La ministre de la Justice Christiane Taubira en déplacement à Ajaccio n'a pas annoncé de mesures concrètes sur les principaux dossiers en cours. (Photos Marilyne Santi)
La seconde visite à Ajaccio en moins de 2 mois de la ministre de la Justice Christiane Taubira n’a pas réservé l’annonce de mesures concrètes que l’on attendait sur les nombreux dossiers dont elle est en charge.
Arrivée jeudi matin à 11 heures à Ajaccio, la ministre de la Justice a rencontré les divers acteurs de l’univers judiciaire en Corse-du-Sud. Des rencontres entrecoupées par un déjeuner avec les représentantes associatives de défense des droits des femmes et une visite à la maison d’arrêt d’Ajaccio, à propos de laquelle des membres du personnel pénitentiaire l’avaient apostrophée lors de sa précédente visite en novembre 2012.
De la « rénovation » aux « travaux d’urgence »…
Et il y a fort à parier que les déclarations de la ministre de la Justice devant la presse à ce sujet devraient les faire de nouveau réagir. Car si sur l’ensemble des dossiers dont elle est en charge les questions demeurent en suspens, le projet de rénovation de la plus ancienne prison de France (construite en 1870) qui semblait avoir été préféré à celui de la construction d’un nouvel établissement, semble également piétiner de nouveau. Questionnée sur le sujet par Corse Net Infos lors d’un point presse organisé au palais de justice d’Ajaccio, la ministre a parlé de travaux de première urgence à réaliser tout en renvoyant à une date ultérieure la question de la rénovation à proprement parler.
« La question qui se pose est soit celle de la rénovation, soit celle de la construction. C’est une question qui date de plusieurs années puisque c’est Dominique Perben à l’époque qui avait annoncé le projet de construction qui a été abandonné par la suite, avant que l’ancienne majorité parle de la rénovation de la prison actuelle mais sans en prévoir le financement. Je n’ai trouvé aucun plan, aucune étude sur ce sujet à mon arrivée au ministère » a déclaré Christiane Taubira. Motif principal clairement invoqué par la ministre de la Justice ? Le financement. « On n’annonce ni rénovation ni construction quand il n’y a pas encore le financement. Donc nous allons procéder d’abord à des travaux d’urgence dans la maison d’arrêt qui concernent l’électricité, les sanitaires et nous verrons par la suite pour une rénovation en profondeur. Je rappelle aussi que les peintures sont refaites tous les ans dans l’établissement ».
Relancée par deux fois sur la question des délais de ces "bricolages" d’urgence, Christiane Taubira a fini par évoquer des opérations qui devraient avoir lieu « assez vite, dans les semaines à venir ». De nouvelles rustines qui s’apparentent à une pilule bien difficile à avaler pour les membres du personnel pénitentiaire comme pour les détenus.
Arrivée jeudi matin à 11 heures à Ajaccio, la ministre de la Justice a rencontré les divers acteurs de l’univers judiciaire en Corse-du-Sud. Des rencontres entrecoupées par un déjeuner avec les représentantes associatives de défense des droits des femmes et une visite à la maison d’arrêt d’Ajaccio, à propos de laquelle des membres du personnel pénitentiaire l’avaient apostrophée lors de sa précédente visite en novembre 2012.
De la « rénovation » aux « travaux d’urgence »…
Et il y a fort à parier que les déclarations de la ministre de la Justice devant la presse à ce sujet devraient les faire de nouveau réagir. Car si sur l’ensemble des dossiers dont elle est en charge les questions demeurent en suspens, le projet de rénovation de la plus ancienne prison de France (construite en 1870) qui semblait avoir été préféré à celui de la construction d’un nouvel établissement, semble également piétiner de nouveau. Questionnée sur le sujet par Corse Net Infos lors d’un point presse organisé au palais de justice d’Ajaccio, la ministre a parlé de travaux de première urgence à réaliser tout en renvoyant à une date ultérieure la question de la rénovation à proprement parler.
« La question qui se pose est soit celle de la rénovation, soit celle de la construction. C’est une question qui date de plusieurs années puisque c’est Dominique Perben à l’époque qui avait annoncé le projet de construction qui a été abandonné par la suite, avant que l’ancienne majorité parle de la rénovation de la prison actuelle mais sans en prévoir le financement. Je n’ai trouvé aucun plan, aucune étude sur ce sujet à mon arrivée au ministère » a déclaré Christiane Taubira. Motif principal clairement invoqué par la ministre de la Justice ? Le financement. « On n’annonce ni rénovation ni construction quand il n’y a pas encore le financement. Donc nous allons procéder d’abord à des travaux d’urgence dans la maison d’arrêt qui concernent l’électricité, les sanitaires et nous verrons par la suite pour une rénovation en profondeur. Je rappelle aussi que les peintures sont refaites tous les ans dans l’établissement ».
