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​Réunion dirigeants-supporters à l’ACA : « Il manque 3,5 millions d’euros pour finir la saison »


Vincent Marcelli le Lundi 6 Janvier 2025 à 20:04

Après la défaite à domicile vendredi face à Annecy (1-2), et à la demande des supporters, une réunion avec les dirigeants de l’ACA a été organisée ce lundi en fin d’après-midi au stade Michel Moretti d’Ajaccio. Près d’une centaine de supporters étaient ainsi présents pour essayer de trouver des réponses à leurs nombreuses questions. Selon Jeannot Fattacioli, président du club par intérim, il manque environ 3,5 millions d’euros au club ajaccien pour finir la saison. Le déficit du club ajaccien s'élève à 7,5 millions d'euros au 30 décembre 2024. Le club discute actuellement avec plusieurs repreneurs potentiels qui se sont manifestés ces derniers jours.



Les dirigeants ajacciens ont rencontré leurs supporters ce lundi soir au stade Michel Moretti.(photos Paule Santoni)
Les dirigeants ajacciens ont rencontré leurs supporters ce lundi soir au stade Michel Moretti.(photos Paule Santoni)

Avant-dernier de Ligue 2 avec 15 points, et dans une situation calamiteuse sur le plan financier, l’AC Ajaccio vit des moments difficiles. Jeannot Fattaccioli, président du club, Franck Leloup, directeur général, et Yohan Cavalli, coordinateur sportif, étaient à la tribune de la salle de conférence de presse pour répondre à la centaine de supporters présents : « On est là pour clarifier la situation du club. On pensait que grâce à la montée en Ligue 1, cela allait nous aider à pérenniser le club grâce aux 13 millions de droits TV et 16,5 millions de CVC en Ligue 1. Mais, il faut savoir que le montant des sommes CVC ne peut servir qu’aux infrastructures du club. Cette manne financière n’était pas là pour combler les déficits. On a d’ailleurs été un des rares clubs à être contrôlés à ce niveau-là. Il nous a manqué également l’équivalent de 2 millions d’euros concernant la baisse des droits TV. Aujourd’hui, il nous manque 3,5 millions d’euros pour finir la saison » a notamment expliqué en amont Franck Leloup, le directeur général.

Un déficit estimé à 7,5 millions d’euros au 30 décembre 2024
Dans le viseur du club ajaccien, le « contrat de sponsoring avorté avec un laboratoire médical portugais » : « Nous avons signé un contrat de 5 millions d’euros avec eux, signé en bonne et due forme. On a découvert que c’était une arnaque. Nous avons gagné au niveau de la loi française. Nous avons aussi gagné devant la loi européenne, mais ils ont disparu. Cette somme avait été budgétisée ». Avec un déficit estimé à 5,6 millions d’euros au 30 juin 2024, celui-ci s’établit désormais à 7,5 millions d’euros au 31 décembre 2025. Un gouffre financier qui s’explique également par la non-vente de joueurs durant l’été, notamment celle de Tim Jabol : « Un club de Ligue 1 nous a proposé 1,4 million d’euros payable en 4 ans. Nous avons fait une contre-proposition sur un étalement sur 3 ans, mais le club en question (Auxerre) a refusé ».

Autre élément avancé par le directeur général, le coût du stade Michel Moretti (1,2 million d’euros annuels) : « Le stade représente un poids dans notre budget. Il nous coûte très cher par rapport aux loyers que payent les autres clubs en Ligue 2. On aimerait bien le rétrocéder à une collectivité, mais aujourd’hui les mairies préfèrent les céder pour l’euro symbolique ». L’aide des collectivités a également été mise à l’index : « Des clubs comme Dunkerque ou Martigues reçoivent 1,2 million d’euros par an de subventions. La Ville d’Ajaccio fait avec ses moyens et nous donne 90 000 euros. La Collectivité de Corse nous octroie une subvention de 400 000 euros qu’on repaie immédiatement au CSJC. Pourtant, aujourd’hui, le club a un impact économique qui ramène 8,7 millions d’euros en Corse, 180 emplois directs et 900 emplois indirects ».

La solution ?
« Depuis que nous avons annoncé publiquement nos difficultés financières, nous avons été contactés par une quinzaine de personnes, intéressées par le rachat du club. Nous avons plusieurs rendez-vous ces prochains jours dans cette optique ».


Un club à vendre à tout prix même pour un euro symbolique
Du côté des supporters, les interrogations se multiplient. Certains se demandent comment la situation a pu se dégrader à ce point : « Il faut se mettre ensemble pour aller chercher de l’argent. Bientôt, on sera à vendre pour 1 euro chez JP Celeri (liquidateur). J’ai l’impression qu’on ne se bat pas assez, il faut aller chercher l’argent là où il se trouve. J’ai donné personnellement une liste de 10 personnes et un contact à CMA CGM, mais personne ne les a contactés. Il faut se bouger ».

Alain Orsoni, l’un des responsables historiques du club, intervenant par téléphone, se montre déterminé à sauver l’équipe : « Mon souci, c’est de sauver le club. S’il faut s’asseoir sur l’argent qu’on a mis sur la table, on s’assoira dessus. Cela fait six ans que je ne suis plus au club. On a pu faire des erreurs. Si on vend le club, Jeannot Fattaccioli perdra 3 millions d’euros. On le cédera pour un euro symbolique, s’il le faut ».

Au fond de la salle, une intervention de Brahim Thiam, ancien joueur professionnel et fervent défenseur du football corse, suscite de vives réactions : « Il faut que les joueurs et les dirigeants montrent l’exemple et baissent leurs salaires s’ils veulent vraiment sauver le club ». Les applaudissements fusent. D’ailleurs, certains salariés du club auraient déjà accepté de réduire une partie de leurs rémunérations.

Sur le plan sportif, Yohan Cavalli, visiblement agacé par les critiques du journaliste Romain Molina – contre qui il envisage de porter plainte – tente de rassurer les supporters : « On va s’en sortir, comme on s’en est toujours sortis. On est mal, comme on l’a toujours été. C’est compliqué, j’ai été joueur, je suis passé par des saisons comme celles-là. À l’arrivée, on s’en est toujours sortis. On vient de se séparer d’un entraîneur, on va essayer avec Debès en intérim et on verra comment cela se passe avant de décider si on prendra un entraîneur en remplacement de Mathieu Chabert ».

Le groupe se met en ordre de bataille avant un déplacement crucial à Bastia pour y disputer le derby, suivi d’un match capital face à Caen au stade Michel Moretti. Désormais, l’ACA entre en mode survie. L’enjeu : préserver sa place en Ligue 2 et continuer à exister dans l’univers impitoyable du football professionnel. Un défi parmi les plus difficiles que le club ait eu à relever ces dernières années.