- Un bateau neuf, d'une nouvelle génération entre la Corse et Marseille : c'est un moment exceptionnel pour la Corse et Corsica Linea ?
- À l’occasion de l’arrivée de ce premier navire neuf de la compagnie, nous nous retournons beaucoup sur le chemin parcouru depuis 7 ans. L’objectif initial, lors de la création de CORSICA linea en 2016, était de fiabiliser la desserte maritime de la Corse, dans le cadre du service public, après les difficiles années de la fin de l’ex-SNCM. On a tous un peu oublié quels étaient notre point de départ et l’ampleur de la tâche. Par contre, nous nous souvenons tous, au sein de l’entreprise, du challenge que cela représentait pour la compagnie, mais aussi pour la Corse, à travers cette volonté de fiabilisation de la desserte maritime. Nous n’en menions pas large à cette époque et peu pouvaient imaginer l’épopée qu’allait vivre l’entreprise.
Donc, oui, je pense que l’arrivée de ce navire neuf, qui plus est propulsé au GNL, est un évènement majeur pour l’entreprise à plusieurs titres : premier navire neuf sur la Corse depuis 11 ans et premier navire au GNL en ligne régulière vers la Corse. Enfin, cela a eu un effet incroyable sur la motivation de l’ensemble des personnels de l’entreprise, à terre comme à bord, qui nous ont accompagnés depuis 7 ans.
- Comment vit-on ces instants-là ?
- Avec beaucoup d’émotion à tous les niveaux de l’entreprise, et une réelle fierté de faire avancer cette jeune entreprise, mais aussi de marquer une étape importante dans la transition environnementale de la desserte maritime de la Corse. Nous sommes aussi très agréablement surpris par la quantité de messages de félicitations et d’encouragement reçus de la part des parties prenantes institutionnelles, administratives, économiques et financières, qui réalisent toutes le chemin parcouru par CORSICA linea depuis 7 ans.
- Comment peut-on mener une opération d'une telle ampleur financière ?
- Il fallait croire en nous début 2019 quand nous avons lancé ce projet, 3 ans après la création de l’entreprise. Il s’agissait d’arriver à financer un navire de plus de 100 M€, le plus gros investissement privé jamais réalisé en Corse. Le Crédit Agricole de la Corse a accepté le challenge et a réussi à entraîner derrière lui l’ensemble des caisses régionales du Groupe ainsi que sa banque d’investissements CACIB.
Ils ont cru à notre projet financier, mais surtout à notre projet d’entreprise ancré sur ses valeurs sociétales et environnementales.
- Que va apporter de plus un tel navire à la compagnie?
- Au-delà de l’effet motivant sur les troupes, il marque une étape importante dans notre transition environnementale. Nous avions déjà mis en place plusieurs actions dans ce domaine : traitement de fumées sur 5 navires, électrification à quai (uniquement à Marseille pour le moment) sur 3 navires et réduction des vitesses de l’ensemble des traversées, permettant une réduction des émissions de CO2.
Il permet aussi d’offrir une offre de fret plus en adéquation avec les besoins, notamment du port de Bastia.
- Doit-on considérer cet investissement comme un signe fort de votre volonté d'inscrire votre compagnie dans la durée ?
- Notre projet est un projet long-terme depuis le premier jour. Il s’est clarifié avec le temps et est constant depuis 4 ans : créer une compagnie maritime unique en Méditerranée, car elle allie « Satisfaction du Client », « Ambition sociétale » et « Transition environnementale ».
Sur la partie Clients, nous sommes dans le premier quart européen en termes de satisfaction client, au même niveau que beaucoup de compagnies scandinaves. Ce fut notre premier succès et les clients corses s’en sont rendu compte.
L’ambition sociétale, cela signifie d’abord armer nos navires sous pavillon français 1er registre, en assumant un coût qui est deux fois supérieur au pavillon international italien de certains concurrents. Nous ne concevons pas de relier deux territoires de la république autrement qu’en employant des marins français dans des conditions sociales saines et responsables. Il existe dans l’espace européen des possibilités de naviguer dans des conditions de dumping social manifeste, nous n’adhérons pas à ces pratiques et ferons tout pour les combattre. Je me réjouis d’ailleurs que le sujet soit maintenant compris au niveau national.
Nous franchissons donc aujourd’hui une étape majeure dans notre transition environnementale, mais la route reste longue.
- Est-ce aussi le signe d'une véritable bonne santé retrouvée ?
