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Industrie agroalimentaire : en Corse, le ministre Marc Ferracci salue « une filière qui innove et s’engage »


Léana Serve le Vendredi 21 Mars 2025 à 16:39

Le ministre de l’Industrie et de l’Énergie a entamé ce vendredi à Bastia la dernière étape de sa visite en Corse. De la start-up Acwa Robotics à la brasserie Pietra, en passant par l’usine d’Orezza et l’atelier Corse Fruits et Légumes, Marc Ferracci est allé à la rencontre de l’industrie agroalimentaire insulaire, une filière qu’il a saluée pour « son engagement et sa capacité à innover ».



Après une première journée à Ajaccio et dans les Deux-Sevi, Marc Ferracci a entamé ce vendredi 21 mars la seconde étape de sa visite en Corse. Une journée dense, placée sous le signe de l’industrie, de l’innovation et des transitions énergétiques. Reçu le matin par Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse, puis par le maire de Bastia Pierre Savelli, le ministre de l’Industrie et de l’Énergie a ensuite enchaîné les visites de terrain. D’Acwa Robotics, à Bastia, à l’atelier Corse Fruits et Légumes, à Linguizzetta, en passant par la brasserie Pietra à Furiani et le site d’embouteillage des eaux d’Orezza, à Rapaggio, Marc Ferracci a salué les initiatives industrielles ancrées dans le territoire.

Un déplacement ministériel rythmé, que Marc Ferracci dit avoir particulièrement attendu s’inscrit aussi dans le cadre du suivi des grands dossiers énergétiques de l’île.  À Bastia, dans les locaux d’Acwa Robotics, le ministre a tenu à démarrer sa seconde journée corse en rendant hommage à une entreprise qu’il qualifie sans détour de « véritable pépite industrielle ». Créée en 2016 par Jean-François Rossi, la start-up bastiaise développe des robots autonomes capables d’explorer l’intérieur des canalisations d’eau potable, de détecter les failles et d’apporter une cartographie précise des réseaux. Une technologie de rupture au service d’une gestion plus sobre et plus intelligente de la ressource. « Près de 30 à 40 % de l’eau impulsée dans les réseaux disparaît du fait de leur vétusté. Les collectivités ont besoin d’une information claire et fiable sur les fuites. C’est exactement ce que permettent ces robots », a souligné Marc Ferracci, saluant une innovation « à la croisée de plusieurs problématiques essentielles », alliant efficacité économique, sobriété énergétique et utilité sociale.

"Une histoire industrielle à écrire" 
Pour le ministre, l’enjeu est triple : éviter les rénovations inutiles, alléger la facture des collectivités, mais aussi limiter l’augmentation du prix de l’eau pour les ménages, notamment les plus modestes. « Il y a ici tous les ingrédients d’une très belle aventure industrielle, d’une aventure qui assume la transition écologique, et de ce que la Corse peut donner de meilleur », a-t-il affirmé. L’entreprise, qui emploie aujourd’hui une vingtaine de personnes, a déjà réalisé une première expérimentation grandeur nature à Dunkerque. « Nous allons couvrir l’essentiel du territoire national dans les douze à quinze mois à venir, puis cap vers l’international », a indiqué son fondateur Jean-François Rossi, évoquant des projets à Bordeaux, Lyon, Paris, mais aussi en Italie, en Espagne ou en Chine. « La venue du ministre est un honneur. En une demi-heure, il a compris notre activité, nos enjeux et su les restituer. C’est une reconnaissance forte », ajoute-t-il. Marc Ferracci, pour sa part, a insisté sur l’importance de soutenir les talents ancrés dans les territoires, rappelant que la Corse « a une histoire industrielle à écrire »« Même si les difficultés de recrutement sont réelles, cette entreprise recrute localement, elle innove, elle exporte. C’est un exemple. »


A Furiani, la brasserie Pietra rejoint les lauréats de France 2030
Après une première halte chez Acwa Robotics, à Biguglia, le marathon industriel du ministre s’est poursuivi à quelques kilomètres de là, au cœur de l’une des entreprises emblématiques de l’agroalimentaire corse. À Furiani, la brasserie Pietra – connue pour sa bière à la farine de châtaigne – a reçu la visite le ministre, venu saluer l’investissement de la PME dans une démarche de transition énergétique.
Accompagné d’élus locaux et de représentants de l’État, Marc Ferracci a remis à Hugo Sialelli, directeur de la brasserie, la plaque France 2030, une distinction accordée aux entreprises engagées dans des projets industriels jugés innovants et durables. Cette reconnaissance s’inscrit dans le cadre du plan France 2030, lancé en 2021, doté de 54 milliards d’eurospour transformer l’économie française autour de dix grands objectifs, dont la décarbonation de l’industrie.

