Le personnel pénitentiaire de la maison d'arrêt d'Ajaccio, en colère, a accueilli la ministre de la justice avec des banderoles explicites sur le contenu de ses revendications. (Photo: Yannis Christophe Garcia)
Ils n’entendaient sûrement pas manquer une occasion de se faire à nouveau entendre. Surtout lorsque la ministre de la Justice/Garde des sceaux en personne était attendue à quelques mètres de là, au palais de justice d’Ajaccio pour une ultime conférence de presse. C’est donc une dizaine de membres du personnel de la maison d’arrêt voisine qui a fait son apparition devant les grilles du tribunal, deux banderoles aux messages clairement explicites en main, et bien décidés à demander des explications sur les intentions du gouvernement quant au devenir de la vétuste prison d’Ajaccio. Et ils ont du patienter une long moment puisque, contrairement au programme prévu, la ministre de la justice n’a fait son apparition que vers 19 heures, soit avec 2 heures de retard.
« Omertà concernant la maison d’arrêt d’Ajaccio et son devenir, ceux qui ont les informations, qu’ils parlent ! »
Lorsqu’enfin les sirènes des véhicules officiels ont retenti annonçant l’arrivée tant attendue de Christiane Taubira, les manifestants ont déroulé les banderoles. « Omertà concernant la maison d’arrêt d’Ajaccio et son devenir » pouvait on lire en gros caractères noirs soulignés sur la première, tandis que la seconde, encore plus ironique mentionnait « ceux qui ont des informations, qu’ils parlent ». Une référence directement empruntée aux propos tenus récemment par le ministre de l’intérieur Manuel Valls, qui incitait la population à "parler" pour faire avancer les enquêtes sur les meurtres commis récemment dans l’île.
Un message judicieusement détourné de sa fonction initiale qui n’a pas manqué d’attirer l’attention de la ministre de la Justice. A peine les premières salutations d’usage faites, Christiane Taubira s’est approchée des manifestants, l’air étonné en demandant « quelle était la nature des revendications ? ». Il était pourtant difficile de passer à côté du message, bien visible sur les grilles du palais…
« Omertà concernant la maison d’arrêt d’Ajaccio et son devenir, ceux qui ont les informations, qu’ils parlent ! »
Lorsqu’enfin les sirènes des véhicules officiels ont retenti annonçant l’arrivée tant attendue de Christiane Taubira, les manifestants ont déroulé les banderoles. « Omertà concernant la maison d’arrêt d’Ajaccio et son devenir » pouvait on lire en gros caractères noirs soulignés sur la première, tandis que la seconde, encore plus ironique mentionnait « ceux qui ont des informations, qu’ils parlent ». Une référence directement empruntée aux propos tenus récemment par le ministre de l’intérieur Manuel Valls, qui incitait la population à "parler" pour faire avancer les enquêtes sur les meurtres commis récemment dans l’île.
Un message judicieusement détourné de sa fonction initiale qui n’a pas manqué d’attirer l’attention de la ministre de la Justice. A peine les premières salutations d’usage faites, Christiane Taubira s’est approchée des manifestants, l’air étonné en demandant « quelle était la nature des revendications ? ». Il était pourtant difficile de passer à côté du message, bien visible sur les grilles du palais…
Les propos récents du ministre de l'intérieur Manuel Valls n'ont pas manqué de faire réagir les manifestants qui ont redirigé le message pour illustrer leurs attentes quant au devenir de la maison d'arrêt. (Photo: Yannis Christophe Garcia)
Revendications clairement exprimées… contre promesse de rendez-vous !
Quoiqu’il en soit, les manifestants ont clairement exprimé leur ras-le bol et leur questionnement sur le devenir de la vétuste prison, et sur les intentions de l’Etat à tenir les engagements déjà pris sous la mandature du précédent ministre et toujours non tenus.
