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Législatives. Michel Chiocca, candidat d'A Mossa Palatina : "On est prêts à exister sur la scène politique"


le Mercredi 19 Juin 2024 à 18:55

Nouveau venu sur la scène politique insulaire, A Mossa Palatina fera ses débuts plus tôt que prévu dans l'arène électorale, à la faveur de la dissolution de l'Assemblée nationale. Pas un problème pour Michel Chiocca. Le candidat du parti autonomiste d'extrême-droite (dans la 2e circonscription de la Corse du Sud) se dit en ordre de bataille pour cette élection législative. Ce Porto-Vecchiais âgé de 47 ans travaille dans le tourisme (il dirige une conciergerie). Avant de s'engager auprès d'A Mossa Palatina, il fut il y a bien longtemps (en 2001) sur la liste de Jean-Christophe Angelini aux municipales porto-vecchiaises. Avant d'apparaître sur celle de Don-Mathieu Santini, en 2020. Michel Chiocca fera campagne avec Paul Marchione, un instituteur investi par A Mossa Palatina comme candidat suppléant dans cette circonscription.



Le Porto-Vecchiais Michel Chiocca représentera A Mossa Palatina dans la 2e circonscription de la Corse du Sud.
Le Porto-Vecchiais Michel Chiocca représentera A Mossa Palatina dans la 2e circonscription de la Corse du Sud.
- Pourquoi avez-vous souhaité présenter votre candidature ?
- Il y a un nationalisme de droite qui n’était pas représenté, donc on devait se manifester. A Mossa Palatina, on est déçus des négociations sur l’autonomie, de la tendance gauchisante de la majorité territoriale actuelle. Donc on est plutôt sur un nationalisme pragmatique. L’autonomie, ça fait quarante ans qu’on en parle, mais les gens qui sont au pouvoir n’ont toujours pas de projet à fournir au gouvernement. 

- Quel serait le vôtre, de projet ?
- On aurait par exemple des propositions concrètes sur l’emploi. On est pour le CDI saisonnier, qui a été très peu défendu par les nationalistes au pouvoir. Or, avec ce CDI saisonnier, on ne paierait pas de charges pendant six mois, mais on garderait les employés. Ca coûterait moins cher en chômage au gouvernement, à l’État, et ça nous permettrait d’avoir des employés sur l’année. On récupérerait une dotation fiscale, soit sous la forme d’une part de TVA ou d’autre chose. Et au bout de cinq ans, si ça fonctionne, on rendrait la mesure pérenne. Et on pourrait procéder de la sorte sur un très grand nombre de sujets. 

- Et concernant le logement ? Vous êtes porto-vecchiais, nous n’êtes pas sans connaître les difficultés rencontrées par la population pour se loger. Qu’est-ce que vous proposez pour y remédier ?
- Nous sommes en faveur d’une rediscussion sur les arrêtés Miot, car on est en train de spolier les Corses de leurs terres. Ensuite, il faut faire du lotissement communal. Enfin, les municipalités qui surtaxent les résidences secondaires ont pris la bonne décision, car ça va limiter le fait locatif. Même s’il faudrait arriver à différencier les Corses qui ont une résidence secondaire au village, des autres qui viennent pour investir. »

- Initialement, A Mossa Palatina avait les élections municipales de 2026 dans le viseur. En dissolvant l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron a précipité les choses aussi pour vous. Etes-vous prêts ?
- On avait dit qu’on se présenterait à toutes les échéances électorales. 2026 aurait dû être la plus proche. Mais oui, on est prêts, on a déjà engagé un corpus de programmes. Et ça permet de voir si notre message va être entendu par la population. C’est même mieux, finalement. Car on peut déjà exister sur la scène politique sans attendre les élections municipales. 

- Dans la mouvance nationaliste, A Mossa Palatinu revendique se situer à droite. Qu’est-ce qui vous différencie de Nazione, le parti créé en début d’année, issu de la fusion d’A Chjama Patriotta et de Corsica Libera ?
- Nous, on n’est pas indépendantistes, on est autonomistes. Car on pense que dans le monde d’aujourd’hui, aucun pays n’est réellement indépendant. On souhaite procéder par étapes et en quarante ans, quelles étapes a-t-on franchi en Corse ? Aucune, les statuts de décentralisation n’ont pas fait avancé les choses. 

