Ces chants à plusieurs voix, souvent interprétés a cappella, accompagnent les moments les plus importants de la vie des insulaires : des baptêmes aux mariages, en passant par les enterrements et les récoltes. "Les chants accompagnent les Corses de la naissance à la mort. Ce sont des chants de foi, qui nourrissent l'âme et l’esprit", explique Jean-Louis Blaineau, chef de chœur pour la Sainte-Messe au Casone et membre du Chœur d’hommes de Sartène.
Ce dimanche, c'est toute la musique corse qui sera mise à l'honneur, illustrant la vitalité de la foi corse et sa transmission à travers la musique.
Dès son arrivée à l’aéroport d’Ajaccio, le Saint-Père sera accueilli par le groupe Caramusa, qui interprétera A Nanna di u Bambinu, une berceuse traditionnelle écrite au XIXe siècle par Mgr Paul-Matthieu de la Foata. Ce chant, dédié à la naissance de l’Enfant Jésus, symbolise le lien profond entre la musique et la foi, un lien que les Corses entretiennent depuis des siècles.
La matinée se poursuivra avec l’interprétation de Terra Corsa, un hymne chantant leur île natale, par Jean-Charles Papi, Christophe Mondoloni, Alizée et Patrick Fiori. L’après-midi sera marqué par les nombreux chants accompagnant la Sainte-Messe célébrée par le pape François au Casone. “Les Chjami Aghjalesi interpréteront l’Introitu”, explique Jean-Louis Blaineau. “Le Chœur d’hommes de Sartène chantera quant à lui l’un des chants de communion.” La célébration sera également rythmée par le Kyrie, interprété par le groupe polyphonique U Domu, et culminera avec le Dio vi salvi Regina, repris par l’ensemble des fidèles.
Un hymne à l’unité et à la culture corse
Jean-Louis Blaineau souligne l’importance de cette célébration pour la communauté corse, qui trouve dans la musique une façon unique de renforcer ses liens sociaux et spirituels. "Les chants religieux sont une preuve que l’Église corse est vivante et active", explique-t-il. "C’est aussi une manière de mettre en lumière notre culture devant le Pape, une culture vibrante où musique et foi sont profondément entremêlées."
Ce dimanche, le musicien dirigera une chorale exceptionnelle de 300 chanteurs venus de toute l’île. Issus des chœurs liturgiques, paroissiaux et des conservatoires d’Ajaccio et de Bastia, ces chanteurs s’uniront pour célébrer l’unité de la foi corse. Choisi par l’abbé Frédéric Constant pour cette mission, Jean-Louis Blaineau y voit "une volonté claire du clergé, incarnée par l’abbé Constant et le cardinal François Bustillo, de témoigner de notre quotidien et de notre foi."
La polyphonie corse, véritable école de formation spirituelle et musicale, joue un rôle central dans cette dynamique. Elle permet aux jeunes de s’impliquer dans la vie religieuse tout en perpétuant une tradition séculaire. "Les églises sont les premières écoles des chanteurs", rappelle Jean-Louis Blaineau. "Beaucoup ont fait leurs débuts en interprétant des polyphonies religieuses. C’est une véritable école de vie."
La célébration de dimanche revêtira également une dimension d’universalité, avec des chants en corse, latin, toscan et français. "C’est un message d’ouverture", insiste Blaineau. "Cela montre que notre Église est bien ancrée dans sa tradition locale tout en restant connectée à l’Église universelle."
Une célébration historique
La journée culminera avec le Dio vi salvi Regina, entonné par des milliers de voix en hommage à l’unité spirituelle et culturelle de l’île. Pour Jean-Louis Blaineau, ce moment reflète la vitalité et la fierté du peuple corse : "Quand le pape François a ordonné le cardinal François Bustillo, il lui a dit : ‘Ton peuple est bruyant.’ Et le cardinal de répondre : ‘Non, mon peuple est vivant.’"