« Sta sessione di nuvembre s’apre in un cuntestu fattu cume sempre di bone è di gattive nutizie. Principieraghju stu discorsu incù dui affari chì mi danu assai penseru ». C’est intentionnellement que la présidente de l’Assemblée de Corse, Nanette Maupertuis, a longuement débuté son discours d’ouverture de la session de novembre in lingua nustrale pour dénoncer « deux nouvelles préoccupantes ». Sans surprise, la première est la décision de la Cour d’appel administrative de Marseille qui confirme celle du Tribunal administratif de Bastia de mars 2023 d’interdire l’usage de la langue corse dans les débats de l’Assemblée de Corse. La Cour annule le règlement intérieur de l’Assemblée de Corse qui autorise les élus à s’exprimer en corse et en français. Elle considère que ces dispositions contreviennent à l’article 2 de la Constitution qui stipule que « la langue de la République est le français ».
Un refus d’obtempérer
Une décision qui, comme en mars 2023, suscite l’ire de la présidente corse et son refus d’obtempérer : « Pare dunque chì per una certa parte di a ghjustizia è di l’amministrazione francese ùn si pò micca scrive indè u nostru regulamentu internu chì e lingue di i nostri dibattiti sò u corsu è u francese. Pare chì ùn la pudemu micca scrive è dunque, infatti, chi ùn si puderebbe micca parlà corsu quì. Dicu « pare », perché cume a sentite, è a ponu sente quelli chì ci fideghjanu nantu à a rete, eiu parlu corsu ». Traduction : « Il parait qu’on ne pourrait pas écrire dans notre règlement interne que les langues de notre débat sont le corse et le français. Je dis : parait parce que comme vous l’entendez je parle corse ! ». Et d’asséner que c’est sa langue, son droit, et qu’elle ne cessera pas de la parler puisque les débats ont une traduction simultanée corse-français : « Parlu corsu - quì è oghje - perché ghjè a mo lingua. Parlu corsu - quì è oghje - perché chì ghjè u mo dirittu. Parlu corsu è ùn pienteraghju micca di parlà perchè chì ùn pigliu nunda à nimu parlendu corsu.Tutti quelli chì volenu stà a sente i nostri dibattiti in francese a ponu fà cù u sistema di traduzione simultanea. Allora, senza meze parolle, a vi vogliu dì. Noi quì cuntinueremu à parlà a nostra lingua ! ».
Absurde et injuste !
Toujours in lingua nustrale, Nanette Maupertuis réaffirme sa volonté conjointe avec le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni, de porter un recours devant le Conseil d’Etat. Tout en déplorant que cette décision « absurde et injuste » soit l’arme utilisée par certains pour faire disparaître la langue et le peuple corse : « Mà sta decisione, assurda è inghjusta, face capì ancu à quelli chì ne dubitavanu, chì ci sò ghjente chì volenu a morte di a nostra lingua è di u nostru populu. Se e regule impediscenu un dirittu umanu fundamentale, u dirittu di un locutore corsu di fà usu di a so lingua ind’è i servizi publichi, allora ghjè a regula chì deve cambià, micca u locutore ». Ce jugement renforce, estime-t-elle, la nécessité d’une révision constitutionnelle pour obtenir l’autonomie de la Corse : « U travagliu ch’avemu fattu nantu à u statutu di a lingua in u quatru di a revisione custituziunale deve cuntinuà. L’esperti, da e Nazione Unite à l’universitari, ci dicenu ch’avemu ragiò di cuntinuà à luttà pè i nostri diritti linguistichi. U prughjettu di scritture custituziunale hè statu fattu di modu à cunferì à a nostra lingua un carattere ufficiale è cusì prumove un bislinguismu attivu. St’Assemblea l’hà dettu è l’hà vutatu : vulemu chì a nostra lingua sia ufficiale è cuntinueremu nantu à sta strada. Perché a vi dicu, simu ind’è u filu ghjustu di a storia ! ».