- Nazione se dit contre la colonisation de peuplement, d’où qu’elle vienne. Vous sentez-vous proche, idéologiquement, de cette ligne ?
- Je ne sais pas ce qu’ils entendent par là. Nous, sur l’immigration, on a une position claire : la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, quand dans le même temps, il y a 11 millions de pauvres et 5 millions de chômeurs. »

- Par colonisation de peuplement, Nazione vise en premier lieu les personnes du Continent qui viennent s’installer en Corse.
-  Si c'est ça, c'est quelque chose qui entre, bien sûr, dans notre programme de lutte contre la spéculation immobilière. Un tiers des terres corses appartient à la diaspora. Ces propriétaires-là, ils n’ont même pas été consultés sur le Padduc. Pourtant, ils sont tout autant concernés. »

- Le 9 juin, le Rassemblement national est arrivé en tête des élections européennes en France, et notamment en Corse. Est-ce que vous vous sentez proche des idées qu’il porte ?
- Ca dépend lesquelles. Sur la politique migratoire, bien sûr on est proches. Par contre, on est loin de partager leur politique jacobine. Mais on peut discuter avec eux. On est ouverts à tous les partis qui seront pour l’évolution statutaire de la Corse. 

- Vous parlez de politique migratoire. A ce propos quel état des lieux faites-vous de la situation en Corse ?
- C’est la même que sur le Continent. On n’a pas assez de richesses à partager en ce moment. Donc obligatoirement, on va devoir se tourner vers une immigration choisie, que ce soit en France ou en Corse. Je ne vois pas en quoi réduire l’immigration de masse en Corse poserait problème. 

- Parce que selon l’Insee, deux ouvriers sur trois en Corse sont des hommes immigrés. S’ils n’étaient pas là, qui occuperaient ces postes aujourd’hui ?
- S’il y a du travail pour ces gens-là et que nous, on est en manque de main d’oeuvre, ça ne pose pas de problème. Du moment qu’il s’agit d’une immigration de travail, qui soit pérenne ou transitoire, et qui respecte les cultures d’un pays… Mais si les Corses n’occupent pas plus ce type de postes, c’est surtout parce qu’il y a un manque de formations chez nous, notamment dans l’hôtellerie-restauration. Qu’il n’y ait pas d’école hôtelière en Corse, ça me semble quand même extraordinaire. C’est pour ça qu’on récupère des personnes d’ailleurs. Et il y a aussi des salaires trop bas qui n’attirent pas. Autre problème : l’argent qui est perçu par les saisonniers n’est pas réinvesti en Corse, donc on ne récupère pas l’intégralité des fruits du tourisme. 

- Quelles mesures portez-vous pour améliorer le pouvoir d’achat des classes sociales les moins aisées ?
- On est pour une réduction des charges salariales, mais en faveur du salarié. C’est-à-dire qu’on souhaiterait rapprocher le net du brut. 

- Le député sortant Paul-André Colombani avait pris une part active dans la lutte contre la mafia, soutenant la confiscation obligatoire des biens mafieux, finalement votée par l’Assemblée nationale en décembre dernier. Comment aller plus loin pour combattre les dérives mafieuses en Corse ?
- Personne n’a trouvé la solution, même pas en France ! Je pense que la France devrait investir massivement dans la justice, en réinstaurant notamment des juges de proximité pour les affaires courantes. Car pour une simple affaire de délinquance, il se passe parfois un an avant de passer devant un juge. 


- La Corse est la seule région de France à ne pas avoir de centre hospitalier universitaire. La commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale avait voté à l’unanimité la proposition de loi déposée par le député Colombani. Mais celle-ci n’a pas pu atterrir dans l’hémicycle, à cause de la dissolution. Si vous êtes élu, poursuivrez-vous le travail entamé pour la création d’un CHU en Corse ?
- Cette proposition, on la représentera, il n'y a aucun problème. Un CHU, il faut entre quinze et vingt ans pour le faire. Mais qu’est-ce qu’on fait entre-temps ? Aujourd’hui, il manque un directeur à l’hôpital de Sartène, des IRM dans les trois quarts des hôpitaux de Corse ou des appareils de haute qualité. Dans l’attente de la construction du CHU, il faudra bien investir dans les hôpitaux en Corse, ou développer des partenariats public-privé avec des cliniques.