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Législatives : les réseaux sociaux, nouveau terrain de campagne des candidats corses


Francesca-Orsula Angelini le Vendredi 28 Juin 2024 à 15:52

En 2024, la course aux électeurs passe inévitablement par les réseaux sociaux. Bien que pas tous les 31 candidats corses en lice pour les législatives soient actifs sur ces plateformes, nombreux sont ceux qui ne peuvent plus s'en passer. Outils de communication politique incontournable, Instagram, TikTok, X ou encore Facebook permettent non seulement de diffuser des messages efficaces, mais aussi de créer une proximité précieuse entre les candidats et leurs potentiels électeurs. Tour d'horizon en Corse



Les candidats corses aux élections législatives de 2024, sont particulièrement virulents sur les réseaux sociaux numériques. ©Francesca-Orsula ANGELINI
Les candidats corses aux élections législatives de 2024, sont particulièrement virulents sur les réseaux sociaux numériques. ©Francesca-Orsula ANGELINI
Mener une campagne électorale, c'est aller à la rencontre de la population, distribuer des tracts, organiser des réunions publiques et donner des interviews dans les médias. Mais en 2024, un nouveau terrain de jeu s’impose : les réseaux sociaux. Dans le cadre de cette campagne expresse, ces plateformes s’avèrent des alliés de taille pour communiquer rapidement et directement avec les électeurs. Facebook, Instagram, TikTok ou X sont devenus des outils de communication politique incontournables. Jordan Bardella, avec ses nombreuses vidéos de moments de campagne, de « punchlines » télévisées et d'extraits de discours soigneusement sélectionnés, est devenu la troisième personnalité politique française la plus suivie sur TikTok, derrière Emmanuel Macron (4,5 millions d'abonnés) et Jean-Luc Mélenchon (2,4 millions). Bien qu'aucune étude ne prouve une corrélation directe entre les résultats électoraux du RN aux Européennes et le succès de son leader sur les réseaux sociaux, la question de l'influence de ces plateformes dans les choix des électeurs mérite d'être posée.

Ce questionnement semble avoir touché une bonne partie des candidats corses, qui ont modifié leur stratégie numérique pour les élections législatives du 30 juin et 7 juillet. Plusieurs concurrents à la députation ont choisi d'investir l'espace numérique, reconnaissant l'importance croissante des réseaux sociaux dans le paysage politique contemporain.

L'art de manier les leviers d'internet

Sur l'île, parmi les 31 candidats en lice pour siéger à l'Assemblée nationale certains ont choisi les écrans d'ordinateur et de smartphone comme nouveaux supports de communication et décidé de se mettre en scène, et se raconter en vidéo imitant le style des chefs de partis nationaux, dont les vidéos accumulent des millions de vues sur internet

Face à la caméra, ils communiquent avec leur public numérique, certains avec plus d'aisance que d'autres. Ils intègrent souvent des extraits de débats, agrémentés de musique et d'effets sonores. Ce style de présentation évoque les vidéos populaires sur TikTok, où des rappeurs se défient avec des punchlines percutantes. Jean-Baptiste Luccioni, maire de Pietrosella et candidat du Nouveau Front Populaire dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud, est un exemple.
Connecté sur Instagram, Facebook et X (Twitter), c'est sur TikTok qu'il espère captiver les jeunes électeurs. Bien que son compte ne compte que 360 followers, l'édile utilise une touche d'ironie et des vidéos rythmées par la musique pour mener sa campagne contre la montée de l'extrême droite, car "ça l'énerve".


 
@jean.baptiste_luccioni Ça m’énerve… 😁 #législatives2024 #corsedusud #ps #pcf #eelv #lfi #nouveaufrontpopulaire #nfp #jb #luccioni #pourtoi ♬ son original - Speed song🇫🇷

 

La présence de plusieurs candidats corses sur TikTok illustre bien comment les aspirants députés diversifient leurs moyens de communication pour atteindre différents segments de l'électorat, en particulier les jeunes adultes souvent moins engagés par les canaux traditionnels. Par exemple, Romain Colonna, candidat de Femu a Corsica dans la première circonscription de Corse-du-Sud, a su tirer parti des réseaux sociaux pour dynamiser sa campagne électorale. Actif sur Instagram, Facebook et X (Twitter), il se distingue par des vidéos sous-titrées qui mettent en avant son engagement pour le "peuple corse", son programme, et sa présence constante "sur le terrain". Le conseiller exécutif de la majorité territoriale a particulièrement réussi à percer sur TikTok, où il cumule plus de 7500 abonnés.