Relancée par deux fois sur la question des délais de ces "bricolages" d’urgence, Christiane Taubira a fini par évoquer des opérations qui devraient avoir lieu « assez vite, dans les semaines à venir ». De nouvelles rustines qui s’apparentent à une pilule bien difficile à avaler pour les membres du personnel pénitentiaire comme pour les détenus.
La ministre de la Justice au TGI d'Ajaccio. (Photo: Marilyne Santi)
Condamnation des menaces de mort reçues par le préfet
Autre évènement qui crée des remous dans le milieu judiciaire ces derniers jours, les menaces de mort reçues par le préfet de Corse-du-Sud Patrick Strzoda. A ce sujet, la ministre de la Justice a simplement déclaré que « le parquet d’Ajaccio a ouvert une enquête préliminaire sur les faits » et que « nous prenons ces menaces au sérieux ». Avant de condamner fermement cette situation : « le préfet est un haut fonctionnaire d’Etat et dans un Etat de droit, il est absolument inadmissible que de telles menaces soient proférées ».
Concernant la polémique de présumés mauvais traitements exercés sur des détenus par des membres du personnel pénitentiaire à la maison d’arrêt de Borgo récemment, la ministre de la Justice a balayé la question de l’un de nos confrères en s’en tenant aux faits : « Jusqu’à hier au soir, je n’ai pas connaissance de plaintes déposées pour ces faits à la prison de Borgo. Les personnels savent qu’ils doivent bien traiter les détenus, dans le respect de la charte de déontologie qu’ils ont signée. Si il s’avère qu’il y a eu des actes répréhensibles, ils seront punis comme il se doit. Je n’accepterai jamais de telles pratiques dans les établissements pénitentiaires » a-t-elle martelé.
La circulaire de politique pénale territoriale bien appliquée
Enfin, dernier point évoqué par la ministre de la Justice avec les magistrats du tribunal de grande instance d’Ajaccio, le préfet de Corse-du-Sud Patrick Strzoda et le procureur de la République Xavier Bonhomme, la circulaire de politique pénale territoriale et sa mise en place depuis son dévoilement en novembre dernier, lors de sa précédente visite à Ajaccio. Sur ce point pourtant crucial (notamment suite aux derniers assassinats commis à l’encontre de Maitre Antoine Sollacaro et de Jacques Nacer), aucune déclaration concrète n’a été apportée par la ministre de la Justice, qui s’est bornée à parler d’une mise en place réussie sans donner plus de détails. « J’ai rencontré les chefs des cours et les procureurs. L’application de la circulaire est en cours et les dispositifs sont systématisés. Ils participent à la fluidification du travail entre les services de police et de gendarmerie. Les deux circulaires de politique pénale et de politique pénale territoriale sont bien appliquées ici » a-t-elle assuré.
Cette nouvelle visite de la ministre de la Justice à Ajaccio n’aura en définitive apporté aucunes précisions concrètes sur les principaux dossiers. Par ailleurs le fameux principe du « qui n’avance pas recule » semble pleinement s’appliquer sur le devenir de la maison d’arrêt d’Ajaccio, à l’instar des nombreux effets d’annonce des précédents gouvernements. Toujours remis aux calendes grecques.
Une situation qui ne fera pas les affaires des membres du personnel pénitentiaire qui attendaient sans doute bien plus de concret de la part de la ministre de la Justice, qui leur avait promis cette nouvelle visite. Une virée ministérielle éclair qui sonne comme un coup d’épée dans l’eau alors qu’à bien des égards, la coupe est déjà pleine.
Yannis-Christophe GARCIA
Autre évènement qui crée des remous dans le milieu judiciaire ces derniers jours, les menaces de mort reçues par le préfet de Corse-du-Sud Patrick Strzoda. A ce sujet, la ministre de la Justice a simplement déclaré que « le parquet d’Ajaccio a ouvert une enquête préliminaire sur les faits » et que « nous prenons ces menaces au sérieux ». Avant de condamner fermement cette situation : « le préfet est un haut fonctionnaire d’Etat et dans un Etat de droit, il est absolument inadmissible que de telles menaces soient proférées ».
