« Ma question est très brève, mais elle n’en est pas moins très importante. En cette période estivale où l’on constate une augmentation de la circulation automobile – certes plus faible cette année à cause de la crise du COVID –, j’aimerais que vous nous fassiez un point sur les mesures initiées par votre Office pour lutter contre le fléau que constitue la divagation animale, génératrice de trop de drames sur nos routes ». La question orale de Pierre Ghionga est d’une brièveté remarquable et totalement inhabituelle dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse, mais elle se suffit à elle-même. Le sujet est si polémique et si ancré dans la réalité insulaire que nul n’a besoin d’explication complémentaire. La divagation animale est un fléau bien connu des conducteurs de l’intérieur, trop souvent responsable de drames périodiques, d’accidents parfois mortels. Sa résolution, que tout le monde appelle de ses vœux, est, pourtant, loin d’aller de soi. En désespoir de cause, les sous-préfets du Centre Corse ont parfois, les étés précédents, été forcés de se livrer en catimini avec l’aide de la gendarmerie à des safaris nocturnes pour récupérer veaux, vaches ou taureaux en divagation qui menaçaient la sécurité des automobilistes. Ces derniers, surtout, en pleine nuit, ont beaucoup de mal à anticiper et éviter l’obstacle. Et ce n’est pas anodin que ce soit un élu du Cortenais qui remette cet épineux problème sur la table.
Des boucles inviolables
« Je ne fais pas refaire l’historique, rechercher les responsabilités sur ce qui a pu causer des dégâts humains, voire patrimoniaux, dans nos villages, ou les différentes politiques qui nous ont amenés là. Aujourd’hui, nous sommes dans la construction de solutions ». Le conseiller exécutif et président de l’ODARC (Office de développement agricole et rurale de la Corse), Lionel Mortini, réaffirme qu’il en existe, notamment une qu’il a soumise à Paris et à Bruxelles : « J’ai fait des propositions, notamment sur un changement de règles de l’identification, cela s’appelle au niveau européen : un élevage de précision, c’est-à-dire une boucle inviolable. Ce que nous n’avons pas en Corse ! Tout le monde le sait, c’est un secret de polichinelle ! Aujourd’hui, les boucles, sur nos animaux, peuvent être débouclées et rebouclées. Cela pose un problème même au plan sanitaire, problème qui ne peut pas durer et que nous devons régler justement par la mise en place de boucles inviolables et de boucles GPS qui intègrent notamment des barrières virtuelles. Ce n’est pas le flicage qui nous intéresse, mais l’amélioration de la gestion des troupeaux ». Pourquoi un GPS et des barrières virtuelles ? « Quand on parle de barrières virtuelles, on parle de routes et de villages où de lieux que nous avons besoin de défendre. Dès qu’un animal y rentrera, nous aurons une alerte. L’objectif n’est pas de savoir à qui appartiennent les animaux qui sont en estive ou sur des terrains, mais de ne plus les avoir sur les routes et dans les villages. C’est, pour nous, la porte d’entrée la plus importante à une véritable solution à cette divagation ».
Des boucles inviolables
« Je ne fais pas refaire l’historique, rechercher les responsabilités sur ce qui a pu causer des dégâts humains, voire patrimoniaux, dans nos villages, ou les différentes politiques qui nous ont amenés là. Aujourd’hui, nous sommes dans la construction de solutions ». Le conseiller exécutif et président de l’ODARC (Office de développement agricole et rurale de la Corse), Lionel Mortini, réaffirme qu’il en existe, notamment une qu’il a soumise à Paris et à Bruxelles : « J’ai fait des propositions, notamment sur un changement de règles de l’identification, cela s’appelle au niveau européen : un élevage de précision, c’est-à-dire une boucle inviolable. Ce que nous n’avons pas en Corse ! Tout le monde le sait, c’est un secret de polichinelle ! Aujourd’hui, les boucles, sur nos animaux, peuvent être débouclées et rebouclées. Cela pose un problème même au plan sanitaire, problème qui ne peut pas durer et que nous devons régler justement par la mise en place de boucles inviolables et de boucles GPS qui intègrent notamment des barrières virtuelles. Ce n’est pas le flicage qui nous intéresse, mais l’amélioration de la gestion des troupeaux ». Pourquoi un GPS et des barrières virtuelles ? « Quand on parle de barrières virtuelles, on parle de routes et de villages où de lieux que nous avons besoin de défendre. Dès qu’un animal y rentrera, nous aurons une alerte. L’objectif n’est pas de savoir à qui appartiennent les animaux qui sont en estive ou sur des terrains, mais de ne plus les avoir sur les routes et dans les villages. C’est, pour nous, la porte d’entrée la plus importante à une véritable solution à cette divagation ».