- Au-delà de la bonne santé économique de la compagnie, c’est comme vous le soulignez le signe d’une volonté d’inscrire CORSICA linea dans la continuité, avec une vision patrimoniale de l’entreprise, bien loin des attentes de rentabilité à court terme d’investisseurs purement financiers. Notre plan de route est réellement sur le long terme, au service de la transition environnementale de la Corse et de nos clients, dans un cadre social sain et juste.
- Le renouvellement de la délégation de service public ( DSP va-t-il la favoriser ?
- Le contrat de DSP a un niveau de rentabilité maximal, toléré par la Commission européenne, de 2.13% ce qui est très faible. Nous l’avons accepté, et il ne constitue donc pas un levier financier important pour l’entreprise. Il rentre dans le cadre d’une mission de service public que nous réalisons à un prix le plus faible possible pour la CTC.
- À la faveur de ce renouvellement, on vous fait le reproche d'une hausse tarifaire du fret conséquente ?
- CORSICA linea ne décide pas du tarif du fret. Ce tarif est voté par la CTC et doit permettre d’assurer une continuité territoriale entre le continent et la Corse. Ce tarif est identique pour tous les transporteurs, qu’ils passent 1 ou 1 000 remorques par an sur les navires de la DSP. Il était voisin de 42 €/ml jusqu’en 2019. Il a pu être ramené à 35 €/ml depuis 2020, grâce à la baisse des cours de carburant et aux efforts de productivité réalisés par les compagnies maritimes, et sera de 40 €/ml à partir de janvier 2023.
Il résulte principalement de l’augmentation des tarifs du fuel maritime (+40%) entre la DSP finissant fin 2022 et la nouvelle DSP, et de nouvelles contraintes environnementales qui s’imposent à toutes les compagnies maritimes. La pression environnementale est compréhensible, elle a aussi un coût. Nous sortons de plusieurs mois de négociations très dures de la nouvelle DSP pendant lesquels tous ces sujets ont été étudiés en détail comme jamais. Je rappelle enfin que cette augmentation du fret a aussi pu être tempérée grâce à l’augmentation de la dotation de continuité territoriale de 30 M€ accordée par l’État.
Tout le monde a fait des efforts durant cette négociation de DSP pour arriver à répondre aux enjeux parfois contradictoires de toutes les parties prenantes : adéquation avec les règles de la Commission européenne, besoin d’une fréquence de service demandée par le marché, besoin de contrôle du budget de la DSP, tarif fret, enjeux environnementaux et hausse des prix du carburant.
Croyez-moi, l’équation était d’une forte complexité !
- On a pu entendre certaines personnes affirmer qu’A Galeotta ne pourrait pas toucher Bastia ?
- Ce navire est d’abord fait pour satisfaire aux besoins en fret de la Corse et particulièrement ceux du port de Bastia. Un des objectifs est de répondre aux besoins de croissants de Fret tout en réduisant l’empreinte environnementale de la desserte de Bastia. Il mesure 206 m, et pourra escaler à Bastia normalement. Lors des journées de grands vents, soit au maximum une dizaine de journées par an, nous devrons adapter notre plan de flotte.
- Corsica Linea vogue sur une mer tranquille depuis plusieurs mois : quel est le secret de cette quiétude retrouvée après des années d'agitation?
- La raison d’être d’une entreprise ne se cantonne pas à des enjeux financiers, cela va bien plus loin. Une entreprise moderne se doit de donner du sens à son activité, et c’est ce que nous faisons en proposant à nos collaborateurs et à l’ensemble de nos partenaires de participer à ce projet basé sur des valeurs saines et des enjeux clairs : la satisfaction du client, l’ambition sociétale et la transition environnementale.
Tous ont compris, au bout de quelques années, que nos convictions étaient profondes et absolument pas faciales, et ils ont adhéré à notre projet, car il est sain, avec une vocation qui va bien plus loin que la santé économique d’une organisation.
Cela constitue notre force actuellement, car cette démarche entrepreneuriale est unique dans le monde maritime français de par sa modernité.
-Votre prochain évènement est-il, déjà, programmé ?
- Notre culture n’est pas une culture de grandes annonces jamais réalisées, mais plutôt une culture de travail en corrélation avec nos valeurs sociétales et environnementales. Dans ce cadre, nous avons clairement de vraies ambitions pour l’entreprise, mais elles seront essentiellement dans la réussite de notre transition environnementale, nous n’avons pas de volonté de croissance, en termes d’augmentation du nombre de rotations ou de nouvelles lignes. Notre objectif est très clair : réussir la transition environnementale de la flotte et devenir la compagnie maritime à passagers la plus moderne de Méditerranée.
