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Pêche de loisirs en Corse : une réunion, à Ajaccio, pour défendre les intérêts des amateurs


le Mardi 4 Février 2025 à 16:44

Quel avenir pour la pêche de loisirs en Corse ? Suite aux différents moratoires qui ont été pris par l’Etat sur le mérou, le corb et le denti dans les eaux françaises de la Méditerranée, la fédération corse des pêches récréatives (FCPR) entend peser davantage dans les discussions futures avec les instances décisionnaires. Elle organise une réunion publique à Ajaccio, le 8 février, en présence d’un invité, Grégory Tordjman, le fondateur de l’application FishFriender.



Crédit photo Pexels
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Il y a tout juste un an, cinq associations corses de pêche de loisirs se constituaient en une seule et même fédération. « On peut avoir des divergences, mais on a surtout une vision commune de la gestion de la pêche, confiait son président, Jean-Jacques Riutort. Nous voulons être la voix que l’administration écoute. » Car quelques semaines avant la naissance de la FCPR, l’État avait reconduit pour dix ans le moratoire sur le corb et le mérou dans les eaux corses, en dépit de l’opposition – alors dispersée – des associations. « On nous avait pris pour des billes », fustige encore aujourd’hui Philippe Piccoli, le vice-président de la FCPR.

Reconduire pour dix ans le moratoire sur la pêche du mérou et du corb ne s’imposait pas, selon ces pêcheurs récréatifs insulaires, qui avaient contesté les études scientifiques préconisant l’interdiction de pêcher des poissons de ces deux espèces. En vain. Mais la FCPR n’entend pas baisser les bras : « Nous avons attaqué au tribunal administratif l’arrêté sur le corb et le mérou, informe Philippe Piccoli. Nous sommes dans l’attente de la décision. Si nous avons décidé d’aller en justice, c’est parce que les études scientifiques (1) n’étaient pas correctes. » Le denti, lui, avait fait l’objet d’un arrêté de la Direction de la mer et du littoral en Corse, le 14 mars 2023, qui en interdisait la pêche pour une durée de trois ans, à titre expérimental  : « Pas dit que cet arrêté soit reconduit », espère Philippe Piccoli qui, d’une manière générale, privilégie les mesures de gestion aux mesures d’interdiction.

"Les braconniers, tout le monde les connaît..."

Comme celle qui s’applique désormais dans le Parc naturel marin du Cap Corse et de l’Agriate et qui limite à 5 kg la quantité de poisson pêché (par jour et par pêcheur récréatif). Cette mesure de gestion a été prise dans le cadre d’un arrêté interpréfectoral (Corse et PACA), à l’initiative du Parc naturel marin. Le poids moyen des pêches quotidiennement ramenées à terre par les pêcheurs récréatifs étant de 2 kg, ces derniers ont bien compris que cet arrêté ne les vise pas au premier chef, mais tend à combattre le braconnage. L’arrêté s’accompagne de la délivrance d’une autorisation de pêche que Jean-François De Marco, membre du FCPR, voit d’un bon œil : « Disposer de données officielles permettra de pouvoir mieux peser demain dans les discussions sur les moratoires. » A un bémol près, ajoute Philippe Piccoli : « La mer est un espace de liberté qui devient un espace de contrôle. On va donc se servir de ces données pour augmenter la pression sur les pêcheurs de loisirs, alors que les braconniers, tout le monde les connaît… »

Obligation de s'enregistrer au 1er janvier 2026

Le 31 janvier, l’Union européenne a publié au Journal officiel les quotas de pêche pour l’année 2025. En Méditerranée, les pêcheurs récréatifs ne sont pas concernés par ces nouveaux quotas mais au 1er janvier 2026, il deviendra obligatoire de s’enregistrer, comme de déclarer toute prise pour une espèce soumise à un plan de gestion. Cette plate-forme d’enregistrement à l’échelon européen, RecFishing.eu, a été conçue par la société Halieuticom, fondatrice de l’application mobile FishFriender. Celle-ci permet depuis 2016 aux pêcheurs récréatifs d’enregistrer leurs prises et des les partager avec la communauté, dans l’idée de promouvoir des pratiques de pêche responsables visant à protéger la ressource. Et en près de dix ans d’existence, FishFriender a convaincu 250 000 utilisateurs, ce qui en fait l’application de pêche numéro 1 en France. Son fondateur, Grégory Tordjeman, sera présent ce samedi 8 février à Ajaccio (2), au cours d’une réunion publique à laquelle sont conviés les pêcheurs récréatifs corses (au nombre de 20 000, selon le recensement effectué par la FCPR). En parallèle de l’application, « nous assurons l’étude de suivi nationale de la pêche en mer depuis 2021 sur FishFriender et venons d’être reconduit pour cette étude sur la période 2025-2027, précise Grégory Tordjeman. C’est en particulier pour présenter cette étude et discuter de l’avenir de la pêche en mer au niveau européen que je serai à Ajaccio le 8 février. »

1. Les études scientifiques que la FCPR conteste ont été produites pour l’une par Eric Durieux, chercheur à Stella Mare, et pour l’autre par Michel Marengo, directeur de la station de recherche sous-marine et océanographique (Stareso) de Calvi.

2. La réunion publique aura lieu à 15 heures ce samedi 8 février, au restaurant l’Amirauté, sur le port d’Ajaccio.