Dans un communiqué publié mardi 3 décembre, la présidente de l’Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, et le président du conseil exécutif, Gilles Simeoni, ont appelé à l’apaisement après les affrontements survenus lundi entre lycéens et forces de l’ordre. Ces événements font suite à l’arrêt du 19 novembre de la Cour administrative d’appel de Marseille, interdisant l’usage de la langue corse au sein de l’hémicycle régional. « Cet arrêt, qui juge que reconnaître le droit de parler la langue corse pendant les débats de l’Assemblée de Corse et, plus largement, dans l’espace public, est contraire à la Constitution, a suscité une indignation unanime », soulignent les deux responsables.
Face à cette décision, le Conseil exécutif et l’Assemblée avaient voté à l’unanimité, le 29 novembre, une résolution dénonçant ses conséquences. Mais l’impact de cet arrêt dépasse le cadre institutionnel : il a provoqué une réaction massive de la jeunesse insulaire, avec des mobilisations spontanées dans de nombreux collèges, lycées et à l’Université de Corse. « Cette mobilisation démontre l’attachement légitime de notre jeunesse à sa langue et à sa culture », déclarent-ils.
Un message fort à la jeunesse
Dans leur communiqué, les présidents expriment leur soutien à cette jeunesse tout en condamnant les débordements. « Nous comprenons leur émotion et leur colère, mais nous leur disons qu’il existe d’autres chemins que celui de la violence pour faire reconnaître notre peuple et ses droits. » Insistant sur la nécessité de protéger les jeunes « de tout risque de blessures, de violences ou de poursuites pénales », ils saluent l’esprit de responsabilité des syndicats étudiants et lycéens qui ont relayé les appels au calme.
Pour transformer cette indignation en action constructive, une grande réunion est prévue au Gran’Palazzu di a Cullettività di Corsica. Celle-ci réunira l’ensemble des forces vives de l’île : syndicats, élus, associations, acteurs culturels, mais aussi le collectif Parlemu Corsu et l’Université de Corse. « Nous devons montrer à la jeunesse que les institutions de la Corse et la société tout entière s’emparent de la question du statut de la langue corse », précisent les deux élus. L’objectif affiché est double : obtenir une coofficialité inscrite dans la Constitution et mettre en œuvre une politique linguistique qui irrigue tous les aspects de la vie collective. « L’apaisement est nécessaire, mais il doit s’accompagner de réponses concrètes pour redonner à la langue corse sa juste place, comme facteur d’appartenance et de cohésion sociale », concluent les deux présidents.