Dénonçant avec conviction le manque criant de moyens et des locaux depuis longtemps inadaptés, à la fois pour le personnel, les détenus et les visiteurs. Une situation inacceptable qui appelle à une rénovation urgente ou a la construction d’un nouvel établissement pénitentiaire (voir par ailleurs notre interview).
Après avoir écouté les revendications, la ministre a affirmé qu’elle se saisirait de cette question et a félicité le personnel pour son travail. « Je comprends et je trouverai le temps de revenir vous voir pour évoquer cette question. Bravo en tout cas pour le travail que vous faites car ce n’est pas un métier facile. Je suis consciente que le manque de moyens complique encore plus votre travail ».
Une nouvelle promesse formulée à la va-vite entre deux portes avant de s’engouffrer dans l’enceinte du palais… Gageons que ce n’est certainement pas la réponse que les manifestants attendaient. Pour avoir déjà vécu des scènes similaires avec les précédents ministres de la justice, Michel Mercier et Michèle Alliot-Marie, sans pour autant que quelque chose ne bouge !
Ni pour la rénovation de l’édifice actuel (qui date quand même de 1871 soit la plus vieille prison de France) ni pour la construction d’un nouvel établissement sur la commune de Sarolla-Carcopino qui semble directement être passé de la promesse… aux oubliettes !
Quoiqu’il en soit, les manifestants ont clairement exprimé leur ras-le bol et leur questionnement sur le devenir de la vétuste prison, et sur les intentions de l’Etat à tenir les engagements déjà pris sous la mandature du précédent ministre et toujours non tenus.
Dénonçant avec conviction le manque criant de moyens et des locaux depuis longtemps inadaptés, à la fois pour le personnel, les détenus et les visiteurs. Une situation inacceptable qui appelle à une rénovation urgente ou a la construction d’un nouvel établissement pénitentiaire (voir par ailleurs notre interview).
Après avoir écouté les revendications, la ministre a affirmé qu’elle se saisirait de cette question et a félicité le personnel pour son travail. « Je comprends et je trouverai le temps de revenir vous voir pour évoquer cette question. Bravo en tout cas pour le travail que vous faites car ce n’est pas un métier facile. Je suis consciente que le manque de moyens complique encore plus votre travail ».
Une nouvelle promesse formulée à la va-vite entre deux portes avant de s’engouffrer dans l’enceinte du palais… Gageons que ce n’est certainement pas la réponse que les manifestants attendaient. Pour avoir déjà vécu des scènes similaires avec les précédents ministres de la justice, Michel Mercier et Michèle Alliot-Marie, sans pour autant que quelque chose ne bouge !
Ni pour la rénovation de l’édifice actuel (qui date quand même de 1871 soit la plus vieille prison de France) ni pour la construction d’un nouvel établissement sur la commune de Sarolla-Carcopino qui semble directement être passé de la promesse… aux oubliettes !
Une fois les salutations d'usage faites, la ministre s'est engoufrée dans la salle d'audience du palais de justice. Les nombreux journalistes présents depuis plusieurs heures ont été poussés dehors au bout de cinq minutes de présence. (Photo: Yannis Christophe Garcia)
Cinq minutes et Basta !
Sur la conférence de presse concernant la circulaire pénale territoriale qui devait être évoquée aux journalistes ajacciens, il aurait été bien difficile d’avoir des informations concrètes sans la précédente qui s’est tenue à Bastia ce matin… Pour la bonne et simple raison qu’après une brève "tolérance" de 5 minutes dans la salle d’audience pour quelques photos et images, l’ensemble des journalistes (pourtant tous présents sur place avant 17 heures) a été évacué manu militari de la salle, sans autre forme de procès, sans aucune véritable explication (si ce n’est une excuse de temps, valable pour tout le monde !) et contrairement à ce qui avait été initialement prévu et confirmé par les services de la préfecture dans le programme officiel.
Une façon de faire pour le moins indélicate qui, espérons le, n’augurera pas le nouveau style personnel ni la manière permanente de communiquer sur les dossiers par la ministre de la Justice.
