Corse Net Infos - Pure player corse

Visite de Catherine Vautrin en Corse : « une prise de contact » pour renouer le dialogue


le Vendredi 25 Octobre 2024 à 19:00

Pour son deuxième jour de déplacement en Corse, la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation, en charge du dossier corse, rencontrait les élus territoriaux ce vendredi après-midi. Des échanges sous forme de prise de contact, qui n'ont pas donné lieu à de grandes annonces, mais qui ont permis de refixer le cap.



(Photos : Paule Santoni)
(Photos : Paule Santoni)
C’est une visite que beaucoup attendait pour jauger des intentions du nouveau gouvernement vis à vis de la Corse et de l’avenir du processus d’autonomie. Ce vendredi marquait le deuxième jour du premier déplacement en Corse de Catherine Vautrin en tant que ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation, en charge du dossier corse. Une journée ajaccienne sans temps mort lors de laquelle elle s’est d’abord rendue au congrès des maires de la Corse-du-Sud (voir par ailleurs), avant une rencontre avec les agriculteurs et les organisations syndicales à la préfecture. En milieu d’après-midi, elle a enfin pris la direction du cours Grandval pour trois rencontres avec le conseil exécutif, la présidente de l’Assemblée de Corse puis l’ensemble des présidents de groupes à l’Assemblée, à l’exception de Core in Fronte et de Josepha Giacometti-Piredda, l’élue de Nazione, qui n’ont pas répondu à l’invitation. 
 
Une après-midi d’entrevues à huis clos, au sortir desquelles aucun annonce n’a été faite. Le processus d’autonomie stagnerait-il ? La ministre s’en défend en rappelant le calendrier. 
« Il y a eu un texte d’écritures constitutionnelles qui a été adopté par l’Assemblée de Corse. Actuellement, il y a un travail qui est effectué par le Sénat qui va être terminé dans les jours qui viennent. Le texte fera ensuite l’objet d’un examen par la commission des lois de l’Assemblée nationale, puis il y aura au premier trimestre 2025 un travail qui sera fait pour écrire un texte de loi qui ensuite passera au Conseil d’État puis au Conseil des ministres. Nous aurons à discuter ce texte dans un an, à partir de l’automne prochain pour un Congrès avant la fin de l’année 2025 », détaille-t-elle en expliquant en outre que suite aux échanges avec les élus elle repart avec un certain nombre de dossiers dans ses valises. « Nous avons beaucoup parlé d’urbanisme, de logement, de transport, de pouvoir d’achat, de santé », détaille-t-elle. Interrogée sur la rallonge de Dotation de Continuité Territoriale (DCT) demandée par l’ensemble des élus corses, elle botte en touche. « Nous sommes aujourd’hui dans le processus budgétaire à l’Assemblée nationale il faut laisser le temps aux choses d’avancer », se borne-t-elle à commenter. 
 
Pour autant, malgré l’absence d’avancée concrète, pas vraiment de déception affichée du côté des élus alors que la ministre quitte les locaux de la Collectivité de Corse. « C’était une prise de contact », souffle seulement Gilles Simeoni. « C’est important qu’elle s’approprie le matériau politique et humain de la question corse en rencontrant tous les acteurs », ajoute le président en insistant : « Il était important que la ministre rencontre les conseillers exécutifs, qu’elle prenne à la fois la dimension politique et humaine de notre engagement, et pour rappeler que pour nous il ne peut pas y avoir de distinction entre le combat politique global que nous menons, le fil historique de la lutte pour la reconnaissance du peuple, le statut d’autonomie, la révision constitutionnelle, et l’autre aspect qui est celui de la gestion des problèmes du quotidien ».
 
«  Nous avons rappelé à la ministre que depuis deux ans nous avons travaillé de manière féconde avec le précédent gouvernement, pour arriver à un texte de compromis en mars dernier et que maintenant nous devons passer à une phase d’opérationnalité pour inscrire la question corse dans une dimension politique pour permettre au peuple corse d’assurer sa pérennité sur sa propre terre et pour régler les problèmes les plus prégnants du quotidien des Corses à travers cette amélioration sociale que nous appelons de nos vœux », indique pour sa part Romain Colonna pour Fà Populu Inseme.
 
De son côté, Jean-Christophe Angelini, le président d’Avanzemu dit même sa « satisfaction ». « Le dialogue a repris, ce matin lors du congrès des maires et cet après-midi à l’Assemblée », assure-t-il. « À Avanzemu nous avons toutefois voulu poser une exigence de méthode. La ministre a posé une dead line à fin 2025 pour valider les écritures constitutionnelles : comment aboutit-on et en fonction de quelles méthodes à cet objectif ? Est-ce que l’on a de nouveau des comités stratégiques ? Des réunions plus fluides et moins protocolaires ? C’est ce que nous avons voulu développer et à quoi la ministre a répondu par une même exigence : aller vite et selon des modalités peut être plus agiles et resserrées », dévoile-t-il par ailleurs en glissant par ailleurs : « Mais il y a des urgences avec des sujets qui ne peuvent pas attendre fin 2025 comme la DCT, le plan contre la précarité, l’économie et la vie des entreprises… Que fait-on ? ».
 
Enfin, la co-présidente du groupe Un Soffiu Novu, Valérie Bozzi, a pour sa part souhaité revêtir sa casquette d’élue locale et confie avoir évoqué les problèmes d’aménagement du territoire avec la ministre. « Elle a bien compris que l’urbanisme est une problématique de l’ensemble des collectivités en Corse et a assuré qu’il y aurait une attention particulière sur les projets d’intérêt généraux », indique la maire de Grosseto-Prugna.
 
Pour son troisième jour de déplacement sur l’île, Catherine Vautrin prendre samedi la direction de Bonifacio et Porto-Vecchio où elle échangera à nouveau avec des élus de Corse-du-Sud. Elle sera de nouveau à Ajaccio lundi pour installer le nouveau préfet de Corse.