Solidarité climatique
Le deuxième sujet de préoccupation de la présidente est relatif aux inondations sans précédent qui ont touché la Province de Valence ainsi que les régions de Castilla-la-Mancha, d’Andalucia et la Catalunya. Le dernier bilan fait état de 225 morts et 14 disparus. « Face à ce drame, j’ai souhaité que nous puissions, à l’occasion de cette session, manifester notre solidarité et notre soutien fraternel aux populations et institutions concernées ». La présidente propose aux élus territoriaux de voter une motion de soutien aux populations concernées : « Je sais que nous nous retrouverons tous autour d’une question qui est malheureusement amenée à se répéter dans bon nombre de territoires du pourtour méditerranéen, compte-tenu de la forte exposition de la zone méditerranéenne aux effets du changement climatique. Ma solidarité m’a également conduite à rencontrer ce matin des associations corses qui se mobilisent pour exprimer, avec la générosité qui les caractérise, la proximité du peuple corse avec les communautés endeuillées ».
Des défis immenses
Nanette Maupertuis saisit l’occasion de rappeler que ce jour du 28 novembre est la journée de la Méditerranée dans le monde, « depuis novembre 2020 et la décision des 42 États membres de l’Union pour la Méditerranée de déclarer officiellement cette date pour célébrer annuellement l’héritage millénaire de ce berceau d’humanisme, de sagesse et de dialogue interculturel. Cette journée vise à nous rappeler le destin commun des peuples méditerranéens, dans cette mer source de bien des richesses, sur les plans culturel, naturel, économique et tout simplement humain. Nous rappeler aussi cette identité que nous oublions quelques fois, trop concentrés que nous sommes sur nos questions internes. Rappeler aussi que cette nécessaire intégration est à rechercher avec nos voisins tant les défis sont immenses ». Elle insiste également sur les enjeux : « géopolitiques d’abord, avec les conflits et instabilités notamment sur la rive Sud et les enjeux migratoires et sécuritaires associés. Ecologiques ensuite, avec son extrême vulnérabilité au changement climatique et aux risques qu’il comporte. Economiques, avec le vrai défi de l’intégration d’un espace à plusieurs vitesses et des enjeux profonds sur les plans démographiques ou encore commerciaux. De gouvernance enfin, avec la nécessité d’aborder la Méditerranée au bon niveau et sous le bon angle, loin des coups d’épée dans l’eau de certaines démarches trop théoriques ou de celles trop technocratiques ». Et d’affirmer : « La Méditerranée mérite un cadre qui lui ressemble, loin des logiques de domination ou de prédation auxquelles elle a assisté des siècles durant, un cadre plus proche et respectueux de sa diversité et de sa richesse humaine ».
Un évènement historique
Dans ce contexte morose, Nanette Maupertuis tient à célébrer une bonne nouvelle, celle de la visite de Sa Sainteté le pape Francesco en Corse le 15 décembre prochain. « Bien avant l’annonce officielle, la Corse tout entière retenait son souffle pour ce qui est, bel et bien, un événement historique sur le plan symbolique et politique compte-tenu de l’égard fait à notre peuple et de la grâce ainsi accordée à tous les Chrétiens de cette île ». Une visite qui s’inscrit, selon elle, dans l’attention particulière que le pape François porte à la Méditerranée. « Papa Francesco nous fait donc un honneur immense, celui de visiter le petit peuple que nous sommes, celui de fouler le sol « di stu scornu di Mare Terraniu », stu pizzatellu di terra. Depuis 2023, après Bari, Firenze ou encore Marseille, le Pape a entrepris une vraie marche au service des peuples méditerranéens. Et je veux croire que le choix de la Corse, dans le cadre du colloque de l’Eglise de Corse sur la piété populaire en Méditerranée, s’inscrit dans cette histoire, celle d’un pèlerinage pour rappeler au monde, et rappeler à chacun d’entre nous que nous vivons et œuvrons dans un espace géographique et symbolique à portée universelle et que nous avons le devoir de l’incarner dans nos vies de femmes et d’hommes mais aussi de responsables politiques que nous sommes ». Pour Nanette Maupertuis, cette visite « constituera définitivement un temps fort de communion et de partage pour les Corses et la Méditerranée dans son ensemble ». Elle cite des paroles prononcées par le Pape lors des Rencontres Méditerranéennes de Marseille, le 23 septembre 2023 : « Allez de l’avant, courageux ! Soyez une mer de bien pour faire face aux pauvretés d’aujourd’hui avec une synergie solidaire. Soyez un port accueillant pour embrasser ceux qui cherchent un avenir meilleur. Soyez un phare de paix, pour anéantir, à travers la culture de la rencontre, les abîmes ténébreux de la violence et de la guerre ». Et de conclure : « Que nous soyons laïcs ou croyants, responsables politiques ou simples citoyens, ayons en tête et au cœur ces quelques mots au moment où nous accueillerons, avec humilité, Papa Francesco ».
