Les élèves des lycées agricoles de Borgo et Sartène intensifient leur mobilisation contre la réforme du ministère de l’Agriculture et de la Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt (DRAAF). Depuis plus d'une semaine, les deux établissements sont bloqués, et les actions de protestation se multiplient. Après une première manifestation devant la préfecture de Haute-Corse à Bastia, puis une seconde devant la préfecture de Corse et la DRAAF à Ajaccio, les lycéens, accompagnés de leurs enseignants et de représentants des syndicats STC et SEA, ont de nouveau manifesté ce mardi à Bastia. En fin de matinée, un convoi d’élèves et de professeurs a mené une opération escargot depuis le lycée agricole de Borgo en direction de la préfecture, avant d’entamer une troisième mobilisation dans l’après-midi. Brandissant des banderoles “Ghjuventù mai sottumessa”, “Una ghjuventù, un liceu, un avvene” ou encore “Per u nostru avvene”, ils ont réaffirmé leurs revendications : l’opposition à la suppression de la spécialité agroalimentaire du bac STAV et au regroupement de trois classes de terminale.
“Une baisse de la dotation globale horaire se profile pour la rentrée prochaine”, alerte Sandrine Casanova, enseignante en biologie-aménagement au lycée agricole de Borgo. “Cela signifie des réductions d’heures de cours, des baisses de temps de travail pour certains enseignants et, par conséquent, une obligation de regrouper des classes de filières différentes.” Une décision qui, selon elle, arrive au pire moment : “On ouvre une deuxième année de BTS à la rentrée, et certains professeurs devaient voir leur temps de travail augmenter. Cette réforme risque d’avoir des conséquences sur la qualité de l’enseignement.”
Les enseignants redoutent notamment des effectifs surchargés. “On risque de se retrouver avec une classe de 34 élèves, dont beaucoup ont des besoins pédagogiques spécifiques. Cela va à l’encontre des recommandations des programmes officiels”, souligne l’enseignante.
Les élèves, de leur côté, expriment leur frustration face à l'absence de réponse concrète. “La semaine dernière, on a été reçus à Bastia et à Ajaccio avec le lycée de Sartène”, explique Dumè Allegrini, lycéen en classe de première en aménagements paysagers. “Ça n’a rien donné, donc on est à nouveau présents aujourd’hui pour montrer qu’on maintient le blocage et qu’on ne lâchera pas.”
D’autres actions à venir
Parmi les manifestants, plusieurs syndicats étaient présents, dont le SEA. “C’est essentiel de défendre les postes menacés”, affirme François Giudicelli, secrétaire général de l’UNSA Éducation, à laquelle est rattaché le SEA. “Nous ne demandons pas de créations de postes, simplement le maintien des deux postes à Borgo et du poste à Sartène. Sans cela, les élèves risquent de se retrouver à 35 par classe, ce qui nuirait aux conditions d’apprentissage.”
Lauda Guidicelli, conseillère exécutive en charge de l’Éducation, s’est également déplacée pour soutenir le mouvement. “Il est important d’être aux côtés de ces jeunes, qui veulent pouvoir terminer leur formation dans de bonnes conditions et se projeter sereinement dans leur avenir professionnel”, souligne-t-elle. Elle insiste sur la nécessité de préserver un enseignement de qualité : “L’instruction doit se faire en petits effectifs. Au sein du Conseil exécutif de Corse, nous travaillons en étroite collaboration avec les lycées agricoles, leurs équipes pédagogiques et les élèves pour trouver des solutions. Nous nous réservons également le droit d’interpeller le ministère afin d’obtenir une enveloppe supplémentaire.”
Les actions devraient se poursuivre dans les prochains jours. “Les personnels du lycée ont entamé une grève illimitée ce matin pour soutenir les revendications des élèves”, indique Sandrine Casanova. Une nouvelle manifestation est prévue jeudi à Ajaccio, avec l’espoir d’obtenir des avancées. “Tant que nous n’aurons pas de réponse satisfaisante, nous maintiendrons les blocages”, prévient Dumè Allegrini. Tous assurent être prêts à durcir le mouvement si aucune solution n’est trouvée.