Le Napoléon Bonaparte est désormais renfloué. A présent, il lui reste 5 kilomètres à parcourir, tracté par deux remorqueurs, pour parvenir en sécurité en cale sèche où les opérations d'expertises de la structure pourront commencer. (Photo DR - J.P Brun)
Ramenés à la distance déjà parcourue depuis la mise en service du Napoléon Bonaparte, fleuron de la SNCM en 1996, les quelques 3 miles marins (environ 5,5 kilomètres) qui lui restent désormais à parcourir pour être mis en sécurité en cale sèche semblent bien peu de chose… Il faut dire que ce monstre d’acier et de verre a connu bien pire au cours des dernières années, notamment son importante avarie qui lui a valu d’être à demi coulé lors d’une terrible tempête, la quille au fond du port de Marseille, il y a un peu plus de deux mois.
Et pourtant… La tâche ne sera pas aisée, loin s’en faut !
Plus de 50 000 tonnes d’eau pompées
La bonne nouvelle pour commencer, c’est que le navire a enfin sorti la quille de l’eau sans être déséquilibré et risquer de chavirer comme on l’a craint pendant de longues semaines. Un travail titanesque des équipes spécialisées dans les travaux exceptionnels a ainsi permis de terminer lors de ces dernières heures le pompage des quelques 50 000 tonnes d’eau qui avaient envahi l’arrière du bateau, plongeant sa quille au fond du bassin du grand port de Marseille.
Alors certes le Napoléon Bonaparte a de nouveau retrouvé sa flottaison mais il n’en demeure pas moins que celle-ci reste précaire.
Car pour le moment, aucune évaluation précise des dégâts majeurs occasionnés par le choc subi par le navire, ni son immersion prolongée dans l’eau salée n’a concrètement pu être faite.
3 miles marins à parcourir avec l’aide de 2 remorqueurs
Et même si les quelques 3 miles marins qui lui restent à parcourir avant d’être mis en cale sèche ne représentent pas, en soi, une distance énorme, il n’en demeure pas moins que déplacer un géant des mers qui pèse 20 500 tonnes sans l’aide de ses moteurs, perdus à cause du noyage de ses cales, ne sera pas une mince tâche.
Pour réussir cette opération hors du commun, 2 puissants remorqueurs viendront traîner précautionneusement le Napoléon Bonaparte, faisant à la fois office de moteur mais également de gouverne (direction du bâtiment). Et l’itinéraire choisi n’est pas un grand boulevard maritime !
Un itinéraire périlleux et une météo incertaine…
Concrètement, les remorqueurs devront d’abord décoller le bateau du poste n°40 du bassin de la Pinède où il reposait depuis plus de 2 mois. Puis, direction le radoub (ndlr : bassin qui permet l’accueil de navires et leur mise à sec pour leur entretien, leur carénage et autres réparations) n°8, situé au nord du bassin portuaire de la cité phocéenne au lieu dit de la Madrague.
Vu comme cela, la chose parait déjà périlleuse, notamment en raison de la force d’inertie générée par une telle masse sans système de propulsion et de gouverne propres. Mais un autre dilemme attend également les spécialistes chargés du remorquage du Napoléon Bonaparte : le passage d’un goulet très étroit, celui de la Madrague, seule voie d’accès pour atteindre le radoub n°8, dont la largeur ne dépasse pas non plus les 50 mètres… Autant dire un trou d’aiguille eu égard aux dimensions démesurées du navire amiral de la SNCM…
Enfin, dernière inconnue d’une équation déjà amplement complexe, les conditions météo qui règneront sur les Bouches-du-Rhône la semaine prochaine et qui pourraient compliquer encore un peu plus ce véritable parcours du combattant des mers !
Réunion de coordination technique entre les équipes d’experts
Evidemment, rien ne sera fait au hasard. C’est la raison pour laquelle une importante réunion de coordination doit se tenir dans les heures qui viennent entre les divers services techniques de la SNCM, la capitainerie du port, les pilotes, les lamaneurs, les remorqueurs, le Chantier naval de Marseille ainsi que les experts de la société danoise Svitzer qui a géré l'opération de renflouement du Napoléon Bonaparte. Après l’avarie et la polémique née des conditions d’hivernage du navire, il semblerait que tout soit mis en œuvre pour éviter de nouvelles catastrophes dont la compagnie aurait bien du mal à se remettre !
Concrètement, les discussions très techniques devraient tourner autour de la stratégie du remorquage dans ces conditions difficiles mais également sur la méthode la plus judicieuse à employer pour permettre à l’imposant bâtiment de se positionner correctement et sans dommages supplémentaires dans le radoub n°8.
Importants travaux d’expertise sur la structure du navire
Si comme on l’espère bien, les choses se déroulent correctement, une fois le Napoléon Bonaparte posé en sécurité en cale sèche, les nombreuses opérations d’expertise destinées à apprécier précisément les dommages occasionnés à la structure par l’avarie et le long séjour du bâtiment dans l’eau salée, devraient débuter et durer plusieurs semaines voire plusieurs mois.
