- Que s’est-il passé lors de l’élection du président de l’Office des HLM ?
- Henri Zuccarelli quittant ses fonctions à la tête de l’Office de l’habitat public de Haute-Corse, Emile Zuccarelli m’a proposé, dès 2011, de le remplacer. Avant de répondre, j’ai demandé à réfléchir et, puis, j’ai posé mes conditions. On m’a préféré José Martelli. J’ai recueilli 5 voix contre 15 voix pour José Martelli, une non-participation et un bulletin blanc. C’est sans appel ! Les choses étaient pliées d’avance !
- Comment prenez-vous votre éviction ?
- Je n’ai aucune amertume, sauf à être désavoué par les propres membres de mon parti ! C’est un désaveu total ! Il y a faute caractérisée ! J’interpelle le maire, dans une lettre publique, car mon éviction est instrumentalisée par la mairie. C’est une chasse aux sorcières ! Ma famille et moi-même avons toujours été fidèles. Et ce n’est pas manquer à la fidélité que de prendre une position et d’être sanctionné parce qu’on n’est pas au fait et aux gestes du Prince !
- Comment le maire de Bastia peut-il influer sur la présidence d’un office départemental ?
- Le Conseil général est la collectivité de tutelle de l’Office HLM, mais la plus grosse partie du parc de logements sociaux est implantée sur Bastia. Aussi, la désignation de la présidence est laissée à la discrétion du maire. Il suffit de regarder le nom des trois derniers présidents : Ange Rovere, Bati Raffalli et Henri Zuccarelli, pour le comprendre. La mairie a réussi, de manière très habile, en négociant quelques postes, à obtenir ce vote. Qui administre l’Office ? A côté du José Martelli, il y a Dominique Rossi, directeur du cabinet du maire, Jacques Costa, Jacky Padovani, vice-président de la CAB (Communauté d’agglomération de Bastia) et Louis Brusa, conseiller municipal de Bastia.
- Pourquoi Emile Zuccarelli ne vous a-t-il pas confié les rênes de l’Office HLM ?
- Parce que j’ai dit que je ne voulais pas être un pantin et je l’assume pleinement. On va encore utiliser l’Office HLM et la commission d’attribution du logement de manière particulière. L’enjeu électoral est énorme. On va détourner cet outil de sa vraie démarche et distribuer les logements pour gagner des électeurs. Je suis contre cette manière d’agir et je l’ai dit. J’ai eu le tort de mettre les pieds dans le plat et je paye mon soutien à François Tatti.
- Voulez-vous dire que le vrai enjeu est le combat pour la mairie de Bastia entre François Tatti et Jean Zuccarelli ?
- Oui. Je n’aspire plus à rester dans cette démarche où on tend à imposer, par le truchement du PRG, la candidature de Jean Zuccarelli qui pointe la tête et souhaiterait reprendre le flambeau. Le PRG ne se réunit jamais, sauf au moment de désigner les investitures aux élections. Est-ce normal pour un parti ? Il n’y a pas de communication, pas de discussion. Il y a une forme d’autocratie familiale qui dit : « Voilà, c’est comme ça ! » On n’agit pas de la sorte dans un parti démocratique. J’ai une autre vision de la politique. Je l’assume.
- Pensez-vous que Jean Zuccarelli n’est pas le meilleur candidat pour la mairie en 2014 ?
- Je pense que ce n’est pas le bon candidat. La démarche de François Tatti de proposer des primaires citoyennes est un pavé dans la mare pour essayer de démocratiser la vie du PRG, pour remettre le citoyen au cœur du choix démocratique. Ils ne vont jamais accepter !
- Pourquoi François Tatti est-il, selon vous, meilleur candidat que Jean Zuccarelli ?
- François Tatti a prouvé qu’il avait fait beaucoup de choses par rapport à Bastia. Il est, en dehors du maire, celui qui est le plus au courant de tout ce qui se passe et qui a géré les plus gros dossiers de la ville. Dans quel but le maire a-t-il donné cette dimension à François Tatti ? Parce qu’il l’avait choisi pour assurer le passage, pour prendre le relais. Aujourd’hui, un nouveau paramètre est venu. L’alternance ne me gène pas, si on continue à porter les vraies valeurs du parti radical, pas les valeurs de façade. La seule chose qu’ils acceptent, c’est l’adoubement au sein du PRG du candidat qu’ils ont choisi. Est-ce la démocratie ?
- Ces déchirements au sein de la gauche bastiaise ne font-ils pas le jeu de l’opposition nationaliste ?
- Je veux donnez un signal fort, un an et demi avant les municipales. Je ne sais pas si on entendra mon message, je ne crois pas. Nous avons vécu, ce mardi matin, une mascarade. S’il y a une prise de conscience, les choses pourront évoluer. Mais ceux qui persisteront dans cette démarche devront l’assumer. Il y a une volonté de division caractérisée qui ne peut avoir que des effets négatifs, la volonté de jouer la carte du pourrissement, de créer des crispations inutiles et les ferments de la rupture. Les principaux intéressés en assumeront la responsabilité et ce ne sera pas faute d’avoir tiré la sonnette d’alarme ! Devant les électeurs, la donne ne sera pas la même ! Les Bastiais ne sont pas dupes. Emile Zuccarelli ne devrait pas se tromper d’adversaire.
- Qu’allez-vous faire maintenant ?
- Je garde mon poste d’administrateur de l’Office de l’habitat public. Je souhaite : « Bonne chance » au nouveau président. J’espère qu’il prendra la mesure de son poste. Pour ma part, je vais continuer, comme je l’ai toujours fait, à défendre les intérêts des locataires, et je verrais bien comment l’Office va fonctionner. Je serais vigilant. Et je vais continuer à m’inscrire dans la démarche qui est la mienne.
Propos recueillis par Nicole MARI