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Santa Lucia di Mercoriu : L’instit qui murmurait à l’oreille des abeilles


Mario Grazi le Samedi 13 Juillet 2024 à 19:23

Chez les Giudicelli on se transmet la passion de l’apiculture de père en fils. Après son grand-père puis son père Claude, c’est au tour de François de reprendre le rucher, après le décès de ce dernier. Il jongle entre son métier de professeur des écoles et ses abeilles installées à Santa Lucia di Mercoriu.



Dans les années 60, c’est par passion pour l’apiculture que le grand-père de François Giudicelli s’y est mis. Cette même passion a été transmise à son fils Claude, qui s’est fait connaître pour son engagement en faveur de la protection des abeilles et son combat pour obtenir l’AOC Mele di Corsica. Il fut aussi le premier à alerter sur les ravages que pourrait causer le frelon asiatique sur les ruches si aucune mesure de protection n’était prise.
Et François Giudicelli a donc baigné tout jeune au sein des ruchers de son père en l’aidant régulièrement pour l’entretien ou les récoltes au Fiuminale di Santa Lucia. C’est tout naturellement qu’au décès de son père, François a repris ses ruches. Et il s’agit d’un travail de tous les instants. Certes, il y a la récolte au printemps, en été et à l’automne, « mais l’hiver aussi il y a tout un travail d’entretien et de préparation à mener. Il faut nettoyer les cadres, les hausses, préparer la cire pour que les abeilles construisent les alvéoles et nourrir les abeilles aussi. Les 90 hausses (N.D.L.R. bacs pour rehausser les ruches et garnies de cadres à cire) pour l’ensemble du rucher sont entassées non loin de la miellerie et lorsque les abeilles sont au repos, les apiculteurs ne chôment pas. Un travail de nettoyage et d’entretien. Et puis surtout il faut continuer à nourrir les abeilles ». 

Pour cela, François Giudicelli utilise de l’apifonda, une sorte de pâte alimentaire naturelle, protéinée avec du miel que l’on mélange avec de l’eau. Cela permet aux abeilles de mieux supporter les hivers froids et « d’être en pleine forme et moins agressives au printemps », poursuit François Giudicelli.
L’apiculteur pratique également la transhumance de manière à produire différentes sortes de miel. Il a, par exemple, disposé durant un mois une dizaine de ses ruches, au début du printemps, autour des clémentiniers d’un ami en Plaine Orientale, « nous avons pu ainsi obtenir un miel de clémentines extraordinaire. Nous avions fait cela aussi l’an passé sur le châtaignier, en juin, ainsi que sur du thym qui donne un miel exceptionnel et original. Un miel recherché, comme celui de clémentinier ». Mais la transhumance reste délicate, car il faut surtout éviter les pesticides. Ce fut le cas cette année où François a perdu 5 ruches situées non loin de la RN 200, « toutes les abeilles sont mortes en raison des pesticides utilisés par les agriculteurs. Il faut faire très attention où l’on dispose ses abeilles ».
François Giudicelli propose un miel de printemps avec de l’asphodèle et du clémentinier, comme cette année. Deux miels très clairs que l’on ne peut différencier qu’au goût ! Ensuite, à cette époque, il y a le maquis de printemps avec le ciste, par exemple, puis le maquis d’été, « il y a d’autres sortes de miels, mais je ne fais que ceux que je vous ai cités ». Et en ce moment, François Giudicelli est en pleine période d’extraction du miel de printemps. Suite à son souci de santé et de son opération, il a été absent de longues semaines de son exploitation, « heureusement que les amis sont venus s’occuper de mes ruches et qu’ils continuent à m’aider pour transporter les hausses ou réaliser les différentes tâches qu’il y a à mener à la miellerie ou encore pour disposer des chasse-abeilles dans les ruches pour que les abeilles descendent d’une hausse à l’autre et que l’on soit tranquille le lendemain lorsque nous allons les récupérer ».

Dans la miellerie, où il règne une forte chaleur pour que le miel ne cristallise pas, l’apiculteur désopercule les cadres à l’aide de son couteau avant de les glisser dans la centrifugeuse pour extraire le miel. Celui est tamisé trois fois « pour retirer toutes les petites impuretés et d’éventuels résidus de cire. Le miel est ensuite déposé dans un maturateur durant environ une semaine pour que les dernières impuretés remontent en surface. Des impuretés qui sont d’ailleurs recherchées par les fabricants de cosmétique. Ce n’est qu’après que nous pouvons passer à la dernière étape, à savoir la mise en pot et l’étiquetage. Personnellement je ne fais que le miel, je ne fais pas de pollen ni de la propolis ».

Un miel délicieux que l’on trouve partout en centre Corse, ainsi qu’à Porto-Vecchio, sachant que François produit entre 500 et 800 kg, en fonction des années !