Rapprocher le monde de la recherche du public
Frédéric Fenouillère et Dominique Federici
Dimanche 12 mars, la salle de conférence du Parc Galea était comble, malgré le temps printanier, pour écouter l’intervention du Président de l’Université, Dominique Federici, sur le thème : L’Università di Corsica Pasquale Paoli – Formations, recherche et avenir.
Cette présentation initiait le lancement d’un nouveau concept que les habitués du Parc Galea retrouveront dorénavant tous les dimanches, de mars à juillet puis de septembre à octobre : un rendez-vous avec l’Université baptisé RICERCA, pour faire un point régulier sur l’état de la recherche scientifique et historique corse, préludera désormais à chacune des traditionnelles conférences, sous la forme d’un “grand entretien public”.
Vingt-cinq thèmes ont donc été retenus pour l’année 2023, préparés en concertation par Frédéric Fenouillère et Yann Quilichini, le Vice-président Science avec et pour la société. Les sujets en sont variés, de la biodiversité des eaux douces à l’autonomie alimentaire, des incendies de forêt aux récits mythiques, en passant par l’archipel corso-sarde au Moyen-Âge, la danse contemporaine, les huiles essentielles, les mines de Corse, la grande histoire de la famille Rivarola... et bien d’autres… « On ne sait pas toujours que des chercheurs travaillent sur certaines thématiques, à Corte. Ce sera davantage mis en lumière avec ce programme », explique Dominique Federici. La nouvelle formule a donc pour vocation de rapprocher du public le monde de la recherche corse.
De la mobilisation populaire à une Université pour tous
Sur le mode d’un échange avec le Directeur du Parc Galea, Dominique Federici a rappelé la création de l’Université en 1765 et le long parcours de sa re-naissance en 1981, suite à la mobilisation populaire des années soixante-dix rappelée par des photos projetées à l’écran. Il a fallu le travail « de pionniers, pour que l’université soit reconnue au niveau du territoire, puis pour faire reconnaître le projet scientifique ». En 2004, la mise aux normes de la structure a été suivi d’un rattrapage. L’objectif était que tous les jeunes Corses – et pas seulement ceux qui avaient les moyens de partir sur le continent – aient enfin la possibilité de poursuivre des études supérieures. « Ce qui prévaut et a toujours prévalu, c’est de créer une société de la connaissance en Corse. Faire monter la société autour de la formation des jeunes. »
Aujourd’hui, Cortì, c’est environ 5 000 étudiants, 400 enseignants dont près de 170 enseignants -chercheurs et un large spectre de formations offrant 130 diplômes. « C’est une petite université par la taille mais une grande par le talent ! », magagne Dominique Federici, en réponse à une question. Elle est limitée dans sa croissance par sa capacité logistique et par le nombre d’enseignants. Mais elle a l’avantage d’une structure à taille humaine : « Un enseignant connaît pratiquement tous ses étudiants. Cela facilite les échanges, à la fin des cours. »
Un campus universitaire à part entière
Bien que disposant de la faculté d’étendre ses locaux en dehors de Cortì, l’Université a choisi de concentrer toute la formation initiale et la recherche fondamentale au cœur même de la ville, pour en faire un campus universitaire au sens strict. En relation avec la ville et la Collectivité de Corse qui finance son patrimoine, elle a lancé le concept de « ville université » – il faut rappeler que Cortì compte 7000 habitants, à rapprocher des 5000 étudiants présents.
Par contre, la recherche appliquée est déconcentrée sur des plates-formes spécifiques : Stella Mare, avec ses travaux sur les ressources halieutiques primés au niveau international, est installée à Biguglia – en bord de mer, comme il se doit compte-tenu de sa spécialité. Si Myrte et Paglia Orba, elles, sont implantées à Vignola, près des Sanguinaires, c’est un héritage de l’histoire : Myrte y a été créée dans les années quatre-vingt. Ces deux plateformes spécialisées dans les énergies renouvelables, de la production au stockage, ont été à l’origine, en 2012, d’une première européenne : le développement d’une pile à hydrogène.