Concernant la polémique de présumés mauvais traitements exercés sur des détenus par des membres du personnel pénitentiaire à la maison d’arrêt de Borgo récemment, la ministre de la Justice a balayé la question de l’un de nos confrères en s’en tenant aux faits : « Jusqu’à hier au soir, je n’ai pas connaissance de plaintes déposées pour ces faits à la prison de Borgo. Les personnels savent qu’ils doivent bien traiter les détenus, dans le respect de la charte de déontologie qu’ils ont signée. Si il s’avère qu’il y a eu des actes répréhensibles, ils seront punis comme il se doit. Je n’accepterai jamais de telles pratiques dans les établissements pénitentiaires » a-t-elle martelé.
La circulaire de politique pénale territoriale bien appliquée
Enfin, dernier point évoqué par la ministre de la Justice avec les magistrats du tribunal de grande instance d’Ajaccio, le préfet de Corse-du-Sud Patrick Strzoda et le procureur de la République Xavier Bonhomme, la circulaire de politique pénale territoriale et sa mise en place depuis son dévoilement en novembre dernier, lors de sa précédente visite à Ajaccio. Sur ce point pourtant crucial (notamment suite aux derniers assassinats commis à l’encontre de Maitre Antoine Sollacaro et de Jacques Nacer), aucune déclaration concrète n’a été apportée par la ministre de la Justice, qui s’est bornée à parler d’une mise en place réussie sans donner plus de détails. « J’ai rencontré les chefs des cours et les procureurs. L’application de la circulaire est en cours et les dispositifs sont systématisés. Ils participent à la fluidification du travail entre les services de police et de gendarmerie. Les deux circulaires de politique pénale et de politique pénale territoriale sont bien appliquées ici » a-t-elle assuré.
Cette nouvelle visite de la ministre de la Justice à Ajaccio n’aura en définitive apporté aucunes précisions concrètes sur les principaux dossiers. Par ailleurs le fameux principe du « qui n’avance pas recule » semble pleinement s’appliquer sur le devenir de la maison d’arrêt d’Ajaccio, à l’instar des nombreux effets d’annonce des précédents gouvernements. Toujours remis aux calendes grecques.
Une situation qui ne fera pas les affaires des membres du personnel pénitentiaire qui attendaient sans doute bien plus de concret de la part de la ministre de la Justice, qui leur avait promis cette nouvelle visite. Une virée ministérielle éclair qui sonne comme un coup d’épée dans l’eau alors qu’à bien des égards, la coupe est déjà pleine.
Yannis-Christophe GARCIA
Prison de Borgo : La LDH de Corse s'étonne
Del a LDH section de Corse
Dans une interview donnée à une radio corse, Christiane Taubira, garde des sceaux, déclare qu’aucune plainte n’a été déposée par des détenus de la prison de Borgo qui pourtant dénoncent des traitements violents et attentatoires à la dignité de la part de certains personnels pénitentiaires. La ligue des droits de l’homme a connaissance de trois plaintes récentes déposées près le tribunal de grande instance de Bastia dont deux ont été classées sans suite, la troisième étant pendante. Elle s’étonne que la garde des sceaux n’ait pas été destinataire de ces informations. Par ailleurs, elle rappelle que dans des tracts en date du 19 et 20 septembre 2012, le syndicat UISP-Force Ouvrière de Corse demande à la direction de ce centre pénitentiaire "Quand comptez-vous partir ? ", énonçant un bilan général catastrophique, des agents fustigés, fatigués, victimes de représailles et de dénigrement. Il y a incontestablement un climat délétère à la prison de Borgo et des souffrances partagées parmi les détenus et le personnel pénitentiaire. La LDH réitère son inquiétude devant cette situation qui a tout moment peut dégénérer.
Dans une interview donnée à une radio corse, Christiane Taubira, garde des sceaux, déclare qu’aucune plainte n’a été déposée par des détenus de la prison de Borgo qui pourtant dénoncent des traitements violents et attentatoires à la dignité de la part de certains personnels pénitentiaires. La ligue des droits de l’homme a connaissance de trois plaintes récentes déposées près le tribunal de grande instance de Bastia dont deux ont été classées sans suite, la troisième étant pendante. Elle s’étonne que la garde des sceaux n’ait pas été destinataire de ces informations. Par ailleurs, elle rappelle que dans des tracts en date du 19 et 20 septembre 2012, le syndicat UISP-Force Ouvrière de Corse demande à la direction de ce centre pénitentiaire "Quand comptez-vous partir ? ", énonçant un bilan général catastrophique, des agents fustigés, fatigués, victimes de représailles et de dénigrement. Il y a incontestablement un climat délétère à la prison de Borgo et des souffrances partagées parmi les détenus et le personnel pénitentiaire. La LDH réitère son inquiétude devant cette situation qui a tout moment peut dégénérer.