
Depuis la parution de son livre témoignage en 2020, la championne de patinage Sarah Abitbol porte la voix des victimes de violences sexuelles dans le sport, pour que la parole se libère. Son ouvrage, qui a connu un retentissement médiatique important, s’est ensuite mué en un documentaire diffusé depuis plus de deux ans.
À l’initiative de la Direction des droits des femmes et de l’égalité, l’ancienne championne était ainsi au Centre de la Jeunesse et du Sport d’Ajaccio pour présenter son œuvre et participer à un débat avec la salle. « Ce documentaire est la prolongation de ma parole, ce qui permet de toucher encore plus de monde. On voulait que ce soit fait de manière profonde, et que ce soit quelque chose qui me ressemble. Le tournage a été difficile car cela m’a replongée dans le livre, mais cela fait partie de ma reconstruction pour me sentir plus forte. J’ai eu des moments durs, mais je savais que cette prolongation de la parole allait aider d’autres personnes. »
« La première fois que la Corse accueille une association qui lutte contre les violences sexuelles dans le sport »
Sarah Abitbol avait accusé dans son livre l’un de ses anciens entraîneurs de viol, d’attouchements et de harcèlement sexuel, alors qu’elle avait entre 15 et 17 ans. « C’est une grande victoire d’avoir pu libérer ma parole. Maintenant, c’est très important de faire le tour de France des régions avec ce documentaire et différents supports. Et nous allons continuer, car même s’il est sorti en 2022, il n’est pas périssable. C’est la première fois que la Corse accueille une association qui lutte contre les violences sexuelles dans le sport, donc nous sommes ravis que la Corse nous mette à l’honneur. »
Dans la salle, trop exigüe, du CSJC d’Ajaccio, de nombreux sportifs, mais aussi juristes, professionnels de l’Éducation, de la Santé et du Social ont pu visionner ce documentaire avant d’échanger avec l’ancienne championne de patinage artistique : « C’est très important, car cela montre que l’on peut s’en sortir et aller mieux. J’en suis la preuve vivante aujourd’hui. En brisant le silence et en parlant, on peut guérir. C’est une prise de parole positive. Le milieu du sport a beaucoup évolué depuis la sortie du livre. Roxana Maracineanu, la ministre des Sports de l’époque, avait pris les choses en main. On avait 30 ans de retard, on essaye de les rattraper. Aujourd’hui, on constate que nous avons plus de 70 fédérations touchées par ces violences, avec plus de 5 000 cas avérés. Cela montre l’ampleur du phénomène. »

Une lutte de l’ensemble des violences faites aux femmes, qui se déroule toute l’année en Corse sous l’égide de la direction des droits des femmes et de l’égalité, à l’initiative de cette conférence, comme l’explique Vannina Saget, la directrice régionale : « Tout au long de l’année, notre direction a pour objectif de mettre en place un certain nombre de journées de sensibilisation auprès des professionnels pour leur faciliter leur travail notamment auprès des publics jeunes. Il nous semblait intéressant de pouvoir faire venir une personnalité afin de montrer un modèle et un exemple de courage, qui incarne la libération de la parole ». Selon une étude réalisée par l’IFOP en 2022, un enfant sur sept serait victime de violence dans le sport.