Enfin, la formation des professeurs du second degré et du primaire est assurée à u Borgu et Aiacciu.
Transformer la recherche en richesse
En 2007, l’Université a opté pour une logique de projets structurants pluridisciplinaires. Aujourd’hui, huit projets structurants traduisent ainsi ses priorités, six portant sur les sciences de l’environnement, deux concernant les domaines patrimonial et culturel : on peut citer Terra qui permet d’appréhender la question de la géographie en Corse, Gestion et valorisation des eaux en Méditerranée, Feux qui étudie les incendies, Ressources naturelles… sans oublier des thèmes plus classiques ou “fondamentaux” comme l’informatique, les mathématiques ou la physique. Cela avec un double objectif : obtenir la reconnaissance scientifique au travers de publications et de collaborations ; mais aussi développer des applications : « Notre slogan, c’est : “Transformer la recherche en richesse” ! ». L’objectif est en effet que ces projets apportent un plus au niveau du territoire. L’Université travaille ainsi sur l’autonomie énergétique, l’autonomie alimentaire ou les ressources halieutiques – en relation ici avec les aquaculteurs et les pêcheurs.
Quant aux formations, elles ont évolué au fil du temps. « La carte des formations est quelque chose d’assez central dans un projet universitaire. On réalise une évaluation après trois ans, qui conduit à modifier à la marge certaines formations si l’on voit qu’elles ne répondent pas aux attentes des jeunes. Et tous les cinq ans, la carte évolue, avec de nouvelles formations. » C’est ainsi qu’en 2004, après une réforme qui a concerné toutes les universités, a été inaugurée à Cortì, la première année de médecine. « Une formation qui fonctionne bien ! Notre idée, c’est d’ouvrir la deuxième année, et même tout le cycle, jusqu’à la troisième année, et cela dès 2024. » De la même façon, l’Université, en partenariat avec la Chambre d’Agriculture, l’ODARC et l’INRAE, envisage de créer une seconde spécialisation pour l’école d’ingénieur : l’agronomie, avec des spécificités liées à notre territoire insulaire. L’approche tiendrait ainsi compte à la fois du changement climatique et du travail initié sur l’autonomie alimentaire.
Cette présentation initiait le lancement d’un nouveau concept que les habitués du Parc Galea retrouveront dorénavant tous les dimanches, de mars à juillet puis de septembre à octobre : un rendez-vous avec l’Université baptisé RICERCA, pour faire un point régulier sur l’état de la recherche scientifique et historique corse, préludera désormais à chacune des traditionnelles conférences, sous la forme d’un “grand entretien public”.
Vingt-cinq thèmes ont donc été retenus pour l’année 2023, préparés en concertation par Frédéric Fenouillère et Yann Quilichini, le Vice-président Science avec et pour la société. Les sujets en sont variés, de la biodiversité des eaux douces à l’autonomie alimentaire, des incendies de forêt aux récits mythiques, en passant par l’archipel corso-sarde au Moyen-Âge, la danse contemporaine, les huiles essentielles, les mines de Corse, la grande histoire de la famille Rivarola... et bien d’autres… « On ne sait pas toujours que des chercheurs travaillent sur certaines thématiques, à Corte. Ce sera davantage mis en lumière avec ce programme », explique Dominique Federici. La nouvelle formule a donc pour vocation de rapprocher du public le monde de la recherche corse.
