Mathieu Donati et Lionel Mortini à la station d'AgruCorse à Folelli.
Lionel Mortini ne cache pas son plaisir en arpentant les vastes bâtiments de la station de conditionnement AgruCorse qu’il visite pour la première fois. Cette structure, qui s’étend sur 4 hectares sur la commune de Folelli en Casinca, est entièrement dédiée à l’agrumiculture, la transformation du produit, son conditionnement, sa mise en valeur et sa commercialisation. Le président de l’ODARC salue « des infrastructures magnifiques et les investissements réalisés par les producteurs de clémentines ». L’objet de sa visite est d’inaugurer une station automatisée, installée dans un nouveau bâtiment, qui permet au groupe Terre d’agrumes de Corse de traiter des volumes plus significatifs. L’ODARC a cofinancé 20% de l’installation, ce qui a permis de réaliser l’investissement. « Avec des professionnels structurés, qui font des efforts et travaillent collectivement, l’institution intervient presque à la marge. Ils sont organisés pour travailler même sans nous. Nous aidons, nous allons continuer à le faire, mais ce sont des professionnels qui n’ont pratiquement plus besoin de nous », commente Lionel Mortini. « Nous avions besoin de nous équiper davantage. Des producteurs indépendants ou qui étaient dans d’autres groupes nous ont rejoints, il était important de pouvoir les accueillir dans de bonnes conditions et de réaliser leurs conditionnements dans les règles de l’IGP (Indication géographiquement protégée) », précise Mathieu Donati, directeur d’AgruCorse. La structure regroupe 43 des 160 producteurs d’agrumes insulaires, et traite environ 7500 tonnes sur les 30 000 tonnes de clémentines récoltées chaque année, principalement en Plaine Orientale.
Le recours au drive
L’occasion aussi de faire le point sur la saison en cours. « Elle se déroule correctement. La récolte est assez importante avec un volume global de 30 000 tonnes, cette année, contre 20 000 à 25 000 tonnes d’habitude », confirme Mathieu Donati. « Nous avons eu un peu peur au début parce que le deuxième confinement arrivait juste au moment de l’entrée en récolte. Pendant une quinzaine de jours, le confinement a perturbé les habitudes de consommation. Les consommateurs ne se rendaient plus dans les magasins habituels pour acheter leurs produits. Pour ne pas toucher les fruits en vrac et risquer une contamination COVID, nous avons conditionné des petites barquettes de fruits en très grande quantité, ici, à Folelli et nous sommes passés au drive. On passe commande sur Internet et on vient retirer le produit en voiture dans un drive. Ça a très bien marché. Dès qu’il y a eu une visibilité et que davantage de magasins ont rouverts, les consommateurs sont revenus ». Et ce buzz sur le prix de la clémentine corse à 4,5 € le kilo ? « Sur le continent, nos produits sont plus chers que la concurrence, notamment espagnole ou marocaine, mais si on veut offrir un produit de qualité, un produit non traité après récolte et qui répond à tout un ensemble des garanties, cela impose un parcours agronomique, des exigences dans les stations et aussi des exigences sociales et environnementales que, peut-être, nos concurrents d’autres pays n’ont pas. C’est pour cela que nos produits sont positionnés plus chers. Nous le revendiquons, le consommateur le comprend et l’accepte. Il ne se plaint pas du prix parce qu’il connait la clémentine corse, la recherche, la demande et est prêt à la payer un peu plus cher ». Le directeur d’AgruCorse reste confiant. Tout comme Lionel Mortini : « Il faut tenir la ligne sur la qualité, la défense des territoires, les produits certifiés. Sans l’IGP, la filière clémentine ne serait pas là où elle est. C’est là que tout se joue ».
