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Législatives. Pour Hélène Sanchez candidate du Front Populaire "la Corse a besoin de retrouver son ADN de gauche"


Mario Grazi le Mardi 18 Juin 2024 à 17:19

Militante écologiste de longue date, altermondialiste et membre du mouvement Utopia, Hélène Sanchez se présente dans la 2e circonscription de la Haute-Corse sous la bannière du Front Populaire. Originaire de Balagne, elle avait déjà candidaté aux élections européennes de début juin sur la liste EELV menée par Marie Toussaint.
La candidate explique a CNI comment la nouvelle coalition de gauche entend œuvrer pour la justice sociale et contrer l'extrême droite.



Hélène Sanchez et Raynald Amadei
Hélène Sanchez et Raynald Amadei

- Après avoir été candidate sur la liste EELV lors des Européennes, qu’est-ce qui a motivé votre candidature pour ces élections législatives ?

- D’abord ça a été l’effroi de voir l’extrême droite aux portes du pouvoir. Je pense que cela a fait un électrochoc pour tous les humanistes de cette région. En plus on s’est dit que la Corse devait retrouver son ADN de gauche. C’est-à-dire retrouver sa capacité à faire en commun et ensuite de défendre la justice sociale.

- Vous êtes militante écologiste depuis toujours. L’accélération de la crise climatique et les enjeux majeurs qui existent pour la planète ont-ils contribué à votre décision de prendre ces responsabilités politiques ?
- Bien sûr. Les autres candidats de cette circonscription ne sont pas intéressés par le changement climatique. Ce sont des problèmes de chapelles qui les motivent alors que c’est vrai que la Corse est au centre d’une mer polluée, malmenée, qui est devenue un grand cimetière. Nous devons nous impliquer, qu’on se réveille de nos consciences tranquilles, consuméristes, et qu’on aille un peu au combat pour défendre nos libertés, notre démocratie et puis notre terre, car si nous ne défendons pas l’environnement, nous ne pouvons pas défendre la santé, l’alimentation saine pour tous.

- Vous êtes candidate pour le Nouveau Front populaire. Cette union de la gauche était indispensable pour faire entendre la voix des partis qui la composent pendant cette campagne ?
- Oui, c’est une aspiration dont avait besoin la Corse. Nous sommes arrivés à avoir des candidatures uniques sur la 4 circonscriptions et en plus très équilibrées puisque nous avons PS et PC en Corse du Sud, LFI et les Ecologistes en Haute-Corse. C’est vraiment un bel équilibre. Je pense qu’il faut être contents de ce qui se passe.

- Quelles sont vos principales thématiques de campagne ?
- Dans la thématique principale, ce sont les 10 engagements du nouveau Front populaire. Nous sommes favorables à l’abrogation des réformes injustes et scélérates qui ont été votées par le gouvernement Macron comme la réforme des retraites, la réforme de l’ASSEDIC et celle de l’immigration qui est vraiment un recul du droit français. Ensuite, bien sûr, je m’inscris dans la recherche de mesures fiscales pour une fiscalité plus solidaire. En fait si on veut abroger un certain nombre de réformes, il faut aussi trouver les financements possibles et la Corse, à ce titre, est très concernée puisque certains demandent un statut fiscal particulier avec l’autonomie, mais je ne pense pas qu’on puisse laisser cette question qu’à des spécialistes et encore moins que ça se discute dans els salons privés, dans des repas secrets. Il faut porter ça sur la place publique pour que tout le monde discute de la fiscalité adaptée à la Corse pour, justement, qu’elle relève les défis économiques et sociaux qui arrivent.