A l’issue de celles-ci, on connaîtra avec précision l’état du navire, le coût éventuel des réparations à effectuer (qui sans mystère devraient être très importantes), si toutefois le bâtiment est jugé réparable, ce qui n’est pas garanti.
Et pourtant… La tâche ne sera pas aisée, loin s’en faut !
Plus de 50 000 tonnes d’eau pompées
La bonne nouvelle pour commencer, c’est que le navire a enfin sorti la quille de l’eau sans être déséquilibré et risquer de chavirer comme on l’a craint pendant de longues semaines. Un travail titanesque des équipes spécialisées dans les travaux exceptionnels a ainsi permis de terminer lors de ces dernières heures le pompage des quelques 50 000 tonnes d’eau qui avaient envahi l’arrière du bateau, plongeant sa quille au fond du bassin du grand port de Marseille.
Alors certes le Napoléon Bonaparte a de nouveau retrouvé sa flottaison mais il n’en demeure pas moins que celle-ci reste précaire.
Car pour le moment, aucune évaluation précise des dégâts majeurs occasionnés par le choc subi par le navire, ni son immersion prolongée dans l’eau salée n’a concrètement pu être faite.
3 miles marins à parcourir avec l’aide de 2 remorqueurs
Et même si les quelques 3 miles marins qui lui restent à parcourir avant d’être mis en cale sèche ne représentent pas, en soi, une distance énorme, il n’en demeure pas moins que déplacer un géant des mers qui pèse 20 500 tonnes sans l’aide de ses moteurs, perdus à cause du noyage de ses cales, ne sera pas une mince tâche.
Pour réussir cette opération hors du commun, 2 puissants remorqueurs viendront traîner précautionneusement le Napoléon Bonaparte, faisant à la fois office de moteur mais également de gouverne (direction du bâtiment). Et l’itinéraire choisi n’est pas un grand boulevard maritime !
Un itinéraire périlleux et une météo incertaine…
Concrètement, les remorqueurs devront d’abord décoller le bateau du poste n°40 du bassin de la Pinède où il reposait depuis plus de 2 mois. Puis, direction le radoub (ndlr : bassin qui permet l’accueil de navires et leur mise à sec pour leur entretien, leur carénage et autres réparations) n°8, situé au nord du bassin portuaire de la cité phocéenne au lieu dit de la Madrague.
Vu comme cela, la chose parait déjà périlleuse, notamment en raison de la force d’inertie générée par une telle masse sans système de propulsion et de gouverne propres. Mais un autre dilemme attend également les spécialistes chargés du remorquage du Napoléon Bonaparte : le passage d’un goulet très étroit, celui de la Madrague, seule voie d’accès pour atteindre le radoub n°8, dont la largeur ne dépasse pas non plus les 50 mètres… Autant dire un trou d’aiguille eu égard aux dimensions démesurées du navire amiral de la SNCM…
Enfin, dernière inconnue d’une équation déjà amplement complexe, les conditions météo qui règneront sur les Bouches-du-Rhône la semaine prochaine et qui pourraient compliquer encore un peu plus ce véritable parcours du combattant des mers !
Réunion de coordination technique entre les équipes d’experts
Evidemment, rien ne sera fait au hasard. C’est la raison pour laquelle une importante réunion de coordination doit se tenir dans les heures qui viennent entre les divers services techniques de la SNCM, la capitainerie du port, les pilotes, les lamaneurs, les remorqueurs, le Chantier naval de Marseille ainsi que les experts de la société danoise Svitzer qui a géré l'opération de renflouement du Napoléon Bonaparte. Après l’avarie et la polémique née des conditions d’hivernage du navire, il semblerait que tout soit mis en œuvre pour éviter de nouvelles catastrophes dont la compagnie aurait bien du mal à se remettre !
Concrètement, les discussions très techniques devraient tourner autour de la stratégie du remorquage dans ces conditions difficiles mais également sur la méthode la plus judicieuse à employer pour permettre à l’imposant bâtiment de se positionner correctement et sans dommages supplémentaires dans le radoub n°8.
Importants travaux d’expertise sur la structure du navire
Si comme on l’espère bien, les choses se déroulent correctement, une fois le Napoléon Bonaparte posé en sécurité en cale sèche, les nombreuses opérations d’expertise destinées à apprécier précisément les dommages occasionnés à la structure par l’avarie et le long séjour du bâtiment dans l’eau salée, devraient débuter et durer plusieurs semaines voire plusieurs mois.
A l’issue de celles-ci, on connaîtra avec précision l’état du navire, le coût éventuel des réparations à effectuer (qui sans mystère devraient être très importantes), si toutefois le bâtiment est jugé réparable, ce qui n’est pas garanti.
L'Excelsior, navire de la compagnie italienne Grandi Navi Veloci/Grimaldi Lines, pourrait rapidement être affrété par la SNCM pour remplacer temporairement le Napoléon Bonaparte sur les lignes Corse/continent. (Photo: DR)
L’Excelsior de la Grandi Navi Veloci bientôt affrété par la SNCM ?
