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Ajaccio : Le téléporté Angelo s’invite dans le débat budgétaire de la CAPA


Patrice Paquier Lorenzi le Vendredi 21 Mars 2025 à 10:01

Les enjeux liés aux transports et aux mobilités, et notamment les coûts financiers du télépLes enjeux de mobilité, et en particulier le coût du téléporté d’Ajaccio, ont occupé une place centrale dans les discussions financières de la CAPA, ce jeudi 20 mars. Dans un contexte de baisse des recettes fiscales et de hausse mécanique des dépenses de fonctionnement, Xavier Lacombe a alerté sur un budget « sur une mauvaise trajectoire, qui demande une vigilance accrue dans les prochaines années », en présentant le rapport d’orientation budgétaire 2025.



Le téléporté d'Ajaccio est au coeur de tous les débats avant sa prochaine mise en service prévue an août 2025.
Le téléporté d'Ajaccio est au coeur de tous les débats avant sa prochaine mise en service prévue an août 2025.
Quelques mois avant sa mise en service, le téléporté d’Ajaccio fait l’objet de toutes les attentions ces derniers jours et a de nouveau été largement évoqué lors de la séance du conseil communautaire de la CAPA, ce jeudi après-midi. TDès le début de la réunion, le sujet a été abordé par Stéphane Sbraggia, maire d’Ajaccio et président de l’EPCI, à propos d’une demande de financement auprès des fonds européens FEDER, instruits et distribués par la Collectivité de Corse. « Il y a une opportunité de capter des fonds FEDER au titre de la thématique sur le renforcement du développement durable. Nous avons transmis une demande de financement à hauteur de 6 millions d’euros sur une assiette de 21,7 millions d’euros. Cette demande est uniquement motivée par une opportunité et non pas un manque au niveau du plan de financement sur des crédits qui ne sont pas consommés. La logique voudrait qu’on les utilise plutôt qu’on les fasse repartir en train ou en avion pour Bruxelles ! » a ironisé le président de la CAPA, en référence à la polémique sur la sous-utilisation des fonds européens pour la mobilité en Corse.
 
« Nous arrivons à un seuil critique de l’effet ciseau »
Les questions de transports et de mobilités sont revenues au centre des échanges en fin de séance, à l’occasion de la présentation du rapport d’orientation budgétaire de la CAPA par Xavier Lacombe. Contexte international incertain, baisse des recettes fiscales (notamment le gel de la TVA), diminution de la taxe GEMAPI, réduction des dotations de compensation… L’intercommunalité fait face à des tensions financières croissantes. « Nous arrivons à un seuil critique de l’effet ciseau concernant le budget de la CAPA, nous sommes sur une mauvaise trajectoire », a alerté Xavier Lacombe. Avec un taux d’épargne brute en baisse — de 10 % à 7,2 % en 2024 — et une capacité de désendettement désormais estimée à 7,1 années, « une vigilance forte devra être maintenue en raison de l’augmentation des dépenses de fonctionnement liées aux investissements nécessaires au développement du territoire, notamment les coûts d’entretien des équipements et les frais financiers des emprunts », a-t-il conclu.
 

(photo : direction de la communication de la CAPA)
(photo : direction de la communication de la CAPA)
Un budget des transports qui inquiète
Les inquiétudes autour du financement des mobilités ont été largement exprimées jeudi lors du conseil communautaire. Jean-André Miniconi, membre de l’opposition, a mis en cause le niveau d’endettement de la CAPA : « à hauteur de 23 millions d’euros de plus que la moyenne nationale par rapport au ratio par habitant ». Pour lui, l’explication est claire : « C’est ce qui correspond finalement au montant de l’emprunt concernant le téléporté. Au final, il va coûter près de 50 millions d’euros TTC pour seulement 50 % de subvention. Mais il va falloir aussi comptabiliser les frais de démaquisage à hauteur d’1 million d’euros. Je ne pense pas que vous puissiez tenir les investissements au niveau desquels ils ont été budgétés. »

Jean-François Casalta partage cette analyse : « La santé financière de la CAPA se dégrade et le budget des transports nous inquiète forcément. Il est totalement absorbé par la Muvitarra. Il n’y a plus de marge de manœuvre, sauf en ponctionnant le budget général. Ce budget des transports explose à cause du téléporté, qui représente ¾ des investissements. » Il évoque également de nouvelles contraintes liées au chantier : « On apprend également que le déficit s’élèvera à 1,4 million d’euros par an et qu’il va falloir démaquiser près de 20 hectares, un espace remarquable classé boisé. C’est un problème environnemental majeur. Concernant le coût global, on passe d’un projet de 30 millions d’euros financé à 80 %, à un projet qui va coûter 50 millions d’euros financé à 50 %, ce n’est plus du tout la même chose. » Enfin, il alerte sur une nouvelle obligation : « À la demande de l’enquêteur public, il va falloir mettre en place une ligne de bus en site propre, ce qui va nécessiter des embauches supplémentaires alors même qu’il y a des coupes claires au niveau des bus ajacciens. Où va-t-on prendre l’argent, alors même que la Muvitarra est au bord de la cessation de paiement ? »

Un projet assumé par le président de la CAPA
Stéphane Sbraggia n’a pas nié les difficultés, ni les chiffres, mais a défendu la stratégie portée par la collectivité : « L’apanage du politique, c’est de convaincre et d’expliquer quels sont les enjeux et les solutions proposées sur un territoire où la part du tout voiture continue de se dégrader. Nous proposons une stratégie différente en termes de mobilité. » Le président de la CAPA rappelle que « le déficit de fonctionnement est établi depuis le début, ce n’est pas une surprise. Il y a peu d’opérateurs de mobilités qui affichent des excédents, comme par exemple les Chemins de fer. Cela fait partie d’une politique assumée. » 
Sur le volet environnemental, et notamment les recommandations des services de l’État pour démaquiser près de 20 hectares sur le parcours du téléporté, Stéphane Sbraggia se dit lui aussi surpris : « Je partage votre étonnement, votre surprise et ma colère. Il y a des discussions âpres avec les services de l’État. Je ne goûte que très peu les changements de règles en cours de route, car ce n’est pas ce qui était prévu lors de nos premiers échanges et notamment lors du Conseil des Sites en 2018. Je n’entends pas céder à ce changement. »

À la demande de l’opposition, une séance spéciale dédiée aux transports et à la mobilité sera prochainement organisée. Elle devra permettre de poursuivre les échanges, notamment autour de la situation de la SPL Muvitarra et des futurs enjeux du réseau de transports en commun du Pays Ajaccien.