- À l’occasion de l’arrivée de ce premier navire neuf de la compagnie, nous nous retournons beaucoup sur le chemin parcouru depuis 7 ans. L’objectif initial, lors de la création de CORSICA linea en 2016, était de fiabiliser la desserte maritime de la Corse, dans le cadre du service public, après les difficiles années de la fin de l’ex-SNCM. On a tous un peu oublié quels étaient notre point de départ et l’ampleur de la tâche. Par contre, nous nous souvenons tous, au sein de l’entreprise, du challenge que cela représentait pour la compagnie, mais aussi pour la Corse, à travers cette volonté de fiabilisation de la desserte maritime. Nous n’en menions pas large à cette époque et peu pouvaient imaginer l’épopée qu’allait vivre l’entreprise.
Donc, oui, je pense que l’arrivée de ce navire neuf, qui plus est propulsé au GNL, est un évènement majeur pour l’entreprise à plusieurs titres : premier navire neuf sur la Corse depuis 11 ans et premier navire au GNL en ligne régulière vers la Corse. Enfin, cela a eu un effet incroyable sur la motivation de l’ensemble des personnels de l’entreprise, à terre comme à bord, qui nous ont accompagnés depuis 7 ans.
- Comment vit-on ces instants-là ?
- Avec beaucoup d’émotion à tous les niveaux de l’entreprise, et une réelle fierté de faire avancer cette jeune entreprise, mais aussi de marquer une étape importante dans la transition environnementale de la desserte maritime de la Corse. Nous sommes aussi très agréablement surpris par la quantité de messages de félicitations et d’encouragement reçus de la part des parties prenantes institutionnelles, administratives, économiques et financières, qui réalisent toutes le chemin parcouru par CORSICA linea depuis 7 ans.
- Comment peut-on mener une opération d'une telle ampleur financière ?
- Il fallait croire en nous début 2019 quand nous avons lancé ce projet, 3 ans après la création de l’entreprise. Il s’agissait d’arriver à financer un navire de plus de 100 M€, le plus gros investissement privé jamais réalisé en Corse. Le Crédit Agricole de la Corse a accepté le challenge et a réussi à entraîner derrière lui l’ensemble des caisses régionales du Groupe ainsi que sa banque d’investissements CACIB.
Ils ont cru à notre projet financier, mais surtout à notre projet d’entreprise ancré sur ses valeurs sociétales et environnementales.
- Que va apporter de plus un tel navire à la compagnie?
- Au-delà de l’effet motivant sur les troupes, il marque une étape importante dans notre transition environnementale. Nous avions déjà mis en place plusieurs actions dans ce domaine : traitement de fumées sur 5 navires, électrification à quai (uniquement à Marseille pour le moment) sur 3 navires et réduction des vitesses de l’ensemble des traversées, permettant une réduction des émissions de CO2.
Il permet aussi d’offrir une offre de fret plus en adéquation avec les besoins, notamment du port de Bastia.
- Doit-on considérer cet investissement comme un signe fort de votre volonté d'inscrire votre compagnie dans la durée ?
- Notre projet est un projet long-terme depuis le premier jour. Il s’est clarifié avec le temps et est constant depuis 4 ans : créer une compagnie maritime unique en Méditerranée, car elle allie « Satisfaction du Client », « Ambition sociétale » et « Transition environnementale ».
Sur la partie Clients, nous sommes dans le premier quart européen en termes de satisfaction client, au même niveau que beaucoup de compagnies scandinaves. Ce fut notre premier succès et les clients corses s’en sont rendu compte.
L’ambition sociétale, cela signifie d’abord armer nos navires sous pavillon français 1er registre, en assumant un coût qui est deux fois supérieur au pavillon international italien de certains concurrents. Nous ne concevons pas de relier deux territoires de la république autrement qu’en employant des marins français dans des conditions sociales saines et responsables. Il existe dans l’espace européen des possibilités de naviguer dans des conditions de dumping social manifeste, nous n’adhérons pas à ces pratiques et ferons tout pour les combattre. Je me réjouis d’ailleurs que le sujet soit maintenant compris au niveau national.
Nous franchissons donc aujourd’hui une étape majeure dans notre transition environnementale, mais la route reste longue.
- Est-ce aussi le signe d'une véritable bonne santé retrouvée ?