Un Plan Clôture
L’accord de Paris et Bruxelles est essentiel pour régler cette problématique. Le président de l’ODARC avait obtenu celui de l’ancien ministre de l’agriculture, mais le changement de gouvernement l’oblige à reprendre les négociations avec son remplaçant. « De nouvelles discussions auront lieu en septembre pour la mise en place d’un COPIL, un Comité de pilotage pour conduire ce projet à travers un prototype qui pourrait être monté par des start-up localement et par l’INRA qui y travaille déjà beaucoup ». Se pose la question du financement de la mise en place de cet élevage de précision. « Les financements pourront être abondés dans le cadre du futur plan de relance Etat-CdC 2021-2026. Cela ne coûtera rien à l’agriculteur, mais sera un avantage considérable dans la gestion de son troupeau », indique Lionel Mortini. Ce dispositif sera complété par « un Plan Clôture, exceptionnel de plusieurs millions d’euros, qui se discute avec le Président du Conseil exécutif et qui se discutera avec la majorité quand nous aurons tous les avis positifs de Paris ou de Bruxelles ». Mais aussi un travail sur le foncier. « Il y a un certain nombre de choses que l’on peut mettre en place. Je souhaiterais les rendre irréversibles afin que l’on puisse les mettre en place définitivement ».
La nécessité d’évoluer
Le seul bémol est que les Chambres d’agriculture insulaires, qui veulent aussi régler ce problème de la divagation, ne sont guère favorables aux propositions du président de l’ODARC. « Les portes ne sont pas fermées à la discussion », affirme celui-ci. « On m’a reproché, peut-être à juste titre, de ne pas avoir assez discuté avec les Chambres consulaires. Les discussions auront lieu au mois d’août sur les propositions que je mets sur la table et sur celles que pourront faire les Chambres consulaires, mais je ne les connais pas. On ne me les a pas présentées pour l’instant ». Seulement, il prévient : il n’acceptera de discuter que sur « des véritables projets, pas des projets qui font gagner du temps ou nous renvoient aux calendes grecques ! ». Pour lui, il ne s’agit pas de stigmatiser la profession « dont la plus grande partie veut régler ce problème ». D’autant que se profile un autre problème à régler : celui des animaux sauvages, mais qui le sera, indique-t-il « dans un autre temps et avec d’autres dispositifs ». Et de conclure : « Aujourd’hui, l’œil du satellite remplace l’œil du berger. Il faut évoluer. Nous en avons la possibilité, il faut la saisir. On ne peut pas passer à côté. C’est capital ! C’est un avantage considérable pour les éleveurs d’avoir ce dispositif qui pourrait être mis en place dans les prochaines années. C’est la trajectoire que nous nous sommes donnés avec la majorité et que je tiendrais, pour ma part, jusqu’au bout ».
N.M.
L’accord de Paris et Bruxelles est essentiel pour régler cette problématique. Le président de l’ODARC avait obtenu celui de l’ancien ministre de l’agriculture, mais le changement de gouvernement l’oblige à reprendre les négociations avec son remplaçant. « De nouvelles discussions auront lieu en septembre pour la mise en place d’un COPIL, un Comité de pilotage pour conduire ce projet à travers un prototype qui pourrait être monté par des start-up localement et par l’INRA qui y travaille déjà beaucoup ». Se pose la question du financement de la mise en place de cet élevage de précision. « Les financements pourront être abondés dans le cadre du futur plan de relance Etat-CdC 2021-2026. Cela ne coûtera rien à l’agriculteur, mais sera un avantage considérable dans la gestion de son troupeau », indique Lionel Mortini. Ce dispositif sera complété par « un Plan Clôture, exceptionnel de plusieurs millions d’euros, qui se discute avec le Président du Conseil exécutif et qui se discutera avec la majorité quand nous aurons tous les avis positifs de Paris ou de Bruxelles ». Mais aussi un travail sur le foncier. « Il y a un certain nombre de choses que l’on peut mettre en place. Je souhaiterais les rendre irréversibles afin que l’on puisse les mettre en place définitivement ».
La nécessité d’évoluer
Le seul bémol est que les Chambres d’agriculture insulaires, qui veulent aussi régler ce problème de la divagation, ne sont guère favorables aux propositions du président de l’ODARC. « Les portes ne sont pas fermées à la discussion », affirme celui-ci. « On m’a reproché, peut-être à juste titre, de ne pas avoir assez discuté avec les Chambres consulaires. Les discussions auront lieu au mois d’août sur les propositions que je mets sur la table et sur celles que pourront faire les Chambres consulaires, mais je ne les connais pas. On ne me les a pas présentées pour l’instant ». Seulement, il prévient : il n’acceptera de discuter que sur « des véritables projets, pas des projets qui font gagner du temps ou nous renvoient aux calendes grecques ! ». Pour lui, il ne s’agit pas de stigmatiser la profession « dont la plus grande partie veut régler ce problème ». D’autant que se profile un autre problème à régler : celui des animaux sauvages, mais qui le sera, indique-t-il « dans un autre temps et avec d’autres dispositifs ». Et de conclure : « Aujourd’hui, l’œil du satellite remplace l’œil du berger. Il faut évoluer. Nous en avons la possibilité, il faut la saisir. On ne peut pas passer à côté. C’est capital ! C’est un avantage considérable pour les éleveurs d’avoir ce dispositif qui pourrait être mis en place dans les prochaines années. C’est la trajectoire que nous nous sommes donnés avec la majorité et que je tiendrais, pour ma part, jusqu’au bout ».
N.M.