Corse Net Infos - Pure player corse

Marie-Dominique Cavalli, présidente des experts-comptables de Corse : “Il faut défendre la profession et aider nos clients”


Léana Serve le Dimanche 26 Janvier 2025 à 19:28

Réélue en décembre 2024 à la présidence du Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables de Corse, Marie-Dominique Cavalli entame son second mandat à la tête de l’institution qu’elle a contribué à créer en 2008. Forte d’une carrière marquée par son engagement pour la profession, elle s’apprête à relever les défis majeurs qui l’attendent, qu’il s’agisse de l’impact de l’intelligence artificielle, de la cybersécurité ou de l’évolution des métiers comptables. Une mission qu’elle porte avec conviction depuis Bastia, où elle a ouvert son cabinet à l’âge de 28 ans.



Archive CNI
Archive CNI

Quels sont les grands dossiers qui vous attendent à la tête de l’Ordre des experts-comptables en Corse ?
Les dossiers qui m’attendent en tant que présidente sont ceux pour défendre la profession et pour aider nos clients. Il y a déjà la mise en place de la facture électronique, qui est un véritable sujet pour les experts-comptables, mais surtout pour nos clients. Cela va demander un accompagnement des experts-comptables, qui pourront ensuite accompagner nos clients, car c’est un réel bouleversement pour certaines TPE. Il y a aussi la question de l’intelligence artificielle, mais aussi la problématique de la cybersécurité. On entre dans une période économique compliquée avec beaucoup de difficultés pour nos clients, donc nous allons devoir travailler avec les autres instances à ce sujet.
 

Combien d’experts-comptables représentent votre organisation sur l’île, et comment travaillez-vous pour répondre à leurs besoins ?
Nous avons 170 experts-comptables en Corse. Notre but, au sein du CROEC, est de faire en sorte qu’il y ait une bonne confraternité. Nous devons être proches de nos confrères, surtout parce que nous sommes de plus en plus nombreux à exercer cette profession, et qu’il y a beaucoup de jeunes, dans des situations très différentes. Je dirais que mon leitmotiv est la proximité et l’écoute, afin de renforcer les liens entre experts-comptables. Nous allons d’ailleurs organiser des sessions de rencontre dans les microrégions, pour ne pas toucher que Bastia ou Ajaccio.
 

La fin programmée de la tenue comptable oblige les cabinets à se réinventer. Comment les experts-comptables corses peuvent-ils s’adapter à ce changement ?
La tenue comptable a déjà commencé à être automatisée. Je dirais qu’elle l’est à 50%, donc la moitié du chemin est déjà faite. Dans l’ensemble, je ne pense pas que ce soit une menace, car on fait un travail d’analyse des comptes, donc les clients, les impôts nous font confiance. Par contre, il ne faut pas la minimiser. Il y a un réel enjeu pour le personnel qui ne fait que de la tenue comptable, donc il va falloir les accompagner. Dans l’ensemble, je pense qu’on ne va pas se passer de nous, même si je pense que nous allons être obligés de nous former et de nous adapter.
 

L’intégration de l’intelligence artificielle dans les métiers du chiffre est inévitable. Est-ce une opportunité ou une menace pour les cabinets insulaires ?
Les deux ! C’est vrai que l’intelligence artificielle commence à s’inviter dans nos pratiques professionnelles. D’un côté, c’est une opportunité car elle propose des outils intéressants, qui nous font gagner du temps et de la réflexion. Mais c’est aussi une menace car elle peut altérer notre jugement professionnel si elle est mal utilisée. On doit donc être vigilants, et faire attention à la manière dont on s’en sert, l’utiliser avec vigilance. Dans tous les cas, je ne pense pas que ça va nous enlever du travail, car les clients nous font confiance, mais ça peut créer une confusion, donc il faut faire attention.
 

La cybersécurité est un enjeu croissant. Comment accompagnez-vous vos membres pour sécuriser leurs données face aux nouveaux risques numériques ?
La cybersécurité est une réelle problématique car on détient des informations très importantes. Au CROEC, nous proposons un relai des outils du Conseil national de l'Ordre des experts-comptables, comme des ateliers d’information. On organise aussi des formations, préparées par un organisme national de formation des experts-comptables et que nous déclinons en régions.
 

Les problématiques comme la concurrence et la transformation des cabinets sont-elles aussi marquées en Corse qu’ailleurs ?
Avant, ce n’était pas une problématique. Aujourd’hui, c’est vrai qu’on commence à être nombreux. Il y a eu une croissance importante du nombre d’experts-comptables, et beaucoup de jeunes se sont installés ces dernières années. Il y a 170 experts-comptables en Corse, et un tiers a moins de 40 ans. En 10 ans, notre profession a augmenté de presque 60%. Il y a donc forcément de la concurrence, mais pour l’instant, il y a surtout de la confraternité. La concurrence nous oblige surtout à faire attention à la qualité des services que l’on fournit.