L’occasion aussi de faire le point sur la saison en cours. « Elle se déroule correctement. La récolte est assez importante avec un volume global de 30 000 tonnes, cette année, contre 20 000 à 25 000 tonnes d’habitude », confirme Mathieu Donati. « Nous avons eu un peu peur au début parce que le deuxième confinement arrivait juste au moment de l’entrée en récolte. Pendant une quinzaine de jours, le confinement a perturbé les habitudes de consommation. Les consommateurs ne se rendaient plus dans les magasins habituels pour acheter leurs produits. Pour ne pas toucher les fruits en vrac et risquer une contamination COVID, nous avons conditionné des petites barquettes de fruits en très grande quantité, ici, à Folelli et nous sommes passés au drive. On passe commande sur Internet et on vient retirer le produit en voiture dans un drive. Ça a très bien marché. Dès qu’il y a eu une visibilité et que davantage de magasins ont rouverts, les consommateurs sont revenus ». Et ce buzz sur le prix de la clémentine corse à 4,5 € le kilo ? « Sur le continent, nos produits sont plus chers que la concurrence, notamment espagnole ou marocaine, mais si on veut offrir un produit de qualité, un produit non traité après récolte et qui répond à tout un ensemble des garanties, cela impose un parcours agronomique, des exigences dans les stations et aussi des exigences sociales et environnementales que, peut-être, nos concurrents d’autres pays n’ont pas. C’est pour cela que nos produits sont positionnés plus chers. Nous le revendiquons, le consommateur le comprend et l’accepte. Il ne se plaint pas du prix parce qu’il connait la clémentine corse, la recherche, la demande et est prêt à la payer un peu plus cher ». Le directeur d’AgruCorse reste confiant. Tout comme Lionel Mortini : « Il faut tenir la ligne sur la qualité, la défense des territoires, les produits certifiés. Sans l’IGP, la filière clémentine ne serait pas là où elle est. C’est là que tout se joue ».
Une usine à rapatrier
L’enjeu de la rencontre avec le président de l’ODARC était surtout de le sensibiliser au rapatriement d’une unité de production de produits transformés qu’AgruCorse a monté avec l’OPAC (Organisation des producteurs d’agrumes corses qui compte 46 producteurs) en 2019 dans une usine qu’ils ont louée à Lyon. « Environ 20% des fruits, qui sont sur les arbres, ne sont pas vendables en l’état. Ils sont jetés si on ne fait rien. L’idée est de les valoriser », indique Mathieu Donati. « 16 000 kilos sont envoyés, chaque jour, à Lyon pour être transformés. L’an dernier, nous avons envoyé 300 tonnes. Cette année, nous atteindrons 1000 tonnes de clémentines, calibre 6, un tout petit fruit que normalement on ne revalorisait pas. Ces fruits font partie de ce qu’on appelle les écarts de tri, c’est-à-dire des fruits que l’on ne savait pas vendre sur le marché. L’agrumiculture corse est une filière dynamique, viable, développée et qui mérite de l’être encore plus à travers de nouveaux projets et surtout de la revalorisation. Le marché du fruit est plus ou moins maîtrisé, c’est la partie industrielle qu’on ne maitrisait pas. L’intérêt de nous associer avec AgruCorse est de faire de la synergie à travers un grand pôle d’apport de fruits, de bâtir un projet commun pour trouver de nouvelles idées », ajoute Christian Zuria, agriculteur et commercial de l’OPAC. « Le but est de rapatrier cet outil et cette valeur ajoutée en Corse. L’idée est d’être complètement autonome, de produire, transformer, fabriquer et conditionner sur l’île. Nous voulons, aussi, obtenir le label IGP pour ces produits dérivés. Il y a déjà un IGP pour la clémentine de Corse, il y aura un IGP pour les produits transformés de Corse. Ce qui oblige, de toute façon, à fabriquer en Corse. Cela veut dire une usine sur place l’année prochaine ».
