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Haute-Corse : 732 cas de violences intrafamiliales en 2024, un protocole signé pour mieux agir


Léana Serve le Lundi 3 Février 2025 à 09:23

En 2024, 732 cas de violences intrafamiliales ont été recensés en Haute-Corse. Pour lutter contre ce phénomène, un protocole départemental de prévention et de lutte contre les violences intrafamiliales a été signé ce vendredi 31 janvier par 19 signataires. L’objectif est de mieux identifier les acteurs et les dispositifs, consolider le parcours des victimes, mais aussi améliorer la prise en charge des auteurs.



“Chaque victime a le droit d’être accueillie de manière professionnelle et digne”, a affirmé Michel Prosic, préfet de la Haute-Corse. Pour faire face aux violences intrafamiliales dans le département, un protocole départemental de prévention et de lutte contre les violences intrafamiliales a été signé ce vendredi 31 janvier par 19 signataires, comme la préfecture de la Haute-Corse, le procureur de la République de Bastia, ou encore différentes associations de lutte contre les violences intrafamiliales. Une signature qui se veut être “la réaffirmation que la lutte contre les violences intrafamiliales est une priorité nationale et locale”, selon Jean-Philippe Navarre, procureur de la République de Bastia, alors que le nombre de cas de violences intrafamiliales a légèrement baissé en 2024, avec un recensement de 732 cas, contre 759 en 2023, soit une baisse de 4 %.

À travers ce protocole, l’objectif est de coordonner “tous les partenaires sociaux et économiques afin que le parcours d’une victime après la révélation des faits ne soit plus un parcours du combattant et qu’elle puisse bénéficier d’une réponse personnalisée”. Selon Michel Prosic, il est nécessaire que la victime soit “prise en charge de manière professionnelle et complète, que ce soit au niveau de la santé, de l’insertion professionnelle ou encore avec des aides financières, pour qu’on lui reconnaisse le statut de victime et que nous puissions agir tous ensemble”.

Pour cela, les professionnels doivent être formés à reconnaître des cas de violence, à écouter une victime et à l’accompagner. “Les gendarmes, policiers, équipes pédagogiques, pharmaciens, médecins sont formés”, précise le préfet de la Haute-Corse. “Des associations existent dans toutes les parties de notre territoire, elles se déplacent. Aujourd’hui, nous avons la possibilité de recueillir la parole partout, donc l’objectif est maintenant de faire en sorte que les victimes puissent dire ce qu’elles vivent et qu’il puisse y avoir un relais pour commencer à agir.” Parmi les équipes signataires de ce protocole, et maillons de la chaîne d’aide aux victimes, on retrouve par exemple la direction interdépartementale de la police nationale, la direction académique des services de l’Éducation nationale, la Caisse d’Allocations Familiales de Haute-Corse, ou encore le centre hospitalier de Bastia.


Libérer la parole des victimes

Autre objectif de ce protocole : continuer à libérer la parole des victimes. “Après le Covid, nous avons eu une grande libération de la parole”, détaille Michel Prosic. “Il faut que la parole continue de se libérer, que les personnes qui n’osent pas lancer une procédure ou déposer plainte aient le courage de le faire, parce que nous, en face, nous sommes organisés et prêts à recueillir leur parole et à les accompagner.” Pour cela, des vigies sont présentes “sur tout le territoire”. “Dans des secteurs plus reculés, il y aura toujours une personne spécialisée, formée à l’écoute des victimes de violences intrafamiliales”, précise Jean-Philippe Navarre.

Libérer la parole des victimes passe aussi par des établissements spécialisés, comme les centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF). Le CIDFF de Haute-Corse va d’ailleurs bientôt inaugurer un accueil de jour, une nouvelle étape dans son processus d’accompagnement des victimes. “Cet accueil de jour va permettre aux femmes et à leurs enfants de se poser et d’éventuellement préparer un départ si elles le souhaitent”, explique Aurélia Dominici Campagna, présidente du CIDFF de Haute-Corse. “C’est un accueil confidentiel, avec la possibilité d’entreprendre des démarches judiciaires. Notre but, c’est de sécuriser la famille, et nous pouvons aussi stocker des affaires dans des casiers, si la victime souhaite préparer un départ.”

“Le message que nous voulons donner aux personnes qui ont peur d’aller au bout d’une démarche, c’est qu’il y a également une mobilisation très forte du parquet”, lance Michel Prosic. Le procureur de la République de Bastia, quant à lui, rappelle qu’un “nombre conséquent de condamnations ont été prononcées par le tribunal correctionnel”. “L’année dernière, près de 200 personnes ont été jugées et condamnées par le tribunal correctionnel pour des faits de violences intrafamiliales, dont beaucoup de comparutions immédiates”. Il précise néanmoins que “des phénomènes demeurent inquiétants avec le développement de violence intrafamiliale, notamment chez les plus jeunes”. Les signataires du protocole départemental de prévention et de lutte contre les violences intrafamiliales restent malgré tout mobilisés et prêts à intervenir en cas de besoin. “Nous devons être au rendez-vous de la parole, de la prise en charge, et de l’accompagnement des victimes, afin de faire en sorte, collectivement, que la situation ne se reproduise pas”, conclut Michel Prosic.