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Bastia : Chargée par une vingtaine de bovins elle crée "Cambi'avà", pour la défense des victimes de la divagation animale


Pierre-Manuel Pescetti le Vendredi 4 Juin 2021 à 19:31

Porter la voix des victimes de la divagation animale. C'est le but de l'association Cambi'avà tout juste créée à Bastia par Maryline Taddei, elle même victime de ce "fléau" qui a failli lui coûter la vie.



Maryline Taddei, à quelques mètres du lieu de l'incident, juste devant sa maison. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Maryline Taddei, à quelques mètres du lieu de l'incident, juste devant sa maison. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
« Je n’en suis pas morte mais d’autres n’ont pas eu cette chance ». Maryline Taddei, victime d’un accident avec des bovins en divagation veut porter la voix des victimes de ces accidents. Avec une dizaine de personnes elle a créé l’association Cambi’avà pour la défense des victimes d’animaux de rente en divagation.

Le 7 novembre 2020, elle décide de se balader à quelques pas de sa maison sur les hauteurs de Bastia. Une promenade qu’elle a déjà réalisé maintes fois mais qui va tourner au drame. Vers 10 heures du matin, à quelques mètres de son portail, elle est chargée par une vingtaine de bovins. « Une agression est le bon mot » selon cette directrice d’école aujourd’hui traumatisée par la simple idée de garder son portillon ouvert et de se rapprocher de l’endroit où cela a eu lieu. Gravement blessée, elle subit trois opérations sur le continent pour sauver sa jambe durement touchée. Après trois mois en fauteuil roulant et 8 mois d’hospitalisation elle retrouve peu à peu l’espoir de reprendre une vie normale grâce à une attelle. Pourtant sa vie va changer à jamais. « Je vais devoir changer de métier. Impossible d’enseigner de nouveau à cause des séquelles lourdes » avoue-t-elle, au bord des larmes.

Recenser et fédérer les victimes

Des victimes de ce genre d’accidents il en existe d’autres. À travers son association, Maryline Taddei veut porter leur voix, les rassembler pour donner plus de force à leur message : « il faut en finir avec ce fléau de la divagation animale ! Des gens en meurent ! ». Premier objectif, recenser les victimes. Qu’ils soient blessés ou décédés lors d’accidents de la route ou lors d’une simple promenade.
L'association compte une dizaine de membres et a déjà récolté plusieurs témoignages de victimes. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
L'association compte une dizaine de membres et a déjà récolté plusieurs témoignages de victimes. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti

Des solutions avancées

Maryline Taddei a dû réorganiser une pièce de son logement pour être hospitalisée à domicile. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Maryline Taddei a dû réorganiser une pièce de son logement pour être hospitalisée à domicile. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Pour Maryline Taddei et son association, il ne s’agit pas de faire la guerre ni aux animaux ni aux éleveurs. Mais d’agir contre le phénomène de divagation en milieu urbain : « comment expliquer qu’un taureau d’une tonne puisse se balader librement devant le collège Simon-Vinciguerra en plein centre-ville et en plein jour. Nos enfants aussi sont en danger ! ». Photo à l’appui, les membres de l’association pointent la responsabilité des communes. Pour eux des solutions existent. Loin de la battue administrative se terminant par la mort des animaux, ils parlent « d’une fourrière spécialisée. Un projet déjà proposé à la collectivité qui a trouvé une oreille sourde ». La priorité pour l’association : lutter contre la minorité d’éleveurs qui participent à la divagation. « Nous condamnons celles et ceux qui usurpent la profession d’agriculteur et tirent bénéfice de la maltraitance animale pour leur profit en mettant en danger physique, voire en danger de mort, la population ».  

Les pouvoirs publics mis en cause

Pour les membres de l’association il faut prendre le problème à bras-le-corps : « on en parle de manière sporadique, comme un fait divers mais quand on regarde les chiffres c’est plus que de simples faits divers. C’est un réel problème pour lequel il existe des solutions ! ».  L’association veut organiser des tables rondes et interpeller les pouvoirs publics. Ses membres déplorent le manque d’action des responsables politiques et, à quelques semaines du premier tour des élections territoriales de 2021, posent la question à tous les candidats : « que comptez vous faire contre le fléau de la divagation animale ? ».

Infos pratiques : L'association est joignable par mail à cambiava@gmail.com