Michel Castellani, député Femu a Corsica de la 1ère circonscription de Haute-Corse et membre du groupe parlementaire LIOT.
- Malgré le vote de l’amendement, Gilles Simeoni reste inquiet sur le futur des 50 millions d’euros qui devraient venir abonder l’enveloppe de continuité territoriale. Partagez-vous cette crainte ?
- Oui. Rien n’est encore acquis ! La procédure est encore longue. Je ne sais ce que sera le texte qui sortira du Sénat, ni de la Commission mixte. Ni de l’éventuel 49-3 ! Ce qui est sûr, c’est qu’il nous fallait impérativement obtenir un vote positif en amont, ce qui a été fait. Dans le cas contraire, compte tenu des conditions budgétaires, c’était mort !
- Vous avez obtenu le vote contre l’avis du gouvernement qui s’était prononcé pour l’amendement de Paul-André Colombani à 40 millions d’euros…
- L’amendement de repli de Paul-André Colombani part sûrement d’un bon sentiment. Celui de récupérer une somme en cas de rejet de l’amendement principal. Mais, bien entendu, le ministre du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, a profité de l’ouverture pour tenter de repousser la proposition à 50 millions d’euros. J’ai réussi à plaider et récupérer le coup, mais je crains que nous n’ayons là un gros facteur de faiblesse. Le gouvernement pourrait arguer de l’existence de cet amendement pour nous priver finalement de 10 millions.
- Vu de l’extérieur, ce débat apparait comme un bras de fer avec le ministre. Nous sommes loin d’une construction apaisée ?
- En fait, c’est la situation financière et budgétaire qui impose ce type d’approche. Le ministre a pour mission de récupérer plusieurs dizaines de milliards. Il n’a plus de marge de manœuvre. Les députés ont une approche souvent différente, soit par conviction idéologique, soit par défense de sujets locaux. En ce qui me concerne j’ai dû brûler beaucoup d’énergie dans ce débat budgétaire. Dès juillet, en pleines vacances parlementaires, je me suis rendu à Paris pour anticiper et attirer l’attention des anciens et puis des nouveaux ministres sur la situation globale, notamment fiscale, de la Corse. J’ai recommencé à deux reprises à l’occasion des auditions en Commission des finances. J’y ai ensuite fait adopter mon amendement. J’ai rencontré en privé Laurent Saint-Martin à plusieurs reprises pour plaider notre cause. Et puis, il y a eu l’interminable débat en séance dans lequel j’avais en tout 21 amendements à défendre. Sans compter que, par ailleurs, je suis également rapporteur spécial, et que j’ai dû conduire tout une série d’auditions de haut niveau au siège de la Banque de France, l’INSEE, La Poste, et pour l’économie sociale et solidaire.
- Les députés ont eu également à traiter le sujet de la surtaxe sur les billets avions. Là aussi, c’est plutôt positif ?
- Exact. Là, tous les députés d’Outre-Mer et les députés corses présents se sont mobilisés. Il a fallu expliquer la situation particulière due à la distance et à l’insularité. Dans ces cas, le fait d’emprunter un avion ou un bateau relève d’un impératif. Il eut été malvenu de surtaxer ce qui est, par ailleurs, légitimement subventionné.
- Globalement, quel regard portez-vous sur ce budget qui passe au vote ce mardi ?
- Nous partons d’une situation initiale difficile, pour ne pas dire ingérable. La dette publique s’élève à 3 200 milliards d’euros et continue de courir. 128 milliards d’euros de déficit annuel étaient prévus pour 2024, mais in fine ce seront 180 milliards d’euros. Et pour couronner le tout, le déficit massif des échanges extérieurs ajoute une hémorragie de plus de 100 milliards. Il y a une réelle menace de déclassement. Au départ, le gouvernement a donc proposé 40 milliards de réduction de dépenses et 20 milliards d’impôts nouveaux. Les 3 000 amendements ont complètement démoli cette structure initiale. En ce qui nous concerne, dans le groupe LIOT, nous avons proposé et défendu, dès le début et de façon constante, une approche à la fois pragmatique et socialement juste.
- Quelle est maintenant la suite des opérations ?
- L'ensemble de la partie recettes doit faire l'objet d'un vote solennel mardi après-midi. S’il y a rejet du texte, il serait alors transmis au Sénat dans sa version initiale, et il n’y aura même pas examen du volet dépenses. En revanche, si les députés approuvent cette première partie, nous passerons à la discussion des crédits alloués aux différentes missions de l'Etat, et il nous faudra aboutir avant la date-butoir du 21 novembre. Videremu !
