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Lutte contre le sida : Aiutu Corsu fête ses 30 ans


Naël Makhzoum le Dimanche 9 Octobre 2022 à 13:27

Aiutu Corsu, basé depuis toujours à Ajaccio et fondé en 1992, a organisé ce vendredi è octobre à Ajaccio une conférence-débat durant à l'occasion du trentième anniversaire de l'association qui lutte contre le VIH. Sa présidente depuis vingt ans, Sylvie Marcaggi, évoque pour CNI la situation actuelle en Corse et raconte les évolutions qu'elle a connu



La présidente d'Aiutu Corsa, Sylvie Marcaggi
La présidente d'Aiutu Corsa, Sylvie Marcaggi
- Le VIH, ça représente quoi en Corse ?
- On n'a jamais de chiffres officiels. Ce que l'on sait, c'est que c'est relativement stable et ce n'est plus dramatique comme ça a pu l'être dans les années 90. Mais il y a toujours, malgré tout, de nouvelles personnes affectées ici comme ailleurs. 
 
- Il y a donc encore un besoin de prévention...
- On mène des actions depuis toujours. On est une petite structure d'une vingtaine de bénévoles dont une poignée de personnes très actives qui naviguent sur toute la Corse et ce n'est pas évident du tout. On est certainement parfois pas assez visibles, mais on essaie de suivre l'ère du temps et donc de s'adapter aux réseaux sociaux, à internet, chose qu'on ne faisait pas il y a cinq ans. On travaille beaucoup pour aider le public jeune et moins jeune. Avant, on se déplaçait plus sur des lieux de drague comme les plages. Mais aujourd'hui, ça n'a plus vraiment lieu avec les sites de rencontre notamment. 
 
- Comment accompagnez-vous les malades ?
- On leur laisse le porte ouverte ! C'est un endroit où les malades se posent, peuvent discuter, recevoir des aides administratives, alimentaires, financières... Mais le nerf de la guerre, ça reste l'écoute. On doit prendre en considération ces gens qui sont souvent isolés, désocialisés. C'est un endroit de pause et ça ne paraît pas comme ça, mais c'est hyper important pour eux. 

- Votre rôle s'est transformé avec les années...
- On n'a plus les mêmes activités. Ça fait vingt ans que je suis dans l'association et ce n'est plus du tout la même approche auprès des malades ou la même activité de prévention. Ça évolue parfois bien, parfois moins bien. Mais il y a un changement certain : on n'appréhende plus du tout le VIH comme on l'appréhendait il y a vingt ans. Et puis il y a une nette amélioration sociale, des activités et des traitements, comparativement à la situation lorsque je suis arrivée. La constante, ça reste l'écoute. Mais ça a changé, ce ne sont plus tout à fait les mêmes profils de gens, ils ont moins de problèmes qu'il y a vingt ans. Il y a une évolution plutôt favorable car c'était sportif à cette époque... C'est mieux, c'est différent mais tout aussi important aujourd'hui. Ce sont des gens qui sont dans le besoin.
 
- Quelles actions sont menées aujourd'hui ?
On fait des déplacements sur les plages, on installe des distributeurs de préservatifs dans les endroits un peu "chauds". On mène aussi des actions ponctuelles comme la semaine prochaine, par exemple, où nous serons à Corte pour deux journées de santé sexuelle. Et puis on fait aussi du dépistage, on est habilités pour dépister par TRODS (tests rapides) donc ça a aussi une importance. Le secret de tout ça, c'est l'information qui manque beaucoup. 
 
- Vous avez toujours autant de gens qui viennent vous voir ?
- On n'en a pas tous les jours des nouveaux mais on a quand même une file active qui reste constante. Ça diminue comme on a eu des décès, mais on reste toujours sur à peu près le même nombre de personnes accueillies à l'association. C'est moins catastrophique que ça ne l'était avant mais ce n'est quand même pas résolu.
 
- Quelles sont les perspectives de l'association ?
- On espère pouvoir continuer et développer des actions de visibilité dans le domaine de la prévention, de l'information. Et développer le dépistage aussi car c'est la clé de la prévention. Si vous êtes dépisté et traité, vous ne développerez pas de phase Sida et vous serez à court terme non contaminant. En France, 6000 personnes sont séropositives chaque année.
 
Propos recueillis par Naël Makhzoum