De la mobilisation populaire à une Université pour tous
Sur le mode d’un échange avec le Directeur du Parc Galea, Dominique Federici a rappelé la création de l’Université en 1765 et le long parcours de sa re-naissance en 1981, suite à la mobilisation populaire des années soixante-dix rappelée par des photos projetées à l’écran. Il a fallu le travail « de pionniers, pour que l’université soit reconnue au niveau du territoire, puis pour faire reconnaître le projet scientifique ». En 2004, la mise aux normes de la structure a été suivi d’un rattrapage. L’objectif était que tous les jeunes Corses – et pas seulement ceux qui avaient les moyens de partir sur le continent – aient enfin la possibilité de poursuivre des études supérieures. « Ce qui prévaut et a toujours prévalu, c’est de créer une société de la connaissance en Corse. Faire monter la société autour de la formation des jeunes. »
Aujourd’hui, Cortì, c’est environ 5 000 étudiants, 400 enseignants dont près de 170 enseignants -chercheurs et un large spectre de formations offrant 130 diplômes. « C’est une petite université par la taille mais une grande par le talent ! », magagne Dominique Federici, en réponse à une question. Elle est limitée dans sa croissance par sa capacité logistique et par le nombre d’enseignants. Mais elle a l’avantage d’une structure à taille humaine : « Un enseignant connaît pratiquement tous ses étudiants. Cela facilite les échanges, à la fin des cours. »
Un campus universitaire à part entière
Bien que disposant de la faculté d’étendre ses locaux en dehors de Cortì, l’Université a choisi de concentrer toute la formation initiale et la recherche fondamentale au cœur même de la ville, pour en faire un campus universitaire au sens strict. En relation avec la ville et la Collectivité de Corse qui finance son patrimoine, elle a lancé le concept de « ville université » – il faut rappeler que Cortì compte 7000 habitants, à rapprocher des 5000 étudiants présents.
Par contre, la recherche appliquée est déconcentrée sur des plates-formes spécifiques : Stella Mare, avec ses travaux sur les ressources halieutiques primés au niveau international, est installée à Biguglia – en bord de mer, comme il se doit compte-tenu de sa spécialité. Si Myrte et Paglia Orba, elles, sont implantées à Vignola, près des Sanguinaires, c’est un héritage de l’histoire : Myrte y a été créée dans les années quatre-vingt. Ces deux plateformes spécialisées dans les énergies renouvelables, de la production au stockage, ont été à l’origine, en 2012, d’une première européenne : le développement d’une pile à hydrogène.
Enfin, la formation des professeurs du second degré et du primaire est assurée à u Borgu et Aiacciu.
Transformer la recherche en richesse
En 2007, l’Université a opté pour une logique de projets structurants pluridisciplinaires. Aujourd’hui, huit projets structurants traduisent ainsi ses priorités, six portant sur les sciences de l’environnement, deux concernant les domaines patrimonial et culturel : on peut citer Terra qui permet d’appréhender la question de la géographie en Corse, Gestion et valorisation des eaux en Méditerranée, Feux qui étudie les incendies, Ressources naturelles… sans oublier des thèmes plus classiques ou “fondamentaux” comme l’informatique, les mathématiques ou la physique. Cela avec un double objectif : obtenir la reconnaissance scientifique au travers de publications et de collaborations ; mais aussi développer des applications : « Notre slogan, c’est : “Transformer la recherche en richesse” ! ». L’objectif est en effet que ces projets apportent un plus au niveau du territoire. L’Université travaille ainsi sur l’autonomie énergétique, l’autonomie alimentaire ou les ressources halieutiques – en relation ici avec les aquaculteurs et les pêcheurs.
Quant aux formations, elles ont évolué au fil du temps. « La carte des formations est quelque chose d’assez central dans un projet universitaire. On réalise une évaluation après trois ans, qui conduit à modifier à la marge certaines formations si l’on voit qu’elles ne répondent pas aux attentes des jeunes. Et tous les cinq ans, la carte évolue, avec de nouvelles formations. » C’est ainsi qu’en 2004, après une réforme qui a concerné toutes les universités, a été inaugurée à Cortì, la première année de médecine. « Une formation qui fonctionne bien ! Notre idée, c’est d’ouvrir la deuxième année, et même tout le cycle, jusqu’à la troisième année, et cela dès 2024. » De la même façon, l’Université, en partenariat avec la Chambre d’Agriculture, l’ODARC et l’INRAE, envisage de créer une seconde spécialisation pour l’école d’ingénieur : l’agronomie, avec des spécificités liées à notre territoire insulaire. L’approche tiendrait ainsi compte à la fois du changement climatique et du travail initié sur l’autonomie alimentaire.