Yannis Christophe GARCIA
Sur la conférence de presse concernant la circulaire pénale territoriale qui devait être évoquée aux journalistes ajacciens, il aurait été bien difficile d’avoir des informations concrètes sans la précédente qui s’est tenue à Bastia ce matin… Pour la bonne et simple raison qu’après une brève "tolérance" de 5 minutes dans la salle d’audience pour quelques photos et images, l’ensemble des journalistes (pourtant tous présents sur place avant 17 heures) a été évacué manu militari de la salle, sans autre forme de procès, sans aucune véritable explication (si ce n’est une excuse de temps, valable pour tout le monde !) et contrairement à ce qui avait été initialement prévu et confirmé par les services de la préfecture dans le programme officiel.
Une façon de faire pour le moins indélicate qui, espérons le, n’augurera pas le nouveau style personnel ni la manière permanente de communiquer sur les dossiers par la ministre de la Justice.
Yannis Christophe GARCIA
Après s'être informée des revendications des personnels de la maison d'arrêt, la ministre a promis de revenir les voir pour évoquer le dossier du devenir de l'établissement le plus vieux de France. (Photo: Yannis Christophe Garcia)
3 QUESTIONS A : Laurent Lhomme, premier surveillant de la maison d’arrêt d’Ajaccio et porte-parole des manifestants
- CNI : Quel est l’objet de votre manifestation ce soir devant le palais de justice ?
- L.L : « Nous sommes là pour rappeler à Madame la Ministre de la Justice que nous appartenons nous aussi à son ministère et surtout l’informer que la situation de la maison d’arrêt d’Ajaccio est aujourd’hui préoccupante ».
- CNI : Justement, où en est-on dans les promesses faites par les précédents ministres et qu’attendez-vous de la rencontre avec la ministre Christiane Taubira ?
- L.L : (désignant les banderoles accrochées aux grilles du palais) « Rien n’a avancé ni bougé depuis. C’est simple, c’est l’Omertà, personne n’en parle plus ! Nous voulons à nouveau nous faire entendre et savoir ce que la ministre Christiane Taubira compte faire concrètement de cette maison d’arrêt qui est une véritable verrue collée au tout nouveau palais de justice flambant neuf.
- CNI : Quels sont les problèmes concrets au quotidien dans ce bâtiment ?
- L.L : « Ils sont permanents et inacceptables. La vétusté et ses conséquences à la fois pour le personnel, les détenus et leurs familles qui viennent pour les visites sont scandaleuses ! Il faut tout rénover ou reconstruire un nouvel établissement, comme les précédents ministres s’y étaient engagés sans qu’il n’y ait de suites concrètes. Il faut également dire qu’au-delà de la vétusté, le manque de moyens financiers est criant.
En 2013, de nouvelles missions vont être à notre charge alors que nous n’avons pas les moyens financiers et logistiques pour les assumer. C’est pour dire tout cela à la ministre que nous sommes là ce soir !
- CNI : Quel est l’objet de votre manifestation ce soir devant le palais de justice ?
- L.L : « Nous sommes là pour rappeler à Madame la Ministre de la Justice que nous appartenons nous aussi à son ministère et surtout l’informer que la situation de la maison d’arrêt d’Ajaccio est aujourd’hui préoccupante ».
- CNI : Justement, où en est-on dans les promesses faites par les précédents ministres et qu’attendez-vous de la rencontre avec la ministre Christiane Taubira ?
- L.L : (désignant les banderoles accrochées aux grilles du palais) « Rien n’a avancé ni bougé depuis. C’est simple, c’est l’Omertà, personne n’en parle plus ! Nous voulons à nouveau nous faire entendre et savoir ce que la ministre Christiane Taubira compte faire concrètement de cette maison d’arrêt qui est une véritable verrue collée au tout nouveau palais de justice flambant neuf.