Cette plateforme, prisée par les jeunes, est un choix stratégique pour captiver le vote des primo-votants qui se rendront aux urnes pour la première fois. En utilisant des vidéos courtes et percutantes, les candidats parviennent à toucher une audience jeune et connectée, renforçant ainsi leur influence et leur visibilité. Cependant, les messages condensés par le format TikTok "peuvent entraîner une simplification excessive des enjeux politiques, en vue d'un public qui est peut-être moins informé ou moins cultivé politiquement parlant", souligne de son côté Refka Payssan, experte en technologies de l'information et de la communication à l'ère numérique. Romain Fargier note également l'utilisation du sarcasme, de l'ironie et de mèmes humoristiques par l'extrême droite, qui crée "des communications politiques très stéréotypées", souvent basées "sur les émotions et le pathos".


 

@romain.colonna Meeting, marcuri u 26 in Aiacciu, v’aspittemu numarosi ! #InsemeSiPò ♬ son original - Romain Colonna

 

Paul-André Colombani, député sortant de la deuxième circonscription de Corse-du-Sud (PNC), adopte une approche légèrement différente. Présent sur le web, il a choisi une stratégie axée sur les faits. En plus de partager des moments de cette campagne éclair, il met en avant le bilan de sa mandature à  l'Assemblée  nationale et les actions qu'il a menée pour la Corse, offrant ainsi à ses followers la possibilité de constater par eux même son action et renforcer sa crédibilité et son engagement pour l'ile.

 



 


Etre omniprésent dans le quotidien des électeurs

L'utilisation des réseaux sociaux par ces candidats n'est pas un hasard, c'est une stratégie venue des Etats-Unis où l'extrême droite, a joué un rôle majeur en produisant des contenus pro-Trump et des mèmes sur Internet, à l'instar de Pepe the Frog, une grenouille apparue dans une bande dessinée des années 2000. De plus, les messages condensés par le format TikTok "peuvent entraîner une simplification excessive des enjeux politiques, en vue d'un public qui est peut-être moins informé ou moins cultivé politiquement parlant", souligne de son côté Refka Payssan, experte en technologies de l'information et de la communication à l'ère numérique. Selon l'experte, cette omniprésence est essentielle pour toucher les jeunes électeurs, notamment la génération Z (18-25 ans), souvent perçue comme détachée de la politique. "Les réseaux sociaux deviennent alors des outils puissants pour mobiliser cette tranche d'âge, essentielle dans le processus électoral."
Mais il n'y a pas que les jeunes à qui s'adresser. Les réseaux sociaux permettent en effet une communication instantanée et directe avec les électeurs de tout âge, à toute heure et en tout lieu.  De nombreux candidats corses ont choisi de continuer à parler à un électorat plus adulte. Laurent Marcangeli, par exemple, compte sur une solide base de followers avec 11 000 abonnés sur Facebook et près de 15 000 sur X (anciennement Twitter). Le député sortant, candidat dans la première circonscription de Corse-du-Sud, partage des moments de sa campagne, des vidéos où il présente son programme et son travail à l'Assemblée, ainsi que ses interviews et apparitions dans les médias.

 





De plus, les plateformes comme TikTok, Instagram et Twitter permettent de toucher une large audience à un coût relativement faible par rapport à une campagne électorale traditionnelle. Cela offre aux candidats une opportunité précieuse de se faire connaître et de mobiliser des soutiens électoraux. En parallèle de sa présence sur le terrain et de l'organisation de soirées pour rencontrer ses soutiens, François-Xavier Ceccoli, candidat dans la deuxième circonscription de Haute-Corse s'investit également dans l'élaboration de vidéos explicatives sur son programme. Battu de 156 voix lors des dernières élections, le candidat qui comptabilise 5000 fans sur Facebook et 1600 sur X semble déterminé à combler cet infime écart avec son principal adversaire.

 

Bien que la campagne politique semble inévitablement liée aux réseaux sociaux aujourd'hui, tous les candidats n'adoptent pas cette stratégie numérique. Lutte Ouvrière est absente du web, tandis que le Rassemblement National est peu actif sur les réseaux sociaux. En revanche, Mossa Palatina communique principalement à travers les comptes personnels de ses candidats. De son côté, Core in Fronte utilise aussi les réseaux sociaux, tout en mettant l'accent sur une campagne de terrain.