Propos recueillis par Nicole Mari.
- Oui. Rien n’est encore acquis ! La procédure est encore longue. Je ne sais ce que sera le texte qui sortira du Sénat, ni de la Commission mixte. Ni de l’éventuel 49-3 ! Ce qui est sûr, c’est qu’il nous fallait impérativement obtenir un vote positif en amont, ce qui a été fait. Dans le cas contraire, compte tenu des conditions budgétaires, c’était mort !
- Vous avez obtenu le vote contre l’avis du gouvernement qui s’était prononcé pour l’amendement de Paul-André Colombani à 40 millions d’euros…
- L’amendement de repli de Paul-André Colombani part sûrement d’un bon sentiment. Celui de récupérer une somme en cas de rejet de l’amendement principal. Mais, bien entendu, le ministre du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, a profité de l’ouverture pour tenter de repousser la proposition à 50 millions d’euros. J’ai réussi à plaider et récupérer le coup, mais je crains que nous n’ayons là un gros facteur de faiblesse. Le gouvernement pourrait arguer de l’existence de cet amendement pour nous priver finalement de 10 millions.
- Vu de l’extérieur, ce débat apparait comme un bras de fer avec le ministre. Nous sommes loin d’une construction apaisée ?
- En fait, c’est la situation financière et budgétaire qui impose ce type d’approche. Le ministre a pour mission de récupérer plusieurs dizaines de milliards. Il n’a plus de marge de manœuvre. Les députés ont une approche souvent différente, soit par conviction idéologique, soit par défense de sujets locaux. En ce qui me concerne j’ai dû brûler beaucoup d’énergie dans ce débat budgétaire. Dès juillet, en pleines vacances parlementaires, je me suis rendu à Paris pour anticiper et attirer l’attention des anciens et puis des nouveaux ministres sur la situation globale, notamment fiscale, de la Corse. J’ai recommencé à deux reprises à l’occasion des auditions en Commission des finances. J’y ai ensuite fait adopter mon amendement. J’ai rencontré en privé Laurent Saint-Martin à plusieurs reprises pour plaider notre cause. Et puis, il y a eu l’interminable débat en séance dans lequel j’avais en tout 21 amendements à défendre. Sans compter que, par ailleurs, je suis également rapporteur spécial, et que j’ai dû conduire tout une série d’auditions de haut niveau au siège de la Banque de France, l’INSEE, La Poste, et pour l’économie sociale et solidaire.
- Les députés ont eu également à traiter le sujet de la surtaxe sur les billets avions. Là aussi, c’est plutôt positif ?
- Exact. Là, tous les députés d’Outre-Mer et les députés corses présents se sont mobilisés. Il a fallu expliquer la situation particulière due à la distance et à l’insularité. Dans ces cas, le fait d’emprunter un avion ou un bateau relève d’un impératif. Il eut été malvenu de surtaxer ce qui est, par ailleurs, légitimement subventionné.
- Globalement, quel regard portez-vous sur ce budget qui passe au vote ce mardi ?
- Nous partons d’une situation initiale difficile, pour ne pas dire ingérable. La dette publique s’élève à 3 200 milliards d’euros et continue de courir. 128 milliards d’euros de déficit annuel étaient prévus pour 2024, mais in fine ce seront 180 milliards d’euros. Et pour couronner le tout, le déficit massif des échanges extérieurs ajoute une hémorragie de plus de 100 milliards. Il y a une réelle menace de déclassement. Au départ, le gouvernement a donc proposé 40 milliards de réduction de dépenses et 20 milliards d’impôts nouveaux. Les 3 000 amendements ont complètement démoli cette structure initiale. En ce qui nous concerne, dans le groupe LIOT, nous avons proposé et défendu, dès le début et de façon constante, une approche à la fois pragmatique et socialement juste.
- Quelle est maintenant la suite des opérations ?
- L'ensemble de la partie recettes doit faire l'objet d'un vote solennel mardi après-midi. S’il y a rejet du texte, il serait alors transmis au Sénat dans sa version initiale, et il n’y aura même pas examen du volet dépenses. En revanche, si les députés approuvent cette première partie, nous passerons à la discussion des crédits alloués aux différentes missions de l'Etat, et il nous faudra aboutir avant la date-butoir du 21 novembre. Videremu !
Propos recueillis par Nicole Mari.