« En quatre ans, je n’ai jamais vu aucun de ces billets mais peut-être est-ce dû à la défaillance de certains de mes sens compte tenu de mon âge avancé ! » C’est sur le ton de l’ironie que Pierre Ghionga s’enquiert du sort des « soldi corsi », à l’occasion de la séance des questions orales à l’Assemblée de Corse.
Un « échec » pour Pierre Ghionga
En 2016, une expérimentation de la monnaie locale avait en effet été confiée à l’association Corsica Prumuzione sur le Grand Bastia, avec une mise en production des billets prévue d’ici la fin du premier trimestre 2017. Or, depuis, rien à l’horizon : « Force est de constater que votre projet ‘soldi corsi’ semble être un échec. » lance Pierre Ghionga. Ce qu’il regrette : « Si l’ambition initiale que vous appeliez révolution de l’économie locale me semblait un peu emphatique, cette mesure aurait à mon sens permis d’apporter un plus à notre économie dans la crise exceptionnelle que nous subissons depuis un an. »
« Vos sens ne sont pas atteints et vous avez raison de dire que la monnaie locale n’est pas en circulation » lui répond Jean-Christophe Angelini. S’il admet avoir envisagé et même programmé de soutenir cette initiative à titre expérimental, « les conditions de sécurité techniques juridiques et économiques n’ont malheureusement à l’époque pas pu être réunies. Il ne nous a donc pas semblé opportun de poursuivre l’expérience. » Et le président de l’ADEC l’assure, « pas un centime d’argent public » n’a été engagé dans cette initiative.
Un nouveau projet sur le modèle du Sardex ?
Néanmoins, pour Jean-Christophe Angelini, le projet de monnaie locale n’est pas totalement enterré. « Des entreprises ont notamment proposé le modèle du Sardex, qui fonctionne bien chez nos voisins. Face à la multiplicité de ces initiatives, nous avons décidé de revenir à une logique simple et qui sera validée, je l’espère, avant la fin de cette mandature : celle d’un marché public. » Celui-ci devra donc désigner « un ou plusieurs candidats, chargés de mettre en oeuvre cette monnaie complémentaire ».