L’enjeu de la rencontre avec le président de l’ODARC était surtout de le sensibiliser au rapatriement d’une unité de production de produits transformés qu’AgruCorse a monté avec l’OPAC (Organisation des producteurs d’agrumes corses qui compte 46 producteurs) en 2019 dans une usine qu’ils ont louée à Lyon. « Environ 20% des fruits, qui sont sur les arbres, ne sont pas vendables en l’état. Ils sont jetés si on ne fait rien. L’idée est de les valoriser », indique Mathieu Donati. « 16 000 kilos sont envoyés, chaque jour, à Lyon pour être transformés. L’an dernier, nous avons envoyé 300 tonnes. Cette année, nous atteindrons 1000 tonnes de clémentines, calibre 6, un tout petit fruit que normalement on ne revalorisait pas. Ces fruits font partie de ce qu’on appelle les écarts de tri, c’est-à-dire des fruits que l’on ne savait pas vendre sur le marché. L’agrumiculture corse est une filière dynamique, viable, développée et qui mérite de l’être encore plus à travers de nouveaux projets et surtout de la revalorisation. Le marché du fruit est plus ou moins maîtrisé, c’est la partie industrielle qu’on ne maitrisait pas. L’intérêt de nous associer avec AgruCorse est de faire de la synergie à travers un grand pôle d’apport de fruits, de bâtir un projet commun pour trouver de nouvelles idées », ajoute Christian Zuria, agriculteur et commercial de l’OPAC. « Le but est de rapatrier cet outil et cette valeur ajoutée en Corse. L’idée est d’être complètement autonome, de produire, transformer, fabriquer et conditionner sur l’île. Nous voulons, aussi, obtenir le label IGP pour ces produits dérivés. Il y a déjà un IGP pour la clémentine de Corse, il y aura un IGP pour les produits transformés de Corse. Ce qui oblige, de toute façon, à fabriquer en Corse. Cela veut dire une usine sur place l’année prochaine ».
Du développement local
Les deux fournisseurs de fruits se sont associés à l’Atelier du fruit, une société, créée cette année et qui s’occupe déjà de fabriquer des jus de fruits. « Aujourd’hui, on collecte ces fruits et on les envoie à Lyon pour fabriquer du jus de clémentines, des petites cubes de clémentines servant de base à la préparation de pâtisseries, de la purée de clémentines, des huiles essentielles… Toute une gamme de produits qui est, ensuite, vendue sur le continent et au Bénélux à des clients industriels, comme Andros. Ces industriels vont les utiliser sous forme de matière première ou d’ingrédient dans leurs préparations, en faire des purées, des desserts, des boissons, des confitures, des pâtisseries ou autres », explique Jean-Dominique Valentini, agriculteur à Aleria et directeur de l’Atelier du fruit. « Ce projet vise à structurer autour d’un outil industriel - l’Atelier corse Fruits & Légumes – les organisations de producteurs d’agrumes sur une base d’environ 62% de toute la filière agrumicole et qui correspondrait à terme à 4000 tonnes d’agrumes transformés par an ». Avec quatre objectifs affichés. Le premier est de valoriser ces écarts de tri dont le volume global se situe autour de 6500 tonnes. « Cela permet de rémunérer une production qui n’est pas valorisée et qui coûte de l’argent aux producteurs pour la jeter ». Le second est de pérenniser les filières. « C’est vraiment central, dans un contexte de changement climatique, de donner un support industriel à des fruits qui ne peuvent pas être vendus sur le marché du fruit ». Le troisième est de les diversifier. « Il s’agit de donner un autre élan à la filière agrumicole sur d’autres types d’agrumes ou de légumes. Pourquoi ne pas réfléchir à structurer le développement de la filière autour du citron jaune pour le marché de la transformation ? Ou encore sur des légumes locaux destinés aux collectivités locales, aux cantines scolaires, aux hôpitaux, comme c’est le cas dans d’autres régions de France. Par exemple, les légumes d’été comme la courgette, l’aubergine, les tomates et aussi le melon qui est un produit très demandé au niveau industriel ». Le quatrième objectif – peut-être le plus important - est de ramener de la valeur ajoutée sur l’île « pour réchauffer le tissu économique et social en créant de l’emploi local. C’est pour cela que nous avons ce projet d’installation de l’usine en Plaine Orientale, sous 24 mois au plus tard ».
