Quel qu’ait pu être leurs votes, s’agissant du statut de résident ou de la langue voire de la fiscalité sur le patrimoine ou encore de l’inscription de la Corse dans la Constitution à un article désormais au-delà du 72, les élus de l’Assemblée de Corse peuvent aujourd’hui avoir le sentiment d’être l’objet d’une instrumentalisation de la part des dirigeants nationalistes impatients d’un aboutissement dont ils savent qu’il implique une réunion des parlementaires en Congrès pour modifier la Constitution et à tout le moins une modification du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. Force est de constater que cet empressement à voir aboutir ces revendications s’affranchit de l’engagement politique pris, à la demande des élus communistes du Front de gauche, par l’Assemblée de Corse de consulter par référendum les Corses dès lors qu’il y aurait modification de la Constitution.
Tout cela prend un certains temps et chacun le sait alors qu’un dialogue est ouvert avec le gouvernement, selon un calendrier approuvé majoritairement par les élus et parlementaires de la Corse, lors de la première réunion tenue sous l’autorité de Manuel Valls et Marylise Lebranchu le 22 novembre 2013. Dans ce cadre, que l’Exécutif de la CTC ait été représenté à cette manifestation interpelle.
Les Corses peuvent eux aussi et tout autant que les élus, s’interroger quand, ils voient à la fin de la manifestation de samedi dernier à Bastia, censée porter la voix de l’Assemblée de Corse des « émeutiers organisés » s’en prendre « aux symboles de l’Etat français qui méprise les droits du peuple corse sur sa terre ». La Poste, les banques, le mobilier urbain, les commerces, les véhicules des riverains ont été saccagés ou endommagés. Tel est le message envoyé et fortement désapprouvé, par celles et ceux qui attendent, non sans impatience depuis presque 30 ans, que les détournements de réfaction de TVA, que les détournements de la Taxe de transports par les compagnies low cost cessent pour rendre du pouvoir d’achat aux ménages insulaires pénalisés par la cherté de la vie et la pauvreté, la précarité et les bas salaires.
La crise qui prétendument épargnait la Corse s’y amplifie désormais avec plus de 20 000 travailleurs au chômage des inégalités qui font que 1 600 foyers insulaires déclarent un revenu moyen annuel de 180 000 euros quand plus de 60 000 personnes ont un revenu inférieur ou égal au seuil de pauvreté soit 977 euros. La réforme institutionnelle ne fait ni le changement de politique, ni l’avancée démocratique lorsqu’elle ignore la question sociale. La Corse est bien placée pour le savoir, après trois statuts, comme le pays d’ailleurs. Les annonces faites par le Président de la République montrent de quoi il s’agit : baisse draconienne de la dépense publique, alignement sur les injonctions « austéritaires » de la Commission européenne pour ramener le déficit de la France sous les 3 %. C’est d’autant plus absurde que cette règle, inatteignable, n’a de sens que pour maintenir à un haut rendement la rente spéculative dégagée sur les marchés financiers sous l’autorité de la BCE. Voila comment, les coffres des banques et des riches se remplissent du malheur organisé des peuples. En Corse aussi."