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Restrictions d'eau : Des agriculteurs en appellent à EDF Corse pour sauveur leurs exploitations


Rose Casado le Dimanche 4 Août 2024 à 15:09

Vendredi 2 août, une vingtaine d'agriculteurs se sont rassemblés sur le site du barrage Sanpolo, dans la commune de Ghisoni. Répondant à l'appel de la Coordination rurale Corsica et de l'association des Jeunes agriculteurs de Corse, ils ont voulu alerter EDF Corse, gestionnaire du barrage, sur les risques imminents d'épuisement de leurs ressources en eau.



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L’objectif du rassemblement était clair : alerter EDF Corse, gestionnaire du barrage de Sanpolo, sur l’urgence d’augmenter le quota d’eau brute disponible pour les agriculteurs en septembre. « Il s'agissait aujourd'hui d'un rassemblement symbolique pour demander aux autorités de l'État et à la Collectivité de Corse de se mettre d'accord avec EDF. Tout cela, dans le but d'augmenter le quota d'eau brute que l'entreprise met à disposition des agriculteurs pour le mois de septembre », a expliqué Cyril Caria, exploitant agricole et président de la Coordination Rurale Corsica.

Actuellement, EDF Corse fournit 350 000 litres d'eau par jour pour l'irrigation dans le Fiumorbu, une quantité qui devrait être portée à 500 000 litres en septembre. Cependant, selon les agriculteurs, cette augmentation ne suffira pas à pallier la pénurie imminente. « Sur le Fiumorbu, nous avons actuellement 350 000 litres d'eau disponibles par jour, de la part d'EDF. On sait que cette quantité va être augmentée à 500 000 au mois de septembre, mais ce ne sera malheureusement pas suffisant. On veut organiser une réunion pour envisager dès à présent qu'EDF augmente sa part pour l'irrigation parce que nous savons que les réserves du barrage qui puise dans la rivière du Fium Orbu sont relativement bonnes », souligne Cyril Caria.

Prendre les devants
Anticiper pour éviter le pire : telle est la stratégie adoptée par les agriculteurs corses. En effet, les prévisions du comité de sécheresse, réunissant la préfecture et les services concernés, sont réalisées de manière hebdomadaire, laissant peu de marge de manœuvre aux exploitants. « Nous savons que si nous attendons la rentrée, nous n'aurons pas de réponse à temps. Entre les congés, les discussions entre les différents services… Nous n'accusons personne, mais nous préférons être prévoyants », précise un. autre exploitant.

La crise de l’eau en Corse s’inscrit dans une problématique plus vaste liée au dérèglement climatique. Les besoins en eau des cultures augmentent chaque année, exacerbant une situation déjà critique. Des études régulières des sols ont conduit la préfecture de Haute-Corse à imposer un arrêté « alerte sécheresse » sur une large partie du département, touchant 137 communes sur les 236 que compte la Haute-Corse. Depuis le 11 juillet, l’irrigation est interdite deux jours par semaine pour toutes les cultures, à l'exception du maraîchage et de l'horticulture.
Cette année, un nouveau défi vient compliquer la donne : le vent constant qui assèche davantage les sols. « Les sols sont déjà en manque d'eau, et cette année, le vent souffle tous les jours sur nos terres », se désole Cyril Caria, décrivant une situation où chaque goutte d’eau devient précieuse.

Dans cette lutte pour l’eau, la solidarité entre les agriculteurs est primordiale. « Il y a des restrictions en eau, et il faut que tous les exploitants agricoles jouent le jeu pour que chacun puisse irriguer quand il en a besoin. Les agriculteurs, par exemple, sont les derniers à devoir irriguer, puisqu'il s'agit d'une filière qui récolte en novembre. Alors, avec la sécheresse automnale, il faut absolument économiser l'eau pour qu'ils puissent eux aussi en bénéficier au terme de la saison », rappelle Cyril Caria. La solidarité et la gestion rigoureuse de l’eau deviennent les pierres angulaires d'une survie collective face à une crise climatique qui semble inexorable.

Un avenir incertain
Les agriculteurs corses savent que le combat est loin d'être terminé. « On est tous très inquiets, parce que nous savons que les choses ne vont pas aller en s'améliorant », conclut Cyril Caria.


La manifestation du 2 août n'était qu'une première étape dans une série d'actions destinées à garantir la pérennité de l'agriculture insulaire face à des défis environnementaux de plus en plus pressants.