Un refus d’obtempérer
Une décision qui, comme en mars 2023, suscite l’ire de la présidente corse et son refus d’obtempérer : « Pare dunque chì per una certa parte di a ghjustizia è di l’amministrazione francese ùn si pò micca scrive indè u nostru regulamentu internu chì e lingue di i nostri dibattiti sò u corsu è u francese. Pare chì ùn la pudemu micca scrive è dunque, infatti, chi ùn si puderebbe micca parlà corsu quì. Dicu « pare », perché cume a sentite, è a ponu sente quelli chì ci fideghjanu nantu à a rete, eiu parlu corsu ». Traduction : « Il parait qu’on ne pourrait pas écrire dans notre règlement interne que les langues de notre débat sont le corse et le français. Je dis : parait parce que comme vous l’entendez je parle corse ! ». Et d’asséner que c’est sa langue, son droit, et qu’elle ne cessera pas de la parler puisque les débats ont une traduction simultanée corse-français : « Parlu corsu - quì è oghje - perché ghjè a mo lingua. Parlu corsu - quì è oghje - perché chì ghjè u mo dirittu. Parlu corsu è ùn pienteraghju micca di parlà perchè chì ùn pigliu nunda à nimu parlendu corsu.Tutti quelli chì volenu stà a sente i nostri dibattiti in francese a ponu fà cù u sistema di traduzione simultanea. Allora, senza meze parolle, a vi vogliu dì. Noi quì cuntinueremu à parlà a nostra lingua ! ».
Absurde et injuste !
Toujours in lingua nustrale, Nanette Maupertuis réaffirme sa volonté conjointe avec le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni, de porter un recours devant le Conseil d’Etat. Tout en déplorant que cette décision « absurde et injuste » soit l’arme utilisée par certains pour faire disparaître la langue et le peuple corse : « Mà sta decisione, assurda è inghjusta, face capì ancu à quelli chì ne dubitavanu, chì ci sò ghjente chì volenu a morte di a nostra lingua è di u nostru populu. Se e regule impediscenu un dirittu umanu fundamentale, u dirittu di un locutore corsu di fà usu di a so lingua ind’è i servizi publichi, allora ghjè a regula chì deve cambià, micca u locutore ». Ce jugement renforce, estime-t-elle, la nécessité d’une révision constitutionnelle pour obtenir l’autonomie de la Corse : « U travagliu ch’avemu fattu nantu à u statutu di a lingua in u quatru di a revisione custituziunale deve cuntinuà. L’esperti, da e Nazione Unite à l’universitari, ci dicenu ch’avemu ragiò di cuntinuà à luttà pè i nostri diritti linguistichi. U prughjettu di scritture custituziunale hè statu fattu di modu à cunferì à a nostra lingua un carattere ufficiale è cusì prumove un bislinguismu attivu. St’Assemblea l’hà dettu è l’hà vutatu : vulemu chì a nostra lingua sia ufficiale è cuntinueremu nantu à sta strada. Perché a vi dicu, simu ind’è u filu ghjustu di a storia ! ».
Solidarité climatique
Le deuxième sujet de préoccupation de la présidente est relatif aux inondations sans précédent qui ont touché la Province de Valence ainsi que les régions de Castilla-la-Mancha, d’Andalucia et la Catalunya. Le dernier bilan fait état de 225 morts et 14 disparus. « Face à ce drame, j’ai souhaité que nous puissions, à l’occasion de cette session, manifester notre solidarité et notre soutien fraternel aux populations et institutions concernées ». La présidente propose aux élus territoriaux de voter une motion de soutien aux populations concernées : « Je sais que nous nous retrouverons tous autour d’une question qui est malheureusement amenée à se répéter dans bon nombre de territoires du pourtour méditerranéen, compte-tenu de la forte exposition de la zone méditerranéenne aux effets du changement climatique. Ma solidarité m’a également conduite à rencontrer ce matin des associations corses qui se mobilisent pour exprimer, avec la générosité qui les caractérise, la proximité du peuple corse avec les communautés endeuillées ».
