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Tourisme : les hôteliers corses craignent une saison 2023 noire


Thibaud KEREBEL le Mardi 25 Avril 2023 à 19:42

Alors que leurs premiers chiffres ne sont pas convaincants, les professionnels corses de l'hôtellerie s'inquiètent de la saison estivale à venir. Moins de personnel, moins de réservations, et une concurrence déloyale exercée par les plateformes de location en ligne... La crainte d'une saison noire se faire ressentir.



Les professionnels corses de l'hôtellerie s'inquiètent de la saison estivale à venir
Les professionnels corses de l'hôtellerie s'inquiètent de la saison estivale à venir
« La saison s’annonce vraiment compliquée, au niveau des réservations, on est très en retard ! » D’emblée, Karina Goffi affiche son inquiétude. À l’heure d’évoquer les mois d’été à venir, la présidente de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) de Corse, également gérante d’un établissement à Folelli, fait état d’une situation critique pour les professionnels insulaires de l’hôtellerie. « Sur certaines périodes, on était presque mieux à l’époque du Covid, c’est dire le problème. On voit bien que la saison démarre tardivement. Avec tous les ponts, on aurait dû faire un mois de mai exceptionnel, mais on sait déjà que ça ne sera pas le cas. »

Les facteurs de ce déclin sont multiples, et d’après les retours dont dispose Karina Goffi, la flambée des prix des transporteurs aériens et maritimes n’y est pas étrangère. « Pendant le Covid, on avait dit : ‘attention, en 2023, d’autres destinations vont nous concurrencer’. Et c’est exactement ce qui se passe : les gens vont en Grèce ou en Tunisie. Sur l’aérien et le maritime, on n’est pas compétitifs. La classe politique passe son temps à s’opposer au tourisme. On devrait appliquer une politique tarifaire d’entrée sur l’île, comme c’est le cas aux Baléares par exemple. Ils n’ont rien et nous avons un diamant, pourtant, les touristes vont là-bas. »

Si la clientèle n’est pas au rendez-vous -du moins selon les réservations préalables-, les problèmes des hôteliers corses se situent également en interne. Le manque de personnel, déjà constaté depuis quelques temps, semble s’accentuer à l’orée de l’été 2023. « C’est simple : je n’ai aucun adhérent de l’UMIH qui a pourvu l’intégralité de ses offres d’emploi. Habituellement, au mois d’avril, on a de nombreux établissements ouverts, mais par peur de ne pas être opérationnels, ils sont beaucoup à retarder l’échéance. »

"Les gens essaient de réduire les dépenses, ou de mettre leur argent ailleurs"

Forcément, l’inflation grandissante fait aussi partie des causes de ces réservations en baisse dans le milieu de l’hôtellerie corse. « Les différents établissements, selon leur gamme, ne vont pas être impactés de la même manière », nuance Karina Goffi. « Les riches restent riches, on sent bien que le luxe se vend encore ! Mais en parallèle, la classe moyenne continue de descendre, ce qui veut dire que les gens essaient de réduire les dépenses, ou de mettre leur argent ailleurs. »

Pour la présidente de l’UMIH Corse, cette situation favorise encore plus les plateformes de location de logements en ligne, comme Airbnb* ou Booking. « Les gens pensent économiser en louant sur Airbnb, parce qu’ils ont l’impression d’être plus indépendants. Mais en réalité, ce n’est pas le cas. » Un contexte qui renforce, de surcroît, la « concurrence déloyale » dénoncée par les professionnels de l’hôtellerie depuis des années. « Moi, je reverse une taxe de séjour, le Airbnb non. Moi, j’ai des contrôles et le personnel est en règle, alors que les femmes de ménage des Airbnb ne sont pas déclarées… Ce n’est pas nouveau, ce sont les politiques locaux qui doivent agir, et pas l’État. »

Le seul point positif à l'horizon, pour l'UMIH, c'est la situation des restaurateurs, qui dépendent également de cette fédération, et ne semblent pas craindre une baisse de fréquentation. « Ils sont moins inquiets, parce qu’il y a la clientèle locale. C’est elle qui fait travailler nos affaires ! Je pense que la crise Covid a fait changer l’état d’esprit des Corses. Les gens ont redécouvert l’île, et profitent plus de ce qu’il y a sur place. »


NB
*​Après la publication de cet atroce la direction de Airbnb souhaite réagir : En Corse, Airbnb a reversé plus de 3,7 millions d’euros de taxe de séjour aux communes de la région en 2022 *, générant de nouvelles sources de revenus pour les territoires tout en facilitant le travail des villes. *Taxe de séjour collectée auprès des voyageurs en France entre le 1er novembre 2021 et le 31 octobre 2022.