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Danielle Casanova et Fred Scamaroni : l'hommage d'Emmanuel Macron


le Jeudi 28 Septembre 2023 à 11:19

Ce jeudi, à l’occasion d’une séquence mémorielle à Ajaccio, Emmanuel Macron rend hommage à ces deux figures de la Résistance bien connues en Corse




Ce sont deux Ajacciens qui ont joué un rôle majeur dans la Résistance et dont les noms ont traversé les années qu’Emmanuel Macron honore ce jeudi lors d’une séquence mémorielle. 
 
D’abord, à l’occasion d’un passage par la citadelle Miollis, il se rendra dans la cellule où Fred Scamaroni a préféré se donner la mort que de révéler les secrets dont il était le gardien. Issu du corps préfectoral, ce haut fonctionnaire, dont le parcours présente des similitudes avec celui de Jean Moulin, s’est rapidement engagé dans les Forces françaises libres. « Fred Scamaroni a été un militaire actif sur le terrain et a notamment participé au raid de Dakar en 1940 », explique Raphaël Lahlou, historien et journaliste pour RCF Corsica. Trois ans après cet épisode, ce fervent gaulliste revient dans sa Corse natale, avec pour projet d’unifier les mouvements de Résistance sur place, alors que l’île est occupée par les forces fascistes italiennes depuis un an. « Il a alors été un agent de renseignements au destin tragique et malheureux parce que sa mission n’est pas une réussite complète et finira très mal pour lui puisqu’il est trahi dans des conditions obscures par des membres du réseau », raconte Raphaël Lahlou. Arrêté puis emprisonné dans une cellule exiguë de la citadelle d’Ajaccio, il y sera affreusement torturé. Jusqu’à ce qu’il se donne la mort le 19 mars 1943 après avoir inscrit avec son sang quelques mots devenus célèbres sur les murs de sa cellule : « Je n’ai pas parlé ». « Je pense que l’Histoire veut retenir le nom de Fred Scamaroni pour essayer de faire oublier que dans la Résistance corse le général Giraud a davantage joué de rôle que De Gaulle. Or la mission de Scamaroni était purement gaulliste », analyse l’historien. 

Une Ajaccienne devenue icône de la Résistance pour le parti communiste

Le Président de la République profitera également de son passage à Ajaccio pour se recueillir devant la maison natale de Danielle Casanova, dont le nom est étroitement associé à la Résistance corse, bien qu’elle n’y ait pas participé directement sur le terrain. Après avoir passé une partie de son enfance à Ajaccio, cette militante convaincue a embrassé les idées communistes lors de ses études à l’école dentaire à Paris. C’est dans la capitale qu’elle rencontrera également son mari Laurent Casanova qui deviendra l’une des têtes pensantes du parti communiste. Pour sa part, signe de son importance dans le mouvement, l’Ajaccienne deviendra vite l’une des principales responsables des jeunesses communistes et fondera même l’Union des jeunes filles de France. « Elle a un rôle de premier plan dans la hiérarchie du parti », appuie Raphaël Lahlou. « En 1941, le parti communiste bascule dans la Résistance active quand l’Union soviétique est attaquée. On ne sait pas exactement quelle a été la nature de l’action de Danielle Casanova dans la Résistance au niveau national, mais on sait qu’elle joue un rôle important, vraisemblablement de ravitaillement et de renseignements du réseau dont elle faisait partie - celui de Georges Politzer - entre l’été 1941 et une partie de l’année 1942 », ajoute-t-il en notant que si la jeune femme entretient « une attache profonde avec la Corse mais elle n’y joue pas un rôle direct ». « Elle est très liée avec un certain nombre de Corses de la Résistance puisqu’elle est notamment la sœur d’Emma Choury », précise encore l’historien. L’action très active de Danielle Casanova est cependant rapidement interrompue du fait de son arrestation dans le courant de l’année 1942. Elle sera déportée à Auschwitz le 24 janvier 1943, lors du convoi des 31000. « À Auschwitz elle sera un peu mieux traitée par certains responsables du camp, car elle était chirurgienne dentiste, donc ses conditions étaient un peu meilleures. Elle contribuera aussi à sauver par mal de monde. Et surtout l’énergie de Danielle Casanova en déportation a maintenu le moral et la cohésion du groupe où elle se trouvait », dévoile Raphaël Lahlou en reprenant : « Elle a un caractère très trempé, très marqué et elle a une passion pour la Corse qui transparaît encore dans ses confidences en déportation auprès de ses compagnes d’infortune où elle dit « j’ai beau avoir une culture française et le cœur français du point de vue patriotique, je reste corse et profondément corse et en Corse tout est plus beau qu’ailleurs ».
 

Malgré sa force de caractère, la jeune Résistante succombe à une épidémie de typhus qui frappe le camp en mai 1943. Dès lors, elle endosse une image d’icône pour le parti communiste. « Elle devient une figure dont la construction mémorielle est très exploitée par le parti communiste au point de donner à tout cela une forme de culte de la personnalité qui a été peut-être un peu contraire à sa logique discrète », souligne encore l’historien.