- Au-delà de la bonne santé économique de la compagnie, c’est comme vous le soulignez le signe d’une volonté d’inscrire CORSICA linea dans la continuité, avec une vision patrimoniale de l’entreprise, bien loin des attentes de rentabilité à court terme d’investisseurs purement financiers. Notre plan de route est réellement sur le long terme, au service de la transition environnementale de la Corse et de nos clients, dans un cadre social sain et juste.
- Le renouvellement de la délégation de service public ( DSP va-t-il la favoriser ?
- Le contrat de DSP a un niveau de rentabilité maximal, toléré par la Commission européenne, de 2.13% ce qui est très faible. Nous l’avons accepté, et il ne constitue donc pas un levier financier important pour l’entreprise. Il rentre dans le cadre d’une mission de service public que nous réalisons à un prix le plus faible possible pour la CTC.
- À la faveur de ce renouvellement, on vous fait le reproche d'une hausse tarifaire du fret conséquente ?
- CORSICA linea ne décide pas du tarif du fret. Ce tarif est voté par la CTC et doit permettre d’assurer une continuité territoriale entre le continent et la Corse. Ce tarif est identique pour tous les transporteurs, qu’ils passent 1 ou 1 000 remorques par an sur les navires de la DSP. Il était voisin de 42 €/ml jusqu’en 2019. Il a pu être ramené à 35 €/ml depuis 2020, grâce à la baisse des cours de carburant et aux efforts de productivité réalisés par les compagnies maritimes, et sera de 40 €/ml à partir de janvier 2023.
Il résulte principalement de l’augmentation des tarifs du fuel maritime (+40%) entre la DSP finissant fin 2022 et la nouvelle DSP, et de nouvelles contraintes environnementales qui s’imposent à toutes les compagnies maritimes. La pression environnementale est compréhensible, elle a aussi un coût. Nous sortons de plusieurs mois de négociations très dures de la nouvelle DSP pendant lesquels tous ces sujets ont été étudiés en détail comme jamais. Je rappelle enfin que cette augmentation du fret a aussi pu être tempérée grâce à l’augmentation de la dotation de continuité territoriale de 30 M€ accordée par l’État.
Tout le monde a fait des efforts durant cette négociation de DSP pour arriver à répondre aux enjeux parfois contradictoires de toutes les parties prenantes : adéquation avec les règles de la Commission européenne, besoin d’une fréquence de service demandée par le marché, besoin de contrôle du budget de la DSP, tarif fret, enjeux environnementaux et hausse des prix du carburant.
Croyez-moi, l’équation était d’une forte complexité !
- On a pu entendre certaines personnes affirmer qu’A Galeotta ne pourrait pas toucher Bastia ?
- Ce navire est d’abord fait pour satisfaire aux besoins en fret de la Corse et particulièrement ceux du port de Bastia. Un des objectifs est de répondre aux besoins de croissants de Fret tout en réduisant l’empreinte environnementale de la desserte de Bastia. Il mesure 206 m, et pourra escaler à Bastia normalement. Lors des journées de grands vents, soit au maximum une dizaine de journées par an, nous devrons adapter notre plan de flotte.
- Corsica Linea vogue sur une mer tranquille depuis plusieurs mois : quel est le secret de cette quiétude retrouvée après des années d'agitation?
- La raison d’être d’une entreprise ne se cantonne pas à des enjeux financiers, cela va bien plus loin. Une entreprise moderne se doit de donner du sens à son activité, et c’est ce que nous faisons en proposant à nos collaborateurs et à l’ensemble de nos partenaires de participer à ce projet basé sur des valeurs saines et des enjeux clairs : la satisfaction du client, l’ambition sociétale et la transition environnementale.
Tous ont compris, au bout de quelques années, que nos convictions étaient profondes et absolument pas faciales, et ils ont adhéré à notre projet, car il est sain, avec une vocation qui va bien plus loin que la santé économique d’une organisation.
Cela constitue notre force actuellement, car cette démarche entrepreneuriale est unique dans le monde maritime français de par sa modernité.
-Votre prochain évènement est-il, déjà, programmé ?
- Notre culture n’est pas une culture de grandes annonces jamais réalisées, mais plutôt une culture de travail en corrélation avec nos valeurs sociétales et environnementales. Dans ce cadre, nous avons clairement de vraies ambitions pour l’entreprise, mais elles seront essentiellement dans la réussite de notre transition environnementale, nous n’avons pas de volonté de croissance, en termes d’augmentation du nombre de rotations ou de nouvelles lignes. Notre objectif est très clair : réussir la transition environnementale de la flotte et devenir la compagnie maritime à passagers la plus moderne de Méditerranée.