Les deux fournisseurs de fruits se sont associés à l’Atelier du fruit, une société, créée cette année et qui s’occupe déjà de fabriquer des jus de fruits. « Aujourd’hui, on collecte ces fruits et on les envoie à Lyon pour fabriquer du jus de clémentines, des petites cubes de clémentines servant de base à la préparation de pâtisseries, de la purée de clémentines, des huiles essentielles… Toute une gamme de produits qui est, ensuite, vendue sur le continent et au Bénélux à des clients industriels, comme Andros. Ces industriels vont les utiliser sous forme de matière première ou d’ingrédient dans leurs préparations, en faire des purées, des desserts, des boissons, des confitures, des pâtisseries ou autres », explique Jean-Dominique Valentini, agriculteur à Aleria et directeur de l’Atelier du fruit. « Ce projet vise à structurer autour d’un outil industriel - l’Atelier corse Fruits & Légumes – les organisations de producteurs d’agrumes sur une base d’environ 62% de toute la filière agrumicole et qui correspondrait à terme à 4000 tonnes d’agrumes transformés par an ». Avec quatre objectifs affichés. Le premier est de valoriser ces écarts de tri dont le volume global se situe autour de 6500 tonnes. « Cela permet de rémunérer une production qui n’est pas valorisée et qui coûte de l’argent aux producteurs pour la jeter ». Le second est de pérenniser les filières. « C’est vraiment central, dans un contexte de changement climatique, de donner un support industriel à des fruits qui ne peuvent pas être vendus sur le marché du fruit ». Le troisième est de les diversifier. « Il s’agit de donner un autre élan à la filière agrumicole sur d’autres types d’agrumes ou de légumes. Pourquoi ne pas réfléchir à structurer le développement de la filière autour du citron jaune pour le marché de la transformation ? Ou encore sur des légumes locaux destinés aux collectivités locales, aux cantines scolaires, aux hôpitaux, comme c’est le cas dans d’autres régions de France. Par exemple, les légumes d’été comme la courgette, l’aubergine, les tomates et aussi le melon qui est un produit très demandé au niveau industriel ». Le quatrième objectif – peut-être le plus important - est de ramener de la valeur ajoutée sur l’île « pour réchauffer le tissu économique et social en créant de l’emploi local. C’est pour cela que nous avons ce projet d’installation de l’usine en Plaine Orientale, sous 24 mois au plus tard ».
Un projet important
Le modèle économique et le montant de l’investissement, nécessaires à ce rapatriement, devraient être finalisés au premier trimestre 2021 avec l’appui de l’ODARC. « C’est un projet important que nous allons évidemment soutenir financièrement parce qu’il est pourvoyeur d’emploi et d’activité, et parce que c’est complètement stupide d’envoyer les clémentines à Lyon pour les transformer. Cela doit être fait ici, en Corse. Nous allons les aider à le faire et à rapatrier cette usine rapidement », annonce Lionel Mortini. « Ce projet s’inscrit complètement dans la politique que nous défendons avec une ligne de plus en plus BIO et une production qui évolue. Déjà plus de 20% des clémentines corses sont BIO. C’est aussi un changement de braquet vers une revalorisation importante grâce à l’IGP ». L’enjeu est effectivement d’importance quand on sait que la filière arboricole, génère, avec la viticulture, la plus grosse partie du chiffre d’affaires de l’agriculture corse. « Il faut continuer à la soutenir, même si les professionnels sont organisés ». Et le président de l’ODARC de conclure : « C’est dans cette logique que nous devons travailler. Tant qu’on aura des gens sérieux, on n’aura pas trop de problème pour l’avenir ».
N.M.
Le modèle économique et le montant de l’investissement, nécessaires à ce rapatriement, devraient être finalisés au premier trimestre 2021 avec l’appui de l’ODARC. « C’est un projet important que nous allons évidemment soutenir financièrement parce qu’il est pourvoyeur d’emploi et d’activité, et parce que c’est complètement stupide d’envoyer les clémentines à Lyon pour les transformer. Cela doit être fait ici, en Corse. Nous allons les aider à le faire et à rapatrier cette usine rapidement », annonce Lionel Mortini. « Ce projet s’inscrit complètement dans la politique que nous défendons avec une ligne de plus en plus BIO et une production qui évolue. Déjà plus de 20% des clémentines corses sont BIO. C’est aussi un changement de braquet vers une revalorisation importante grâce à l’IGP ». L’enjeu est effectivement d’importance quand on sait que la filière arboricole, génère, avec la viticulture, la plus grosse partie du chiffre d’affaires de l’agriculture corse. « Il faut continuer à la soutenir, même si les professionnels sont organisés ». Et le président de l’ODARC de conclure : « C’est dans cette logique que nous devons travailler. Tant qu’on aura des gens sérieux, on n’aura pas trop de problème pour l’avenir ».
N.M.