Corse Net Infos - Pure player corse

Les hôteliers de la région ajaccienne entrent en guerre contre le géant booking


Julia Sereni le Samedi 13 Juin 2020 à 10:22

Remontée contre la célèbre plateforme de réservation d’hôtels en ligne, l’association des hôteliers du golfe d’Ajaccio, forte de sa cinquantaine de membres, appelle aujourd’hui l’ensemble des hôteliers de l’île à les rejoindre dans leur combat.



Carole Ottavy, gérante de l’hôtel « Le San Carlu » et présidente de l’association et Jean-Baptiste Pieri, propriétaire de l’hôtel « Les Mouettes. Photo Michel Luccioni
Carole Ottavy, gérante de l’hôtel « Le San Carlu » et présidente de l’association et Jean-Baptiste Pieri, propriétaire de l’hôtel « Les Mouettes. Photo Michel Luccioni
Pot de terre contre pot de fer ou David contre Goliath, c’est un combat bien inégal que celui entamé par l’association des hôteliers du golfe d’Ajaccio. En effet, c’est au géant Booking qu’ils ont décidé de s’attaquer. En cause, l’attitude de la plateforme pendant la crise du COVID-19  : « Booking n’a pas été un partenaire pour nous », explique Jean-Baptiste Pieri, propriétaire de l’hôtel « Les Mouettes » et secrétaire général de l’association des hôteliers du golfe d’Ajaccio. Même si, de son propre aveu, « cela faisait longtemps que l’ensemble des hôteliers étaient mécontents de leur relation avec Booking ». Le contexte particulier lié à la crise sanitaire n’a fait qu’envenimer les choses.
Les hôteliers reprochent notamment à la plateforme de faire preuve d’ingérence commerciale, en les obligeant à procéder à des remboursements alors que la loi leur permet de proposer aux clients des reports de séjours : « Ils nous prélevaient sans rien demander », déplore Jean-Baptiste Pieri. Dans un contexte de trésorerie tendue, la pilule ne passe pas. De même, il regrette « la visibilité accrue laissée aux meublés non déclarés », forme de concurrence déloyale à laquelle ces professionnels sont aujourd’hui particulièrement confrontés.
Les griefs s’accumulant, l’association en est venue à une conclusion bien simple : « La commission demandée est trop élevée par rapport au service rendu. Il y a 10 ans on payait 10% de commission, aujourd’hui c’est 17% voire 20 à 25% ».

Pourquoi alors rester chez Booking ? « Certains de nos adhérents sont à 60% de réservations issues de la plateforme, elle est en position de force ». Et cette position dominante, l’entreprise en abuse, selon Carole Ottavy, gérante de l’hôtel « Le San Carlu » et présidente de l’association : « Ils mettent la pression aux hôteliers en laissant la possibilité aux clients dont le séjour a été repoussé, et non remboursé, de mettre des notes, évidemment négatives ».
 
C’est pourquoi ils ont décidé d’agir, et de frapper fort, en se retirant de Booking au coeur de la saison, pendant la période du 2 au 23 août. Depuis, une première rencontre par visioconférence a eu lieu mardi 9 juin avec un haut responsable de l’entreprise. Mais pas de réponse officielle pour le moment, le verdict est attendu lundi 15 juin prochain. En attendant, l’association souhaite amplifier le mouvement : « Nous appelons tous les hôteliers de Corse à rejoindre notre action et à se retirer de la plateforme du 2 au 23 août » invite Carole Ottavy. Et d’ajouter, très remontée : « Booking se moque de nous. Notre action les fait sourire, peut-être que la Corse entière mobilisée, cela les fera moins sourire… ».

Pour les hôteliers souhaitant rejoindre le mouvement, le collectif a créé une adresse mail dédiée : HoteliersCorsesContreLesOtas@gmail.com .
 
De son côté, Booking n’a pas souhaité apporter de réponse spécifique à la problématique des hôteliers ajacciens mais assure dans un communiqué avoir pour priorité « l'aide et le soutien à ses partenaires ». La plateforme affirme constituer pour eux « un canal de distribution très rentable, qui leur apporte des clients de toute la France et du monde entier ». Sur la question de la concurrence, l’entreprise indique : « Nous créons des conditions de concurrence équitables entre les petits hôtels indépendants, les maisons de vacances et les appartements urbains, et les grandes stations et chaînes hôtelières établies partout ». Booking rappelle par ailleurs fournir un service « totalement gratuit et facultatif ». Le communiqué poursuit : « Contrairement à la publicité télévisée par exemple, nos partenaires ne paient pour nos services de marketing (c'est-à-dire la commission) qu'après que nous leur ayons permis de générer des revenus ». Enfin, sur l’épineuse question des taux de commission, la plateforme précise simplement que ceux-ci « ont toujours été les plus faibles du secteur ». Pas de quoi calmer, pour l’instant, la grogne des hôteliers insulaires.