À Pietra, c’est un récupérateur de CO₂ qui symbolise cette dynamique. L’appareil, récemment mis en service, permet de réutiliser le dioxyde de carbone généré lors de la fermentation de la bière pour d’autres étapes du processus de production, notamment le nettoyage des cuves ou la mise sous vide des bouteilles. « On a commencé cette réflexion il y a cinq ans », explique Hugo Sialelli. « L’idée était d’analyser en profondeur notre fonctionnement et de voir comment inscrire durablement notre activité dans notre territoire. On a étudié chaque élément : consommation d’eau, d’énergie, émissions de gaz à effet de serre… Et on a mis en place une stratégie à long terme. »

Trois axes de transformation pour une production durable
La brasserie développe aujourd’hui sa transition autour de trois volets complémentaires : l’autonomie énergétique, la sobriété, et la décarbonation. « L’autonomie, d’abord, c’est pour nous réduire la dépendance à des facteurs extérieurs qui peuvent fragiliser notre production. Le CO₂ en est un exemple concret. Ensuite, il y a la frugalité : on ne peut plus fonctionner comme si l’énergie était illimitée et bon marché. Enfin, on travaille à décarboner ce qui reste à consommer. » Ce projet de récupérateur a nécessité plus d’un million d’euros d’investissement, dont 380 000 euros ont été apportés par l’État. « Ce sont des projets lourds à mettre en œuvre, qui demandent du temps et des moyens. L’appui de l’État a été déterminant », insiste le dirigeant.

Pour le ministre, la brasserie incarne parfaitement l’esprit de France 2030. « Ce que l’on voit ici, c’est une entreprise qui anticipe les transformations à venir. Elle récupère le CO₂ qu’elle produit pour le réinjecter dans son cycle, ce qui permet de réduire les consommations énergétiques, notamment électriques, tout en réduisant son empreinte carbone. Ces démarches sont exemplaires, et c’est grâce à elles que nous pourrons atteindre l’autonomie énergétique, en Corse comme dans le reste du pays. »

Valorisation du territoire et exportation du savoir-faire
Au-delà de la performance environnementale, Marc Ferracci a également salué la capacité de l’entreprise à conjuguer ancrage local et rayonnement économique. « C’est la première fois que je visite une brasserie, et je découvre ici un produit identitaire, qui associe innovation et tradition. L’intégration de la farine de châtaigne dans le processus de production est emblématique : elle donne du goût, du caractère, et elle dit quelque chose du territoire. »
Fondée il y a 30 ans, la brasserie Pietra s’est imposée comme une référence du paysage brassicole corse. Elle emploie aujourd’hui plusieurs dizaines de personnes, écoule sa production sur l’île et le continent, et exporte vers une dizaine de pays. « Quand on est une PME insulaire, s’inscrire dans l’avenir est un vrai défi », souligne Hugo Sialelli. « Cette reconnaissance, c’est une fierté. Elle montre que l’État reconnaît et soutient l’engagement des entreprises locales, leur capacité à innover, à se projeter, tout en gardant un lien fort avec leur territoire. »


"Ensemble, on soutient une Corse durable, locale et innovante"
La tournée ministérielle s’est poursuivie dans la Castagniccia, à la société d’exploitation des eaux minérales d’Orezza, fleuron de l’industrie agroalimentaire insulaire. Sur place, Marc Ferracci a souligné le rôle patrimonial et économique de l’entreprise, affirmant : « À Orezza, l’eau minérale gazeuse de la Castagniccia perpétue le patrimoine naturel corse ». Soutenue par la Collectivité de Corse sous la direction de Gilles Giovannangeli, la structure incarne, selon le ministre, une dynamique vertueuse de développement local. Plusieurs élus étaient présents, parmi lesquels Gilles Simeoni, Michel Castellani, Pierre-Michel Simonpietri, Pierre Savelli, François-Xavier Ceccoli, Ange-Pierre Vivoni, Paul-Toussaint Parigi, Stella Pieri ou encore Séverin Medori. « Ensemble, on soutient une Corse durable, locale et innovante », a insisté Marc Ferracci.

La visite s’est achevée à l’atelier Corse Fruits et Légumes, à Aléria, véritable pivot de la filière maraîchère et arboricole insulaire qui incarne les enjeux de la transition agricole et alimentaire.