D’ailleurs, si l’hypothèse d’une impossibilité de réparation se faisait jour, signifiant la mise à la casse du Napoléon Bonaparte, la SNCM ne pourra pas faire l’impasse d'un "plan B" pour assurer la continuité des voyages entre la Corse et le continent français, dans le cadre de la Délégation de service public (DSP) dont elle est co-titulaire avec la Méridionale. Ce n’est pas un hasard si la compagnie cherche depuis plusieurs semaines maintenant un remplaçant, temporaire ou définitif, à son navire amiral.
Et celui-ci pourrait bien venir de chez nos voisins italiens sous la forme de L’Excelsior, un autre géant des mers propriété de la compagnie Grandi Navi Veloci (Grimaldi Lines) avec laquelle la SNCM est en négociation serrée pour un contrat d’affrètement pour commencer. Car ce bateau affiche des caractéristiques techniques (vitesse, volume de fret, etc.) et d’accueil des passagers quasi semblables à celles du Napoléon Bonaparte.
Un problème de taille
Problème, cette imposante unité (encore plus imposante que le Napoléon Bonaparte puisqu’elle affiche 30 mètres de longueur supplémentaire) de 202 mètres de long pour 39 777 tonnes construite en 1999 dans les chantiers navals de Gênes, aura les inconvénients de ses avantages. Notamment celui, de taille, de ne pouvoir accoster au poste occupé par le Napoléon Bonaparte à Marseille.
Obligeant ainsi la SNCM et le port de Marseille à le positionner bien plus au nord, à l’emplacement du Cap-Pinède, où est amarré le second plus imposant navire de la compagnie, le Jean Nicoli. Par ailleurs, les ports corses d’Ajaccio mais surtout celui de Bastia pourraient rencontrer des problèmes de taille pour accueillir ce volumineux bâtiment…
Quoiqu’il en soit, rien n’est encore fait et avec un peu de chance et beaucoup de précautions, le Napoléon Bonaparte pourrait se retrouver bientôt en sécurité en cale sèche et, dans un scénario idéal, être réparable.
Parce que revoir la proue du Napoléon Bonaparte sortir de l’horizon du golfe d’Ajaccio ou du relief escarpé au large du Cap-Corse serait certainement le plus beau cadeau de Noël ou de début d’année, à la fois pour les insulaires mais plus généralement pour tous ceux attachés à ce navire mythique !
Pour cela, il reste seulement 5 petits kilomètres à franchir. Les 5 derniers kilomètres de l’angoisse à n’en point douter !
Yannis-Christophe GARCIA (avec laprovence.com)
D’ailleurs, si l’hypothèse d’une impossibilité de réparation se faisait jour, signifiant la mise à la casse du Napoléon Bonaparte, la SNCM ne pourra pas faire l’impasse d'un "plan B" pour assurer la continuité des voyages entre la Corse et le continent français, dans le cadre de la Délégation de service public (DSP) dont elle est co-titulaire avec la Méridionale. Ce n’est pas un hasard si la compagnie cherche depuis plusieurs semaines maintenant un remplaçant, temporaire ou définitif, à son navire amiral.
Et celui-ci pourrait bien venir de chez nos voisins italiens sous la forme de L’Excelsior, un autre géant des mers propriété de la compagnie Grandi Navi Veloci (Grimaldi Lines) avec laquelle la SNCM est en négociation serrée pour un contrat d’affrètement pour commencer. Car ce bateau affiche des caractéristiques techniques (vitesse, volume de fret, etc.) et d’accueil des passagers quasi semblables à celles du Napoléon Bonaparte.
Un problème de taille
Problème, cette imposante unité (encore plus imposante que le Napoléon Bonaparte puisqu’elle affiche 30 mètres de longueur supplémentaire) de 202 mètres de long pour 39 777 tonnes construite en 1999 dans les chantiers navals de Gênes, aura les inconvénients de ses avantages. Notamment celui, de taille, de ne pouvoir accoster au poste occupé par le Napoléon Bonaparte à Marseille.
Obligeant ainsi la SNCM et le port de Marseille à le positionner bien plus au nord, à l’emplacement du Cap-Pinède, où est amarré le second plus imposant navire de la compagnie, le Jean Nicoli. Par ailleurs, les ports corses d’Ajaccio mais surtout celui de Bastia pourraient rencontrer des problèmes de taille pour accueillir ce volumineux bâtiment…
Quoiqu’il en soit, rien n’est encore fait et avec un peu de chance et beaucoup de précautions, le Napoléon Bonaparte pourrait se retrouver bientôt en sécurité en cale sèche et, dans un scénario idéal, être réparable.
Parce que revoir la proue du Napoléon Bonaparte sortir de l’horizon du golfe d’Ajaccio ou du relief escarpé au large du Cap-Corse serait certainement le plus beau cadeau de Noël ou de début d’année, à la fois pour les insulaires mais plus généralement pour tous ceux attachés à ce navire mythique !
Pour cela, il reste seulement 5 petits kilomètres à franchir. Les 5 derniers kilomètres de l’angoisse à n’en point douter !
Yannis-Christophe GARCIA (avec laprovence.com)