Action
Le rendez-vous était donné à 11 heures ce dimanche matin sur la place Saint Nicolas de Bastia, au niveau du kiosque à musique. Anne-Lise Herrera, musicienne et Fiora Giappiconi, comédienne, sont à l’origine de cette action symbolique pour défendre la culture mise à mal par la crise sanitaire. « Ça s’est fait un peu comme ça, explique Anne-Lise. On avait envie de se rassembler, d’un moment festif entre nous. On a fixé la date et l’heure avec Fiora, lancé l’idée de ce flashmob sur la chanson d’HK Danser Encore [un morceau devenu un hymne de ralliement, partout en France, contre les restrictions sanitaires, NDLR]. On a prévenu les amis et, rapidement, on a senti une véritable adhésion. »
Fiora poursuit : « On a fait traduire la chanson en corse. Des musiciens, amateurs pour la plupart, nous ont rejoint. On a un peu répété puis une école de danse s’est greffée avec une chorégraphie. »
Sur le continent, ce type d’action est souvent accompagné par l’occupation d’un lieu culturel. « On y a pensé, avoue Anne-Lise, mais le théâtre servait de centre de vaccination et on a eu du mal à mobiliser. On n’était pas assez nombreux. D’où l’idée de ce flashmob improvisé… » Ce que confirme le mail qu’elles ont envoyé pour rassembler : « [cette action] pour dire quoi ? Notre envie de culture, notre besoin de vibrer à nouveau au concert, au théâtre, au cinéma. Notre nécessité d'en savoir plus sur l'avenir des acteurs de la culture, des intermittents du spectacle et des précaires. Nous nous associons au mouvement d'occupation des lieux culturels, qui a lieu partout en France, et aussi à l'étranger. »
Fête
Alors que l’heure du flashmob approche, il est encore difficile de distinguer ceux qui le préparent des nombreux passants de la place Saint Nicolas en cette matinée ensoleillée. Seul signe distinctif, au-delà des instruments de musique, une feuille de papier blanche avec les paroles de Danser Encore, en français et Ballà dinò en Corse.
Quand les premières notes de musique retentissent, les vestes tombent en même temps que les masques, laissant apparaître de larges sourires sur les visages. Les curieux se rassemblent autour du kiosque à musique, les participants de cette action donnent de la voix, dansent et rient. Une bonne humeur, comme on n’en a pas vu depuis longtemps, se dégage de la foule. La place Saint Nicolas se met à chanter et à danser, du plus jeune au plus âgé, une véritable communion parcourt un public de plus en plus nombreux.
Intervention
Alors même que le flashmob touche à sa fin et que la foule commence à s’éparpiller, un groupe des forces de l’ordre intervient : « Qui sont les organisateurs ? » lance un policier. « Bonjour monsieur l’agent, c’est un flashmob improvisé, pas vraiment organisé… » lui répond une participante. Les policiers prennent en compte la situation et échangent avec quelques personnes : « Remettez votre masque s’il vous plait. Et vous pouvez rester sur la place mais pas petits groupes et surtout en vous espaçant. »
Des deux côtés, l’attitude est plutôt bon enfant. En s’éloignant du kiosque, les gens remontent les masques sur leur visage cachant par la même les sourires déclenchés un peu plus tôt. Certains, avant de quitter la place, se retournent et crient : « Merci, merci ! C’était trop bien… » Pari réussi pour soutenir la culture en Corse ce dimanche matin.
* Une foule éclair (de l'expression anglaise flash mob), ou encore mobilisation éclair, est le rassemblement d’un groupe de personnes dans un lieu public pour y effectuer des actions convenues d’avance, avant de se disperser rapidement