- Quels sont les enjeux environnementaux que la Corse doit affronter et comment y répondrez-vous ?
- Il y a d’abord la question des transports et le fait de nous retrouver devant de Ponte-Leccia est tout un symbole. Pourquoi ? Car nous considérons que le train c’est une solution durable d’autant qu’on nous dit que l’on va pouvoir faire circuler les trains à l’hydrogène fabriqué en Corse. Ce serait déjà un progrès et ce serait aussi un progrès que l’on puisse avoir une ligne vers Folelli avant de la poursuivre jusqu’à Porto-Vecchio, doublée avec une piste cyclable, ce serait fantastique. Cela changerait l’image de la Corse qui deviendrait une Corse beaucoup plus écolo. Après il y a la question du foncier. Il ne peut pas y avoir d’agriculture et d’autonomie alimentaire si nous n’avons pas des agriculteurs en mesure d’abord de gagner leur vie, et de jeunes agriculteurs qui s’installent pour prendre la suite des anciens. Là aussi, il faut qu’il y ait une réflexion collective sur quel accès au foncier peuvent avoir les jeunes. Nous avons beaucoup d’organismes comme la SAFER, l’office foncier, l’ODARC, etc. Il y a une multitude d’outils et nous n’avons pas l’impression qu’ils fonctionnent. Avoir une agriculture moderne et durable, cela suppose que l’on se mette autour d’une table sur les grandes questions du foncier sur la Corse. Je suis d’ailleurs favorable à la création d’un observatoire du foncier pour avoir une analyse correcte de ce qu’il se passe et pouvoir après, faire des propositions.

- Si vous êtes élue, comment poursuivrez-vous le travail parlementaire pour le statut d’autonomie ?
- Je défends l’idée qu’il ne peut pas y avoir de statut sans des enveloppes financières attribuées. Déjà le transport, et il faut récupérer ce retard-là. ? Après il y a la mise à niveau dans la santé. On ne peut pas nous laisser à l’abandon avec des hôpitaux qui sont en mauvais état. Il y a celui d’Ajaccio qui vient de se construire. Il en faut un nouveau à Bastia et il faut un CHU à Corte, ce serait fantastique. Ce sont donc des enveloppes financières spécifiques qu’il faut avoir pour la Corse. Moi, je m’inscris dans une démarche très originale pour militer pour qu’il y ait une évolution du droit environnemental, par rapport au droit de la nature. Il y a des mouvements qui se passent au niveau européen et au niveau mondial sur les droits de la nature. Il faut qu’en France on puisse justement essayer de progresser dans le droit. En même temps il faut la reconnaissance culturelle, car en France on est en retard sur la reconnaissance spécifique des régions, la langue. Je pense qu’il y a un gros travail à faire au niveau des députés. Mais les débats sur l’autonomie ne doivent pas se faire en privé. Au moment du PADDUC il y a eu des ateliers un peu partout où nous avons pu discuter, et je suis favorable à ce que nous mettions sur la table ce projet d’autonomie et qu’on y mette du vrai contenu. Pas le contenu des notaires, pas celui des restaurateurs ou des transporteurs. Tout le monde participe, discute et concerte ensemble et je pense que c’est la solution, ça s’appelle la démocratie participative. C’est très dur à mettre en place, mais lorsqu’on a la volonté, on peut y arriver.

- Quelles mesures porterez-vous en faveur du pouvoir d’achat des Corses ?
- J’ai une mesure phare que j’aime beaucoup et je pense qu’elle est possible. Elle a été revendiquée durant des années c’est l’attribution de la prime d’insularité aux retraités et aux salariés qui ne l’ont pas. Cela peut faire l’objet d’une négociation et je soutiendrai tous les syndicats qui auraient cette revendication. Après on peut toujours aussi voir quelle fiscalité en particulier pour l’alimentation à) l’image de ce qui se fait déjà pour les vins.

- Quelles dispositions imaginez-vous pour favoriser l’accès au logement ?
- Je pense qu’il faut donner aux offices HLM les moyens de construire et de rénover. J’ai travaillé dans ce domaine et je sais de quoi je parle. Déjà à l’époque c’était très difficile d’avoir des prêts de la part de la Caisse des dépôts. Il faut débloquer des fonds de la Caisse des dépôts et pour cela il faut une volonté politique. Il faut donc réorienter l’argent des livrets vers le logement social.

- Par leur vote en faveur des partis d’extrême droite aux Européennes, les électeurs ont manifesté une certaine peur face à l’insécurité voire l’immigration. Porterez-vous des mesures en la matière ?
- Je suis pour une Corse apaisée. En Corse comme le Continent, l’extrême droite monte les gens les uns contre les autres. La Corse a toujours su assimiler ces travailleurs, car elle a besoin d’eux, car nous avons une démographie qui est quand même assez faible et nous avons besoin de ces 30 000 saisonniers qui viennent chaque année. Le danger de l’extrême droite c’est les réductions des libertés, de la démocratie. On sait d’où vient l’extrême droite, des tranches les plus extrêmes de l’après-guerre.