résultat qui n'est pas juste dans la mesure où Jean-Félix a travaillé pendant 7 ans et c'est une grande déception. Mais nous savons tous que la politique est un sport impitoyable. Tout ce que je peux faire, c'est de prendre acte. Je peux vous dire qu'on continuera à travailler comme on l'a toujours fait, même si, pour moi, ça changera totalement ma façon de travailler à Paris ». Pour lui, cette défaite appelle à « analyser très précisément les choses. Il y a une façon de défendre la Corse. Il faudra s’asseoir tous ensemble autour d’une table pour analyser l’évolution du corps social et du corps électoral corse ». Le député, réélu pour la troisième fois, rejoindra Paris lundi soir pour tenter de reconstituer son groupe parlementaire LIOT : « LIOT, c'est notre groupe. Il faut sauver ce groupe, le faire travailler ». Réagissant à l’arrivée en tête du Front populaire au niveau national, Michel Castellani estime qu’à priori : « Le processus d’autonomie n’est pas enterré. A Paris, avec mes amis, nous étudierons la situation et tenterons de créer une situation favorable à la Corse ».
 
Un RN à la traîne
S’il avait peu chance de remporter ce second tour, le candidat RN, Jean-Michel Marchal, réalise néanmoins une belle performance pour un candidat que l’on qualifiait de « fantôme » et de « parachuté ». Il passe de 28,80% des suffrages au 1er tour à 35,67 % au second tour. Avec un total de 13 677 voix, il emmagasine 2822 voix de plus qu’au 1er tour. Toujours porté par la vague Jordan Bardella, sans faire aucune campagne et avec un front contre lui, il a visiblement bénéficié des reports de voix de Julien Morganti, d’A Mossa Palatinu et de Reconquête ! Il prend 1151 voix sur Bastia. Il est cependant devancé dans les communes où il était sorti en tête au 1er tour dans le périurbain à Borgo, Lucciana, mais aussi dans le Nebbiu à Olmeta-di-Tuda, Rapale, San Gavinu-di-Tenda et Vallecalle ou dans le Cap Corse, à Barretali, Centuri, Morsiglia, Olcani et Pietracorbara. Il ne conserve qu’Olmeto-di-Capicorsu qui lui octroie 53,19%. « Je m'y attendais peut-être parce que le candidat sortant est toujours plus ou moins privilégié, notamment ici en Corse. Malgré tout, je suis arrivé au deuxième tour avec un écart extrêmement réduit, moins de 3%, on était quand même 10 candidats. 35% pour quelqu'un comme moi, qui n'est pas Corse, ce n'est pas mal ! Je souhaite pouvoir continuer et travailler pour répondre aux attentes des Corses. Je suis persuadé que la situation actuelle ne va pas régler leurs problèmes », déclare Jean-Michel Marchal. L’enjeu d’assurer au RN un nombre suffisant de députés pour porter Jordan Bardella à Matignon est un second échec. La question désormais est de savoir si le RN voudra s’ancrer dans l'île en s'attaquant à des scrutins purement locaux, dont le plus proche est l’élection municipale de 2026. A moins que la France se révèle ingouvernable et que l’on doive revoter plus tôt que prévu. Une nouvelle dissolution, si elle s’imposait, ne pourrait intervenir que dans un an.
 
N.M.