Le ton est grave, les mots lourds de sens. « Encore un acte cruel et lâche dans notre île, engendrant indignation, colère, fatigue morale. La haine étouffe-t-elle la Corse ? » C’est par cette phrase que le cardinal François-Xavier Bustillo réagit au meurtre de Chloé, abattue par balles samedi soir à Ponte-Leccia.
Dans son message, l’évêque de Corse adresse avant tout ses pensées à la famille et aux proches de la jeune femme, frappés par un deuil injuste et une douleur insupportable. Mais il tourne aussi son regard vers la jeunesse corse, l’exhortant à refuser la fatalité. « Les jeunes ne peuvent s’habituer à une société violente. Ils possèdent la force de la refuser et nous les y encourageons », affirme-t-il, dénonçant un climat de peur et de repli qui menace le lien social.
Un appel au sursaut collectif
Face à cette nouvelle tragédie, le cardinal ne se contente pas de l’indignation. Il appelle à une prise de conscience collective et exhorte la société insulaire à rompre avec la spirale des règlements de comptes et de la peur. « La Corse mérite un présent et un avenir meilleurs, pacifiques et constructifs », plaide-t-il, rappelant le message du Pape François lors de sa venue sur l’île en décembre dernier. Il invite toutes les forces vives de la société – politiques, économiques, spirituelles, associatives, culturelles, intellectuelles et sportives – à dire ensemble non à la violence.
Pour lui, cette prise de conscience doit se traduire en actes. « La vie relationnelle, polluée par la violence et la peur, doit être purifiée par des comportements cohérents et libres », insiste-t-il, estimant que l’île a les ressources pour sortir de cette spirale.
Une parole forte dans une Corse sous le choc
L’intervention du cardinal Bustillo s’ajoute à une vague d’indignation qui traverse la Corse depuis le meurtre de Chloé. Alors qu’une manifestation contre la violence est prévue à Ajaccio le 22 février, la parole de l’évêque de Corse résonne bien au-delà du cadre religieux. Elle interpelle une île meurtrie, où les assassinats se succèdent et où la lassitude se mêle à la colère. « Nous croyons en notre capacité, avec la grâce de Dieu, à nous en libérer, à transformer la société pour qu’elle vive dans la paix », conclut le cardinal, appelant à une Corse unie et pacifiée.