- CNI : Quels sont les problèmes concrets au quotidien dans ce bâtiment ?
- L.L : « Ils sont permanents et inacceptables. La vétusté et ses conséquences à la fois pour le personnel, les détenus et leurs familles qui viennent pour les visites sont scandaleuses ! Il faut tout rénover ou reconstruire un nouvel établissement, comme les précédents ministres s’y étaient engagés sans qu’il n’y ait de suites concrètes. Il faut également dire qu’au-delà de la vétusté, le manque de moyens financiers est criant.
En 2013, de nouvelles missions vont être à notre charge alors que nous n’avons pas les moyens financiers et logistiques pour les assumer. C’est pour dire tout cela à la ministre que nous sommes là ce soir !
RÉACTIONS
Présente pour porter la voix de la Fraternité du Partage à Ajaccio parmi les 9 associations* présentes que devait rencontrer la ministre de la justice, Danielle Caïtucoli, sa présidente a bien voulu nous confier ses attentes.
- CNI : Qu’attendez vous de la visite de la ministre de la Justice ce soir ?
- D.C : J’attends surtout qu’elle mette en œuvre, et à travers elle l’Etat, ses pouvoirs régaliens au moins pour une fois ! Qu’on réalise au sein du gouvernement que la société corse souffre et qu’on l’aide. Notre société se détruit peu à peu et c’est le devoir de l’Etat que de nous débarrasser des voyous et de la pègre sur le territoire de la république.
Propos recueillis par Yannis Christophe GARCIA
* Les 9 associations suivantes étaient présentes pour rencontrer la ministre
- Fraternité du Partage (représentée par Danielle Caïtucoli, présidente)
- Corsavem (représentée par Bénédicte Simon, juriste)
- Culture et solidarités (représentée par Jacqueline Mufraggi, directrice)
- Atlas (représentée par Nora Ettori, présidente)
- Centre d’information sur le droit des femmes et des familles (représentée par Elisabeth Tomi, présidente)
- Union régionale des centres d’information sur les droits des femmes (représentée par Thérèse Amati, présidente)
- Manifeste pour la vie (représentée par Marie-Jeanne Nicoli, directrice des affaires culturelles à la ville d’Ajaccio)
- Femmes Solidaires (représentée par Rosy Sarrola, présidente et Mme Lippini, secrétaire générale)
- Avà Basta
Présente pour porter la voix de la Fraternité du Partage à Ajaccio parmi les 9 associations* présentes que devait rencontrer la ministre de la justice, Danielle Caïtucoli, sa présidente a bien voulu nous confier ses attentes.
- CNI : Qu’attendez vous de la visite de la ministre de la Justice ce soir ?
- D.C : J’attends surtout qu’elle mette en œuvre, et à travers elle l’Etat, ses pouvoirs régaliens au moins pour une fois ! Qu’on réalise au sein du gouvernement que la société corse souffre et qu’on l’aide. Notre société se détruit peu à peu et c’est le devoir de l’Etat que de nous débarrasser des voyous et de la pègre sur le territoire de la république.
Propos recueillis par Yannis Christophe GARCIA
* Les 9 associations suivantes étaient présentes pour rencontrer la ministre
- Fraternité du Partage (représentée par Danielle Caïtucoli, présidente)
- Corsavem (représentée par Bénédicte Simon, juriste)
- Culture et solidarités (représentée par Jacqueline Mufraggi, directrice)
- Atlas (représentée par Nora Ettori, présidente)
- Centre d’information sur le droit des femmes et des familles (représentée par Elisabeth Tomi, présidente)
- Union régionale des centres d’information sur les droits des femmes (représentée par Thérèse Amati, présidente)
- Manifeste pour la vie (représentée par Marie-Jeanne Nicoli, directrice des affaires culturelles à la ville d’Ajaccio)
- Femmes Solidaires (représentée par Rosy Sarrola, présidente et Mme Lippini, secrétaire générale)
- Avà Basta