Des défis immenses
Nanette Maupertuis saisit l’occasion de rappeler que ce jour du 28 novembre est la journée de la Méditerranée dans le monde, « depuis novembre 2020 et la décision des 42 États membres de l’Union pour la Méditerranée de déclarer officiellement cette date pour célébrer annuellement l’héritage millénaire de ce berceau d’humanisme, de sagesse et de dialogue interculturel. Cette journée vise à nous rappeler le destin commun des peuples méditerranéens, dans cette mer source de bien des richesses, sur les plans culturel, naturel, économique et tout simplement humain. Nous rappeler aussi cette identité que nous oublions quelques fois, trop concentrés que nous sommes sur nos questions internes. Rappeler aussi que cette nécessaire intégration est à rechercher avec nos voisins tant les défis sont immenses ». Elle insiste également sur les enjeux : « géopolitiques d’abord, avec les conflits et instabilités notamment sur la rive Sud et les enjeux migratoires et sécuritaires associés. Ecologiques ensuite, avec son extrême vulnérabilité au changement climatique et aux risques qu’il comporte. Economiques, avec le vrai défi de l’intégration d’un espace à plusieurs vitesses et des enjeux profonds sur les plans démographiques ou encore commerciaux. De gouvernance enfin, avec la nécessité d’aborder la Méditerranée au bon niveau et sous le bon angle, loin des coups d’épée dans l’eau de certaines démarches trop théoriques ou de celles trop technocratiques ». Et d’affirmer : « La Méditerranée mérite un cadre qui lui ressemble, loin des logiques de domination ou de prédation auxquelles elle a assisté des siècles durant, un cadre plus proche et respectueux de sa diversité et de sa richesse humaine ».
Un évènement historique
Dans ce contexte morose, Nanette Maupertuis tient à célébrer une bonne nouvelle, celle de la visite de Sa Sainteté le pape Francesco en Corse le 15 décembre prochain. « Bien avant l’annonce officielle, la Corse tout entière retenait son souffle pour ce qui est, bel et bien, un événement historique sur le plan symbolique et politique compte-tenu de l’égard fait à notre peuple et de la grâce ainsi accordée à tous les Chrétiens de cette île ». Une visite qui s’inscrit, selon elle, dans l’attention particulière que le pape François porte à la Méditerranée. « Papa Francesco nous fait donc un honneur immense, celui de visiter le petit peuple que nous sommes, celui de fouler le sol « di stu scornu di Mare Terraniu », stu pizzatellu di terra. Depuis 2023, après Bari, Firenze ou encore Marseille, le Pape a entrepris une vraie marche au service des peuples méditerranéens. Et je veux croire que le choix de la Corse, dans le cadre du colloque de l’Eglise de Corse sur la piété populaire en Méditerranée, s’inscrit dans cette histoire, celle d’un pèlerinage pour rappeler au monde, et rappeler à chacun d’entre nous que nous vivons et œuvrons dans un espace géographique et symbolique à portée universelle et que nous avons le devoir de l’incarner dans nos vies de femmes et d’hommes mais aussi de responsables politiques que nous sommes ». Pour Nanette Maupertuis, cette visite « constituera définitivement un temps fort de communion et de partage pour les Corses et la Méditerranée dans son ensemble ». Elle cite des paroles prononcées par le Pape lors des Rencontres Méditerranéennes de Marseille, le 23 septembre 2023 : « Allez de l’avant, courageux ! Soyez une mer de bien pour faire face aux pauvretés d’aujourd’hui avec une synergie solidaire. Soyez un port accueillant pour embrasser ceux qui cherchent un avenir meilleur. Soyez un phare de paix, pour anéantir, à travers la culture de la rencontre, les abîmes ténébreux de la violence et de la guerre ». Et de conclure : « Que nous soyons laïcs ou croyants, responsables politiques ou simples citoyens, ayons en tête et au cœur ces quelques mots au moment où nous accueillerons, avec humilité, Papa Francesco ».