Le statut spécifique de l’Università di Corsica
L’Università di Corsica est un cas à part parmi les universités françaises : hors du cadre normatif ordinaire, elle est liée par contrat à la fois à la Collectivité de Corse et à l’État. Un contrat qui est revu tous les cinq ans : « Nous travaillons en ce moment sur le 5ème contrat, et nous pensons les projets dans ce cadre ». Et justement, suite à une réponse à “appel à projets”, l’Université lauréate pour la première fois, a monté un projet autour de deux axes : les ressources naturelles et les ressources culturelles. Les équipes vont travailler sur l’hydrogène vert, sur quelques espèces marines emblématiques, sur l’autonomie alimentaire – comment améliorer la production dans un contexte de réduction des ressources en eau ; et sur un concept qui vise à développer formation et recherche autour du tourisme, dans une logique pluridisciplinaire, avec un axe patrimonial et culturel. L’un des volets de ce projet consistera à trouver une façon de le faire accepter par la société.
Un parrain emblématique pour les conférences de 2023
La présentation s’est clôturée par la signature officielle de la convention liant le Parc Galea à l’Université. Outre les “grands entretiens” réalisées bénévolement, avant chaque conférence, par des enseignants-chercheurs, des formations vont être dispensées sur le Parc et les étudiants y bénéficieront de tarifs préférentiels. La semaine du 13 mars, dix doctorants vont d’ailleurs y être formés au “pitch” – afin d’apprendre à présenter leur projet de thèse en six minutes. Ils feront un premier essai de présentation, devant un public réduit, à l’issue de ce stage, avant la grande première, le 30 octobre, lors de la dernière conférence de l’année.
Le sociologue et philosophe Edgar Morin a été désigné parrain de ce nouveau cycle de conférences ainsi revisité : avant que ne débute la première conférence de l’année – animée à la suite par Chowra Makaremi, sur le thème « Femmes – Vie – Liberté » – , il est apparu à l’écran, en duplex du Maroc où il séjournait, pour présenter ses « vœux et souhaits de pleine réussite » à la nouvelle formule. Une apparition que le public corse a salué d’applaudissements nourris.
Pour consulter la liste des grands entretiens prévus pour l’année : https://ricerca.universita.corsica/plugins/actu/actu-front.php?id=8660
Un parrain emblématique pour les conférences de 2023
La présentation s’est clôturée par la signature officielle de la convention liant le Parc Galea à l’Université. Outre les “grands entretiens” réalisées bénévolement, avant chaque conférence, par des enseignants-chercheurs, des formations vont être dispensées sur le Parc et les étudiants y bénéficieront de tarifs préférentiels. La semaine du 13 mars, dix doctorants vont d’ailleurs y être formés au “pitch” – afin d’apprendre à présenter leur projet de thèse en six minutes. Ils feront un premier essai de présentation, devant un public réduit, à l’issue de ce stage, avant la grande première, le 30 octobre, lors de la dernière conférence de l’année.
Le sociologue et philosophe Edgar Morin a été désigné parrain de ce nouveau cycle de conférences ainsi revisité : avant que ne débute la première conférence de l’année – animée à la suite par Chowra Makaremi, sur le thème « Femmes – Vie – Liberté » – , il est apparu à l’écran, en duplex du Maroc où il séjournait, pour présenter ses « vœux et souhaits de pleine réussite » à la nouvelle formule. Une apparition que le public corse a salué d’applaudissements nourris.
Pour consulter la liste des grands entretiens prévus pour l’année : https://ricerca.universita.corsica/plugins/actu/actu-front.php?id=8660