L'eau, l'huile, la prière et la foi sont les quatre composants essentiels au rituel de l'Ochju (Archives CNI)
- Qu'est-ce que l'ochju ?
- L'ochju est une tradition très importante, ça va au-delà du mauvais œil, le mal ochju. C'est une introspection, ce que l'âme projette à travers l'oeil, il s'agit vraiment du reflet de l'âme, ce qu'il y a de plus profond dans le regard, dans le cœur, dans l'esprit. C'est une union entre la foi chrétienne et une tradition ancestrale, et la limite entre les deux est mince, c'est une pratique tolérée mais non reconnue par l'Eglise. C'est un rite que l'on transmet avec un côté qui nous échappe qui n'a pas d'explication rationnelle car on guérit par la prière. L'ochju est la manifestation d'un mauvais sort qu'on jette de façon intentionnelle ou pas, et cela se traduit par un mal être, une migraine ou encore une certaine malchance. C'est alors, qu'intervient la signadora celle qui par un rituel spécifique éloigne le mauvais œil et guérit le mal. On peut transmettre cette prière et la façon de procéder pour signer l'ochju, mais il faut respecter certaines conditions. Celui qui reçoit la prière doit être croyant car on invoque Jésus et quelques saints, et bien évidemment il faut croire au pouvoir de la prière.
- Comment devient-on signadora?
- On ne devient pas signadora, on le porte en soi dès son baptême et on éprouve le ressenti de signer l'ochju à son tour. La transmission de cette tradition se fait à l'intime. Autrefois, la signadora communiquait la prière à la lueur d'un feu de cheminée, a luminella. En transmettant la prière, on se regardait dans les yeux, la signadora récitait la prière lentement pas plus de 3 fois, et c'est une transmission qui est seulement orale et qui se faisait au 3ème son de cloche à minuit, donc à partir de minuit et une minute la nuit du 24, et pendant toute la nuit on peut apprendre la prière. Ensuite, il faudra attendre un an si on veut transmettre à nouveau. Si le récipiendaire ne retient pas la prière, alors il ne pourra plus l'apprendre à nouveau, on n'a pas droit à un deuxième tour. Quand on révèle la prière, on est solitaire, c'est un échange entre celui qui donne et celui qui reçoit, car on transmet son pouvoir. Ce n'est pas du folklore, on aide les personnes qui ne se sentent pas bien à passer un cap.
- De quelle manière on signe l'ochju ?
- Le procédé est simple, on utilise une assiette creuse et elle doit être blanche c'est important, on met de l'eau et on fait le signe de croix sur les bords de l'assiette en récitant la prière en soi, puis on verse dans l'eau quelques gouttes d'huile. Avec l'assiette blanche, l'eau et l'huile que l'on jette il y a une référence au baptême.Si les tâches d'huile se dispersent c'est le signe que l'ochju est bien présent. C'est une lecture que l'on fait et la signadora ressent le mal de la personne qu'elle signe, soit par des pleurs qui arrivent de façon spontanée ou une fatigue, elle récupère la mal pour s'en débarrasser, et ainsi la personne qui éprouvait un malaise baille et va tout de suite mieux. Autrefois, le rituel fini, on jetait le contenu de l'assiette à l'entrée de la maison pour que ceux qui passaient piétinent le mal, on était sûr alors que tout ce qu'il y avait de néfaste était détruit.Il se peut que le mal ochju soit profond et installé depuis quelque temps, dans ce cas on peut faire appel à 3 signadore, le chiffre 3 est très important, en signant l'ochju on ne s'arrête jamais à deux prières, on peut dire une seule fois la prière, si on a réussi à ôter le mal et on va jusqu'à 3 fois pour s'assurer que la personne est apaisée, c'est toujours un chiffre impair. Mais,on peut aussi faire l'ochju à sec, dans ce cas on n'utilise ni assiette, ni eau, ni huile on intervient directement sur la personne, et si elle n'est pas présente on utilise un vêtement qu'elle a porté, et on peut aussi le faire par le biais d'une photo, ceci est valable aussi avec l'assiette. En pratiquant l'ochju, il y a une communion très importante, quelque chose se passe entre les âmes qui communiquent ensemble, c'est irrationnel.